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Soutenance de thèse de doctorat : Nécessité sociale ou stratégie de survie économique : Hannah Niedenführ interroge le système de confiage des enfants au Burkina Faso

Publié le vendredi 24 novembre 2023 à 09h00min

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Soutenance de thèse de doctorat : Nécessité sociale ou stratégie de survie économique : Hannah Niedenführ interroge le système de confiage des enfants au Burkina Faso

Intitulée « Aufwachsen fernab der Eltern : Anvertrauung in Burkina Faso zwischen Livelihood-strategie und internationalen Wissenssystemen », traduit littéralement, en français, par « Grandir loin de ses parents : le confiage au Burkina Faso entre stratégie livelihood et systèmes de connaissances internationaux », la recherche doctorale de Hannah Niedenführ, met en lumière le confiage comme une stratégie de survie, mais aussi comme un phénomène influencé par des forces internationales. Cette thèse qui a été défendue le 1er novembre 2023 à l’université d’Osnabrueck en Allemagne élargit la vision des réalités sociales au Burkina Faso et offre des pistes de réflexion sur la manière dont les pratiques locales s’entrelacent avec les dynamiques mondiales.

Le terme "confiage" fait référence à la pratique selon laquelle les enfants sont confiés par leurs parents biologiques à d’autres membres de la famille, à des voisins ou même à des personnes étrangères de la famille directe pour être élevés et y recevoir de l’éducation classique ou religieuse. Dans de nombreux cas, cela se produit en raison de défis économiques ou d’autres circonstances sociales qui influencent les choix parentaux.

« Grandir loin de ses parents : le confiage au Burkina Faso entre stratégie livelihood et systèmes de connaissances internationaux », à travers ce thème, cette étude doctorale jette un regard sur la pratique du confiage des enfants, qui grandissent hors du foyer de leurs parents biologiques. Sujet attrayant et socialement pertinent dans le contexte de l’éducation des enfants, cette étude offre aussi une perspective nuancée sur la vie des enfants qui grandissent loin de leurs parents dans ce contexte particulier.

La stratégie livelihood quant à elle, dans cette recherche met en lumière le lien étroit entre le confiage des enfants à d’autres membres de la communauté et la stratégie de subsistance des familles. Dans un contexte où l’accès aux ressources de base est souvent limité, le confiage devient une mesure pragmatique pour garantir aux enfants un accès à l’éducation, à la santé, et à d’autres opportunités qu’ils pourraient ne pas avoir dans leurs familles biologiques.

Entre confiage traditionnel et confiage religieux

Cette étude montre que le confiage est une norme sociale au Burkina Faso. Toutefois, le placement des enfants se divise en deux formes à savoir le placement traditionnel et le placement religieux. Le placement traditionnel où l’enfant grandit avec des proches-parents ou des connaissances de la famille ; et le placement religieux où il est confié à un maître coranique.

Dr Niedenführ explique dans sa recherche qu’il n’y a pas qu’une seule raison pour laquelle les parents choisissent l’un ou l’autre système de confiage. « Cette décision est plutôt multifactorielle, même si certaines raisons pèsent plus lourd que d’autres, compte tenu de la grande vulnérabilité de la société dans son ensemble et des stratégies de sécurité (de survie) qui y sont associées ».

Un des aspects novateurs de cette recherche réside dans l’exploration des influences des systèmes de connaissance internationaux sur cette pratique locale. Dr Niedenführ examine comment des facteurs extérieurs, tels que les programmes de développement international et les organisations non gouvernementales, peuvent façonner et influencer la manière dont le confiage est perçue et mise en œuvre au niveau communautaire. Cela pourrait indiquer une mondialisation croissante et l’influence de facteurs externes sur les pratiques locales. Les organisations internationales, les organisations non gouvernementales et les programmes de développement mondiaux pourraient jouer un rôle dans la conception et l’influence de ces pratiques.

Le Burkina Faso, un choix pertinent

La recherche doctorale menée par Dr Niedenführ a offert un éclairage essentiel sur cette pratique souvent méconnue, mais cruciale pour de nombreuses familles burkinabè. En tant que choix de cette étude, le Burkina Faso a offert un contexte particulier pour l’étude de ce phénomène. En effet, le pays est confronté actuellement à de multiples contraintes en matière de défis socioéconomique et d’insécurité qui affectent les conditions de vie de nombreuses familles. Le fait de confier ses enfants est souvent considéré comme une stratégie de survie pour s’assurer que les enfants aient accès à des ressources et des opportunités de base qui, autrement, pourraient leur échapper.

Dans le contexte socioculturel du Burkina Faso, la question de grandir loin de ses parents prend donc une dimension particulière, au carrefour des stratégies de subsistance et des influences des systèmes de connaissance internationaux. La recherche montre que cette pratique, souvent perçue comme une stratégie de survie, soulève des questions fondamentales sur la vie quotidienne des enfants et sur la préservation des liens familiaux.

Dans l’ensemble, cette étude fournit des aperçus importants sur les dynamiques complexes du confiage d’enfants au Burkina Faso. En reliant les stratégies de moyens d’existence et les systèmes de connaissances internationaux, ce travail contribue à une discussion plus large sur l’éducation des enfants, les pratiques sociales et leurs interactions avec les processus de développement global. Elle souligne l’importance de considérer cette pratique dans un contexte plus large de développement et de relations internationales.

À l’issue de la présentation de son travail, l’impétrante, Dr Hannah Niedenführ, a reçu la mention summa cum laude, qui signifie littéralement « avec les plus grands honneurs », et peut se traduire par la « mention très honorable ».

Jérôme William Bationo

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