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Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

Publié le jeudi 23 novembre 2023 à 21h45min

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Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

L’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) a organisé le mercredi 22 novembre 2023, à son siège à Ouagadougou, un atelier d’information et de sensibilisation sur le projet Target Malaria au profit des journalistes et communicants. Objectif, leur donner la bonne information sur le projet, notamment la contribution du moustique génétiquement modifié dans la lutte contre le paludisme.

Depuis le début de l’épidémie de dengue, des rumeurs circulent accusant les moustiques relâchés dans le cadre du projet Target Malaria d’en être la cause. Des rumeurs alimentées par des vidéos et des images prises sur un site de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) à Bama. Il n’en est rien, ont tenu à rassurer les responsables du Centre national de recherche scientifique (CNRST) dont relève l’IRSS. Dr Moussa Guelbéogo, entomologiste médical a indiqué que c’est le moustique Aedes qui est responsable de la dengue. Le genre Aedes compte 950 espèces et au Burkina Faso, c’est l’espèce aegypti qui est responsable des cas rencontrés. Ils piquent principalement le matin et le soir entre 16h et 20h aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des maisons.

Le moustique responsable de la dengue est donc différent de celui qui transmet le paludisme qui est l’anophèle femelle.
C’est aussi ce qu’explique Dr Abdoulaye Diabaté, entomologiste médical, chercheur à l’IRSS. « Quand on regarde ces vidéos, on se rend compte que les gens ne savent pas réellement ce qu’est l’IRSS, puisqu’ils semblent dire que ce sont des structures étrangères qui sont venues pour faire ce travail. Il est extrêmement important de dire ici déjà que l’IRSS est une structure de recherche publique de l’État burkinabè. Les recherches que nous faisons, nous recevons le mandat du gouvernement pour le faire, ce qui veut dire que le gouvernement nous accompagne et sait ce qui se passe.

Les journalistes ne se sont pas faits prier pour assister à la rencontre

Deuxièmement, le moustique qui transmet le paludisme est complètement différent de celui qui transmet la dengue. Ce sont deux moustiques d’espèces complètement différentes. On n’a pas besoin d’être entomologiste médical pour faire la différence. En ce qui concerne les pathogènes responsables de ces deux maladies, l’un est le plasmodium, un parasite qui donne le paludisme et l’autre est un virus qui donne la dengue. En aucun cas, le moustique anophèle ne peut prendre le germe de la dengue, le développer et le transmettre à quelqu’un. Alors que Target Malaria n’a travaillé qu’avec l’anophèle. Donc en aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », a indiqué Dr Diabaté rappelant que la dengue ne date pas de maintenant et existe bien avant le projet Target Malaria. Il ajoute qu’en dehors de l’Afrique, des flambées de dengue sont enregistrées ailleurs dans le monde.

En savoir plus sur Target Malaria

Lancé en 2012 au Burkina Faso, le projet Target Malaria œuvre en Afrique (Mali, Ghana, Ouganda), en Europe et en Amérique du Nord avec pour but de co-développer et de partager des technologies génétiques qui permettront de modifier les moustiques et de réduire la transmission du paludisme. Dr Abdoulaye Diabaté a déclaré que pour vaincre le paludisme, on ne peut se focaliser sur les seules stratégies que sont la pulvérisation intra domiciliaire et la moustiquaire imprégnée à longue durée d’action. Il faut développer d’autres outils et c’est ce à quoi s’attelle le projet Target Malaria dont l’objectif est de réduire la population de moustiques vecteurs du paludisme afin d’arrêter la transmission de la maladie en utilisant la technologie d’impulsion génétique. Pour cela, l’équipe du projet travaille par étape.

La première phase du projet a consisté à mener des expériences sur une souche de moustiques mâles stériles sans impulsion génétique. Lorsque ces moustiques stériles s’accouplent avec des femelles, celles-ci pondent des œufs qui n’éclosent pas.
Après 7 ans de travaux en laboratoire, le projet a obtenu l’autorisation de l’Agence nationale de biosécurité pour un lâcher de moustiques mâles stériles dans le village de Bama dans les Hauts-Bassins.

Dr Abdoulaye Diabaté, entomologiste médical, directeur de recherche à l’IRSS

Ainsi le 1er juillet 2019, l’équipe de l’IRSS a procédé au lâcher à petite échelle dans ce village. C’est d’ailleurs le seul lâcher mené à ce jour par le projet. Environ 6400 moustiques mâles génétiquement modifiés et environ 8500 moustiques mâles non modifiés ont été libérés. L’objectif de ce lâcher était d’estimer la survie journalière des mâles lâchés, d’analyser leur participation aux essaims, ainsi que leur vol de dispersion. S’en sont suivis sept mois de surveillance pour vérifier la disparition du moustique modifié dans l’environnement et les résultats ont été communiqués à l’Agence nationale de biosécurité, qui a donné l’autorisation d’aller à la seconde phase qui est le « mâle biaisé sans impulsion génétique ».

