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Lutte anti-tabac : Le Burkina dans une bonne posture, ACONTA exhorte à la solidarité gouvernementale autour du ministère de la Santé

Publié le mardi 7 novembre 2023 à 22h33min

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Lutte anti-tabac : Le Burkina dans une bonne posture, ACONTA exhorte à la solidarité gouvernementale autour du ministère de la Santé

Afrique contre le tabac (ACONTA) a, en collaboration avec ses partenaires, ce mardi 7 novembre 2023 à Ouagadougou, lancé le rapport 2023 sur l’indice d’ingérence de l’industrie du tabac au Burkina Faso. Il ressort que le Burkina a amélioré sa position en matière de lutte contre le phénomène du tabac, par rapport aux rapports de 2021 et de 2022. En dépit de ce progrès, ACONTA lance un appel à une solidarité gouvernementale pour soutenir le ministère de la Santé et de l’hygiène publique, au regard de certains nouveaux défis.

Le tabagisme reste l’une des plus grandes menaces pour la santé publique et la lutte anti-tabac demeure une priorité mondiale en matière de santé, situe le chargé de communication et de plaidoyer de ACONTA, par ailleurs coordonnateur par intérim, Adama Zango. Il rappelle que dans le IXe rapport 2023 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’épidémie mondiale de tabagisme, la consommation de tabac est à l’origine de plus de huit millions de décès par an.

Au Burkina, ce sont 4 700 personnes qui meurent chaque année du fait des maladies liées au tabac, soit 2% de tous les décès du pays ; de même, le gouvernement dépense 57 000 000 000 FCFA par an pour faire face aux conséquences sanitaires et socio-économiques dévastatrices de la consommation du tabac, poursuit M. Zango.

Le coordonnateur par intérim de ACONTA, Adama Zango, avec en arrière-plan, Valentine Zoungrana du Réseau des journalistes anti-tabac au Burkina Faso (REJAT-BF), partenaire de lutte.

« Il est publié chaque année, sur impulsion de Southeast Asia Tobacco Control Alliance (SEATCA), un rapport sur l’état des lieux des efforts des pays en matière de lutte antitabac. Et cette année également, ACONTA, organisation de la société civile, qui s’est investie dans cette lutte depuis plusieurs années, a, avec des partenaires, et au nom du Burkina, participé à l’élaboration du rapport 2023. En effet, Southeast Asia Tobacco Control Alliance (SEATCA), Organisation non-gouvernementale, a élaboré un guide composé de 20 questions reparties en sept catégories ou indicateurs qui permettent d’évaluer la façon dont les gouvernements répondent aux tactiques de l’industrie du tabac en utilisant les directives de l’article 5.3 de la Convention cadre de L’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). En effet, Les sept indicateurs sont utilisés par l’indice pour mesurer le degré d’ingérence de l’industrie du tabac. Il s’agit de la participation de l’industrie du tabac à l’élaboration des politiques ; des initiatives de l’industrie du tabac en matière de responsabilité sociale des entreprises ; des avantages accordés à l’industrie du tabac ; des interactions inutiles avec l’industrie du tabac ; de la transparence dans les relations avec l’industrie du tabac ; des conflits d’intérêts de l’industrie du tabac ; des mesures préventives prises par les gouvernements pour protéger leurs politiques de santé publique de l’ingérence de l’industrie du tabac. Afrique contre le tabac (ACONTA) a, en collaboration avec l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ACTA) et le Centre mondial pour la bonne gouvernance dans le contrôle du tabac (GGTC), participé au nom du Burkina Faso, et aux côtés de 17 autres pays, à l’élaboration du rapport sur l’indice d’ingérence de l’industrie du tabac en Afrique, édition 2023. Autrement dit, le Burkina Faso fait partie des 18 pays africains qui mènent des recherches sur des cas d’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique. Ces recherches ont abouti également à l’élaboration d’un rapport-pays », explique le coordonnateur par intérim de ACONTA, Adama Zongo.

Un exemplaire du rapport a été remis à chaque autorité et personne-ressource (acteurs de lutte) présentes.

Il a rappelé que le Burkina participe pour la 3e fois (édition 2021, 2022 et 2023) à l’élaboration de ce rapport ; le pays ayant totalisé un score de 57/100 dans le rapport de 2021, le classant 10e sur 14 pays africains. « Ce score est élevé, comparativement à celui de 2022 qui était de 48/100. Selon le classement de l’index, plus le score est faible plus le niveau global d’ingérence est faible ; ce qui est de bon augure pour le pays. Ainsi, de 2021 à 2022, le score du Burkina Faso est passé de 57 points à 48 points. Cette régression de 9 points démontre une diminution du niveau d’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique sur la période concernée. Dans la présente édition 2O23, le score de 42 points obtenu par le Burkina Faso traduit une faible ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique par rapport aux scores des éditions précédentes qui sont respectivement de 57 et 48 points », détaille M. Zango.

La nécessité de cerner les nouveaux défis !

Selon le premier responsable de l’organisation, ce score permet d’affirmer, malgré l’inexistence de preuves sur certaines formes d’ingérences et une législation anti-tabac à parfaire, que le gouvernement du Burkina se démarque des activités de l’industrie du tabac.

Adama Zango, remettant symboliquement le rapport au chargé de mission du ministre en charge de la santé, Dr Narcisse Naré (à droite).

« Le gouvernement évite désormais de collaborer, soutenir et d’accepter le soutien de cette industrie », se félicite Adama Zango, plaidant donc pour que le gouvernement prenne en compte les recommandations contenues dans le rapport, afin de relever les défis actuels en matière de lutte anti-tabac au Burkina.

