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Burkina/Paix et cohésion sociale : La communication non violente enseignée aux épouses des militaires

Publié le jeudi 23 novembre 2023 à 21h26min

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Burkina/Paix et cohésion sociale : La communication non violente enseignée aux épouses des militaires

Dans un contexte de paix et de cohésion sociale fragilisé par la crise sécuritaire au Burkina Faso, adopter un langage empreint d’amour, de courtoisie et de considération à l’égard d’autrui est le chemin le plus sûr pour entretenir des relations de paix et de cohésion sociale. Sachant que cela ne saurait être une réalité sans une formation appropriée, la Coordination des associations des femmes des militaires et des veuves, a jugé indispensable d’outiller ses membres. Elle a organisé à cet effet, une conférence sur la Communication non violente (CNV). C’était le mercredi 22 novembre 2023, à Ouagadougou, dans l’enceinte du camp général Aboubacar Sangoulé Lamizana

« Le silence est souvent préférable à un mot ou une parole déplacée », fait savoir Téné Thérèse Hien, experte en Communication non violente (CNV). Au cours de ses échanges avec des femmes de militaires, Téné Hien s’est voulue pragmatique pour faire comprendre au mieux le sens et l’essence de cette science qu’est la CNV.

Dans cette dynamique, Téné Hien va au-delà d’une simple formation à dispenser, en posant les jalons d’un véritable cadre de partage d’expériences fondé sur des témoignages concrets. « Ce n’est pas à tout moment qu’il faut parler. Il est crucial que vous appreniez à connaître la psychologie de vos hommes », enseigne-t-elle.

Téné Hien souligne ainsi que les femmes doivent avoir le sens de l’observation, bien avant d’entreprendre toute sorte d’action. Une aptitude que l’apprentissage de la CNV peut bien conférer à tous ceux qui le souhaitent, dit-elle. Pour elle, la CNV permet la résolution pacifique des conflits et la communication respectueuse, aidant à prévenir les situations où la frustration et la douleur peuvent conduire à des comportements violents.

« La violence n’est que la conséquence d’une mauvaise communication », colonel-major Sié Rémi Kambou, directeur central de l’Action sociale et des blessés en opération des armées, lors de la cérémonie d’ouverture de la conférence

Savoir prendre en compte le besoin de l’autre

Pour mieux faire passer son message, Téné Hien fait appel à des illustrations. « Ton époux revient tout fatigué d’une mission, tu le rencontres en disant : “Ah on a exigé aux enfants de payer le reste de la scolarité aujourd’hui’’ ou bien “le sac de riz est presque fini’’ ».

Face à ces exemples qui retracent le vécu de la majorité, ces femmes ont éclaté de rire. Une réaction qui montre qu’elles se retrouvent pratiquement toutes dans ce que relate madame Hien.

Poursuivant, Téné Hien relève que l’époux de cette dame ne peut que mal répliquer au regard de son impatience et son manque de tact. Et cela ne peut qu’envenimer les choses tout en provocant des conflits. « Au finish, lorsqu’on voudra résoudre ce litige, on va se rendre compte que la femme n’a juste pas pris le soin d’identifier le besoin de son homme. Car dans le cas précis, ce dernier avait juste besoin de repos et de se changer les idées pour avoir dû faire face à tous les défis rencontrés sur le champ de bataille », a-t-elle fait remarquer.

« Je vous encourage à demeurer des femmes fortes pour qu’à travers vous, la paix puisse être rapidement de retour […] », Jonas Sawadogo, président de la délégation spéciale de l’arrondissement n°2 qui a aussi participé à la conférence

Téné Hien exhorte ainsi les femmes des militaires à savoir prendre soin de leur conjoint sans rien attendre en retour. « Pensez-vous qu’il est facile de faire l’expérience de la mort ? », s’adresse l’oratrice à son auditoire. Une question à laquelle répondront toutes par la négative.

L’importance de l’éducation des enfants

Aux jeunes mères, madame Hien les invite à une prise de conscience sur l’importance capitale de l’éducation de leur progéniture. « Pour la plupart, les enfants ont fait l’expérience de la violence, de la haine, de la peur. Surtout les enfants dont le père a passé l’arme à gauche. Parce qu’ils sont conscients de ce qui se passe », a-t-elle indiqué.