Des explications de Dr Diabaté, il s’agit de modifier l’anophèle mâle, de sorte qu’après l’accouplement avec la femelle, celle-ci ne produisent majoritairement qu’une progéniture mâle qui ne transmet pas le paludisme. Il souligne que la recherche n’en est qu’à ses débuts et devrait durer encore quelques années. À terme, Target Malaria espère développer des moustiques porteurs d’un élément d’impulsion génétique qui biaisera l’héritage d’un caractère qui entraînerait une diminution de la transmission du paludisme par les moustiques.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 23 novembre 2023 à 13:07, par jan jan En réponse à : Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

    Hum, tout ce gros français ne me convainc pas du tout. Par quelle route le moustique de la Dengue est venu dans notre BF ??

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  • Le 23 novembre 2023 à 14:52, par Jacques En réponse à : Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

    Ce projet de Target Malaria de recherche est coûteux et inutile pour un pays aussi pauvre que le Burkina. On accepte n’importe quel projet à cause de l’argent sans étudier toutes les conséquences dangereuses sur la biodiversité de l’environnement, les risques sanitaires et autres. LA SEULE SOLUTION EST D’ASSAINIR SON CADRE DE VIE pour réduire la population de moustiques. Et, l’autre voie prometteuse est celle de la vaccination. Avons nous réfléchi à combien de milliards coûteraient s’il fallait faire des lâchers de moustiques GM dans les 8000 villages de ce pays ? Quelques expériences ont eu lieu dans le passé à travers le monde mais sans résultat palpable ! Évitons d’être les cobayes des occidentaux ! Ce projet est à abandonner et redéployer ces chercheurs vers des recherches plus prioritaires pour le peuple burkinabè. Ce projet ne respecte même pas la déontologie et ces propres engagements d’informer toutes les parties prenantes y compris les opposants !

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  • Le 23 novembre 2023 à 18:27, par ozil En réponse à : Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

    On tente de comprendre les explications mais il y’a ca même un doute. Est-ce que les moustiques lâchées n’ont pas mutées vers celles qui causent la dingue ? qui pourra le contredire ? Il faudra certainement des études plus poussées pour disculper complètement le projet Malaria et l’IRSS

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  • Le 23 novembre 2023 à 21:28, par LE FORGERON En réponse à : Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

    Bonjour,

    Sans avoir des connaissances en génétique, nous voudrions vous poser la question suivante : Avez -vous fait un test sur la piqure de ces moustiques génétiquement modifiés sur un échantillon de combien de personnes et sur combien de temps pour connaitre les effets secondaires de ces piqures ? Si oui clarifiez nous cela et publiez les résultats de ces tests pour que nous puissions vérifier. Si non, il faut le faire avant de lâcher les moustiques génétiquement modifiés car si vous modifiez la nature il faut du temps pour connaitre les conséquences et vous le savez, ou bien ? Exemple le vaccin de Covid 19 à base de l’ARN messager a créé des polémiques aux Etats Unis de nos jours car les effets secondaires ne sont pas maitrisés. Il faut faire très attention avec la génétique car nous avons vu l’histoire du coton génétiquement modifié au Burkina ici, ou bien ? Sans la vigilance de certaines personnes on allait plus cultiver le coton naturel par manque de semences. Le coton génétiquement modifié n’avait pas de graines réutilisables. Qu’est ce qui prouve que le gène du moustique (du paludisme) génétiquement modifié ne transmet pas le virus de la dengue ? il faut beaucoup de temps pour le savoir souvent (10 à 20 ans car la modification génétique peut être itérative et changeante avec le temps) ou bien ? La population vous accuse parce que cette épidémie de dengue n’était pas encore remarquée avant la libération de ces moustiques génétiquement modifiés ou bien ?
    Arrêtez immédiatement votre projet Target malaria et capturez tous vos moustiques génétiquement modifiés libérés sur tout le territoire national si c’est possible et on verra le résultat l’année prochaine.
    Nous profitons dire à nos chercheurs d’éviter les financements de recherche par l’impérialisme et ses valets locaux car il y a toujours un piège derrière ces financements. On peut utiliser votre population pour des cobayes sans leur donner la vraie information.

    Pas de modification génétique s’il vous plait car les conséquences ne sont pas maitrisées souvent.
    Nous demandons au gouvernement de surveiller tous ces Laboratoires de recherche, publiques et privés financés souvent par l’impérialisme et ses valets locaux pour leurs propres intérêts au détriment de nos populations servant souvent de cobaye.