Ces recommandations prônent l’annulation de l’arrêté conjoint portant institution d’un système d’authentification, de suivi, de traçabilité et de vérification fiscale des produits du tabac fabriqués ou importés au Burkina basés sur les normes Codentify (le système de suivi et de traçabilité des produits du tabac doit être entièrement contrôlé par l’Etat à l’image de ce qui est fait au Kenya) ; l’adoption de l’intégralité du contenu des projets de décret portant prévention de l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique et l’emballage neutre des produits du tabac ; l’adoption du projet de décret réorganisant et améliorant le fonctionnement du Comité national de lutte contre le tabac (CNLT) au Burkina ; la finalisation et la mise en œuvre du programme national de lutte contre le tabac ; la création d’un fonds pour financer les activités de lutte contre le tabac, conformément à l’article 32 de la loi 040-2010 AN du 25 novembre 2010 portant lutte contre le tabac au Burkina.

De gauche vers la droite : Adama Zango, Dr Narcisse Naré et Pamoussa Tassembédo du ministère en charge du commerce.

ACONTA attire en outre l’attention des décideurs politiques et administratifs sur la violation flagrante par l’industrie du tabac de la loi portant réglementation de la publicité au Burkina. Cette loi indique que la publicité du tabac et des produits du tabac ne doit pas être visible de l’extérieur. « Ce qui n’est pas le cas. On constate des parasols dans les points de vente de tabac et qui font la publicité du tabac et des produits du tabac pour recruter de nouveaux fumeurs, pourtant selon l’enquête step 2021, le taux de prévalence est de 13,6%. En 2013, ce taux était de 19, 8%, soit une baisse significative de plus de 6 points. Donc, des actions doivent être menées pour réduire la consommation de tabac et, partant, réduire continuellement le taux de prévalence », rappelle le chargé de communication et de plaidoyer de ACONTA.

L’association demande par ailleurs la révision de la loi 040-2010 AN du 25 novembre 2010 portant lutte contre le tabac au Burkina, pour être en phase avec la CCLAT et les réalités de la lutte anti-tabac et surtout contrer les manœuvres et les tactiques de l’industrie visant à saper les efforts du gouvernement en matière de lutte anti-tabac. Cela, pour aussi mieux prendre en compte les produits nouveaux et émergents, à savoir les produits du tabac chauffés à base de nicotine et sans nicotine, y compris la chicha.

ACONTA, tout en félicitant ses partenaires, notamment les ministères en charge de la santé et du commerce ainsi que les personnes-ressources, appelle à une solidarité gouvernementale pour soutenir le ministère de la Santé et de l’hygiène publique qui porte le leadership de la lutte anti-tabac au Burkina.

Pour l’occasion, Dr Narcisse Naré, médecin de santé publique, chargé de mission du ministre en charge de la santé, ancien point focal pour la lutte anti-tabac, qui a présidé le lancement du rapport 2023, a salué les efforts déployés par ACONTA dans la lutte contre le phénomène du tabac.

Il en est de même du représentant du ministère du Développement industriel, du commerce, de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises, Pamoussa Tassembédo, qui est, lui, revenu aussi sur les efforts consentis par le département et les acquis engrangés ces dernières années en matière de lutte anti-tabac au Burkina.

O.L
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 novembre 2023 à 11:06, par kwiliga En réponse à : Lutte anti-tabac : Le Burkina dans une bonne posture, ACONTA exhorte à la solidarité gouvernementale autour du ministère de la Santé

    "le gouvernement dépense 57 000 000 000 FCFA par an pour faire face aux conséquences sanitaires et socio-économiques dévastatrices de la consommation du tabac" Ah bon ? Mais vous le sortez d’où ce chiffre ?
    Le budget total de la santé étant de 442 milliards, cela signifierait que 13% en serait consacré aux maladies causées par le tabac ?
    Vous êtes sûrs ?
    "violation flagrante par l’industrie du tabac de la loi portant réglementation de la publicité au Burkina"
    Et c’est ça qui vous inquiète le plus ?
    Les mineurs qui vendent des cigarettes... pas grave.
    Les mineurs, parfois de moins de 14 ans qui fument... pas important.
    La vente de cigarettes au détail... un détail.
    Les cigarettes de contrebande, que l’on trouve partout... on s’en fout.
    Les cigarettes d’importation qui n’ont pas subi la taxe de soutien à l’effort de soutien patriotique, contrairement à celles produites localement... peu importe.
    En fait je soupçonne ACONTA de se préoccuper des mêmes problèmes que les "blancs", car ils sont financés par les "blancs" et de faire fi des vrais problèmes de notre pays, relatifs au tabagisme.

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    • Le 9 novembre 2023 à 12:09, par Ouédraogo En réponse à : Lutte anti-tabac : Le Burkina dans une bonne posture, ACONTA exhorte à la solidarité gouvernementale autour du ministère de la Santé

      kwiliga , ce qui inquiète, c’est lorsque des gens comme vous ne se renseignent avant de réagir aux publications. Cette association a beaucoup de rapports et d’interpellations sur la vente des cigarettes dans les alentours des écoles, la drogue dans les établissements par la cigarette, elle s’est même battue en 2017 pour l’adoption de la loi qui consacre la hausse des taxes sur le tabac. Il y en a plein, prenez le temps de fouiller avant de pondre ce genre de trucs. En plus, vous parlez de chiffre, n’est-ce pas le ministère de la santé à travers le chargé de mission du ministre même qui a présidé la cérémonie de lancement ? Pensez-vous que si c’était de n’importe les institutions du pays (il y avait aussi le ministère du commerce) allaient se joindre à cette organisation ? Vous aimez combattre sans rien proposer et c’est dommage. D’ailleurs, les volets que vous avez faussement soulevés, qui vous empêche de le faire ?

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