Ces enfants, si rien n’est fait, n’auront que deux alternatives, interpelle-t-elle : « soit, ils s’éternisent dans cette situation de peur et se renferment sur eux-mêmes pour ne plus en sortir. Soit ils se laissent habiter par l’esprit de vengeance ». La guide conférencière, soutient que ces dames devraient éduquer leurs enfants de sorte qu’ils deviennent des hommes et des femmes de paix. Ce qui serait tout d’abord bénéfique pour eux-mêmes.

« Ne cultiver pas la haine dans le cœur de vos enfants en dépit de toutes les adversités auxquelles vous pourriez faire face », conseille Téné Thérèse Hien, experte en CNV

« La mémoire de nos héros doit continuer à briller… »

Dans les couloirs silencieux de la douleur des veuves qui portent le fardeau de la disparition de leurs époux héroïques, Téné Hien tient un discours de réconfort. « Ne vous apitoyez pas sur votre sort. Mais organisez-vous en associations et battez-vous ! Vous avez le privilège d’être des femmes des héros de la nation. Vous êtes alors des “héroïnes’’. Partout où vous irez avec des projets bien muris, vous bénéficierez du soutien de bonnes volontés ».

Téné Hien va encore plus loin, en affirmant ceci : « La mémoire de nos héros doit continuer à briller comme une flamme. Et pour qu’une flamme brille incessamment, il faut l’entretenir. Refusez que leur sacrifice soit mis aux oubliettes ». Par ces dires, Téné Hien appelle les femmes des militaires à se joindre à elle pour transmettre un message de paix partout au Burkina Faso.

« Nous sortons très satisfaite de cette formation. Nous la rassurons de transmettre son message à nos consœurs qui sont absentes », Marthe Coulibaly, participante à la conférence sur la CNV

La satisfaction des participantes

Les participantes à la conférence ont profondément été touchées par les enseignements de madame Hien. C’est le cas par exemple de Marthe Coulibaly. « Nous traduisons notre reconnaissance à la formatrice pour les précieux conseils qu’elle nous a prodigués. Nous avons pu comprendre que la CNV est très importante pour la survie même de nos foyers. Et ces enseignements sont aussi vitaux pour nous. Car ils nous montrent comment faire pour être en paix avec nous-mêmes et dans notre foyer, mais aussi être en harmonie avec notre entourage », a-t-elle confié.

Le colonel-major Sié Rémi Kambou, directeur central de l’Action sociale et des blessés en opération des armées, a exprimé une profonde appréciation à l’égard de l’initiative visant à former les femmes des militaires à la communication non violente. C’était lors de la cérémonie d’ouverture qu’il a présidée. Reconnaissant l’importance cruciale de cette démarche dans le contexte actuel de crise sécuritaire au Burkina Faso, le colonel-major Kambou a souligné la pertinence de doter les membres des familles de militaires d’outils pratiques pour une communication empreinte d’empathie et de respect.

Dans ses déclarations, il a salué la Coordination des associations des femmes des militaires et des veuves pour avoir pris l’initiative de cette formation. Il a souligné que la CNV n’est pas seulement une compétence de communication, mais un moyen puissant de renforcer les relations familiales et de promouvoir la cohésion sociale au sein de la communauté militaire.

La remise du cadeau de la Coordination des associations des femmes des militaires et des veuves, à Téné Hien, en guise de reconnaissance

Selon la coordinatrice des associations des femmes des militaires et des veuves, Djeminatou Sanou/Kaboré, la formation sur la CNV est la bienvenue. « Parce que les femmes que nous sommes pour la plupart, réagissons souvent avant de penser. Nous avons appris avec madame Hien comment bien communiquer avec notre prochain sans l’offenser. Cela m’a réellement émue », explique-t-elle.

Téné Thérèse Hien ne s’est pas contentée de simples paroles réconfortantes. Elle suggère la mise en place d’initiatives concrètes visant à aider ces femmes à surmonter les défis pratiques auxquels elles sont confrontées. Elle leur a proposé de voir avec leurs époux pour l’organisation d’un camp vacances pour les enfants au cours duquel ceux-ci pourront être initiés à la CNV.

La conférence sur la CNV animée par madame Hien s’est avérée précieuse pour ces dames, apportant un éclairage sur la manière dont la paix intérieure peut être cultivée même dans les circonstances les plus difficiles. Les participantes ont quitté la salle avec une compréhension plus profonde de la puissance de la compassion et de la communication pour guider leur chemin vers la guérison et la résilience.

Hamed Nanéma
Lefaso.net

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