    La Patrie ou la Mort, Nous Vaincrons !!!!!!

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  • Le 23 novembre 2023 à 22:30, par Marco En réponse à : Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

    ce que je retiens est que le gouvernement doit surveiller cet autre front des labos par lesquels on peut nous détruire. Ces chercheurs se défendent sans convaincre. La dengue a fait trop de morts et l’Etat doit se donner les moyens de comprendre.

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  • Le 24 novembre 2023 à 09:36, par Nobila Ouédraogo En réponse à : Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

    je me demande si ce n’est pas le contraire qui s’est produit. les moustiques lâchés sont apparemment plus virulents que nos moustiques d’en temps .

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  • Le 24 novembre 2023 à 11:40, par Deafnot En réponse à : Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

    Je ne suis pas du tout convaincu sur ce projet et les explications données. Les moustiques de Targuet ont-ils été modifiés au Burkina ? Maitrrise t-on le comportement de ces moustiques dans un environnement naturel ? La dengue a effectivement bien existé au Burkina avant l’arrivée de vos monstres mais on retient que c’est après la lachée de ceux-ci qu’on connait une flambée de la dengue. Vous ne pouvez pas nous empecher de suspecter ces monstres. L’Agence de biosécurité a t-elle les outils pour vérifier et contrôler effectivement toute la démarche et le protocole ? n’est ce pas de la paperasse que vous venez leur remettre et sur ca ils se basent pour donner leur autorisation ? Vite que le gouvernement arrête cette affaire de Targuet là. il y a beaucoup de doutes sur ca.

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  • Le 24 novembre 2023 à 14:33, par Passakziri En réponse à : Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

    Je comprends ceux qui pensent malgré les explications scientifiques que les moustiques de Target ne peuvent pas être à l#origine de la situation de dengue de jeter un coup d’oeil hors du Burkina. Savez-vous que l’Italie aussi connait l#irruption de la fièvre Dengue, bien que n’átant plus un pays du paludisme ?
    Les causes de la situation dramatique dans notre pays sont :
    1)-d’abord notre manque d’hygiéne ( regardez autour de Ouaga, est-ce suprenant , avec cette saleté que la région du centre soit l’épicentre de la fièvre Dengue quand on connait le rôle des moustiques(tigres) dans la transmission de la maladie , c’est à dire, sans moustique tigre, pas de Dengue, tout comme il n’y a pas de paludisme sans l’anophèle ?
    2)- l’état vetuste de nos hôpitaux non adaptés à prendre en charge efficacement les cas grave qui nécessitent des soins intensifs de haut niveau, vu qu’il n’existe pas de MEDICAMENT contre la dengue tout comme il n’en n’existe pas contre beaucoup d’autres virus.
    Mais c’est difficile de faire comprendre à beaucoup que l’anophèle et le moustique tigre ne sont pas concurrents et que même si c’était le cas , vu l’état de saleté de nos ville, ils n’ont pas besoin de se faire la bagarre pour que chacun trouve son compte. L’un collabore avec un parasite et l’autre avec un virus, ils aiment le sang dans un pays où on est habitué á dormir hors moustiquaires et à ne pas protéger le corps convenablement .
    Quant à la pertinence de Target, seuls les scientifiques et les commissions d’éthique peuvent repondre objectivement .
    Maintenat quelles solutions :

    À nos médecins, je ne cesse de dire de tout faire pour rendre les vaccins disponibles , car il en existe deux sur le marché. Le temps d’optenir un répit avant de s’adonner à des mesure d’érradication définitive c’est á dire à l’élimination du vecteur qui ne saura passer sans la discipline, un assainissement adéquat, intélligent et adapté. Venir pulveriser quelques caniveaux de Ouaga n’est pas une vraie solution avec toutes ces flaques d’eau et ces ordures dans nos quartiers.
    Quant à l’équipement des hôpitaux, faut-il vraiment le repeter ? et à quoi servent des hôpitaux équipés si la majorité ne peux pas assurer les frais nécéssaires aux traitements dans un système sanitaire des plus injustes et capitalistes au monde ou ta situation financière peut litérallement décider de ta survie ou pas ?

    Passakziri

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  • Le 25 novembre 2023 à 18:01, par Nyfou En réponse à : Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », Dr Diabaté entomologiste médical et directeur de recherche à l’IRSS

    Je ne suis pas scientifique ni rien..mais a écouté les chercheurs qui fo t cette recherche...je les encourage. Pour moi,s’ils sont burkinabè.. c’est déjà un grand pas pour le Faso de savoir que nos hommes s’intéressent à des recherches pour avoir plus de compétences et pourquoi pas un jour avoir des chercheurs compétents dans plusieurs domaines. Pour moi, faisons peut un tout petit a nos gars et attendons de voir... c’était juste ma contribution

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