An 9 de l’insurrection populaire : Que sont devenus les acquis ? S’interroge le Balai citoyen
Ceci est une déclaration du Balai citoyen à l’occasion de la commémoration du 9e anniversaire de l’insurrection populaire de 2014.
9 ans se sont écoulés entre les 30 et 31 octobre 2014 et aujourd’hui 31 octobre 2023. En ce jour de mémoire, de gloire et de sacrifices pour sauver la patrie, nous nous rappelons encore des 33 Martyrs, des plus de 300 blessés de l’insurrection populaire et de tous ceux qui au prix du sacrifice ultime ont mis la patrie au devant de tout face à la forfaiture et la volonté de régner à vie d’un homme qui se croyait plus fort que son peuple.
La volonté de notre peuple, une fois de plus, s’est faite. Il s’est mis debout pour barrer la route à la forfaiture. Face à l’indignité, notre peuple a arraché sa liberté et l’a jalousement conservé pour lui-même et les générations à venir. Hommage aux hommes qui ont payé le prix fort et dont la mémoire ne sera jamais oubliée et sera toujours célébrée.
L’insurrection populaire faut-il le rappeler fut, reste et restera gravée dans notre histoire comme un tournant historique majeur. Un processus qui célèbre la victoire des patriotes, des hommes et femmes dignes, debout contre l’absolutisme, contre toutes formes de diktat, contre la mauvaise gouvernance, contre la tyrannie, contre le pouvoir à vie, la patrimonialisation du pouvoir, contre la remise en cause des libertés, contre la pensée unique et la dictature des " hommes prétendument forts du moment ", qui se croient tout permis pour que naisse et soit renforcé un état de droit démocratique réel. Un état de droit dans lequel les BURKINABÈ dans toutes les composantes de la société, ont droit de parole et de bonheur partout où ils sont. Rendre hommage à ceux qui sont tombés pour ces nobles causes, est un devoir non seulement de mémoire mais surtout de rappel de notre devoir à tous dans la suite à donner à leurs sacrifices.
Il est notable que l’insurrection populaire a permis à notre peuple de faire montre de son courage et de sa capacité à dompter un homme fort, elle a ouvert les perspectives vers un traitement nouveau et le jugement de dossiers emblématiques ( dossier Sankara, dossier Norbert Zongo, dossier Dabo Boukari... ), un ensemble de lois permettant de fonder la bonne gouvernance, l’élargissement des libertés fondamentales, etc...
Toutefois, force est de constater que malheureusement 9 ans après beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les acquis de l’insurrection populaire ont commencé à être remis en cause, à voler en éclat. Au fil du temps, ce qui constituait des acquis même dans la conscience populaire, a commencé à être suspendu sous l’autel des arrangements politiques morbides et malhonnêtes et plus tard au nom de la lutte contre l’insécurité. C’est d’abord le pouvoir du MPP, lui-même issu des évènements de l’insurrection populaire qui a été un des premiers responsables à balayer du revers de la main, cette victoire historique et le sacrifice des martyrs et de notre peuple. La gouvernance par accident, la remise en cause des libertés individuelles et collectives, la corruption, le pillage des deniers publics, l’irresponsabilité au sommet de l’État face aux enjeux du moment et la conservation des acquis d’hier, ont fini par produire les effets dévastateurs sur les idéaux de l’insurrection populaire, boussole de notre histoire, pour nous conduire dans les incertitudes qui ont découlé sur des décisions liberticides, des reculs démocratiques qui pourtant ont été combattus hier au prix du sacrifice ultime : la Vie.
L’histoire et la suite nous la connaissons, les instabilités politiques, les crises sécuritaires, humanitaires, crises de l’espoir ont donné lieu à tous les aventuriers politiques et tous les excès, l’arbitraire, l’injustice, les crises sociales et bien évidement un sentiment de regret chez nombre de nos concitoyens fiers hier d’avoir écrit une heure de gloire.
Aujourd’hui encore du MSPR 1 au MPSR 2, ces valeurs défendues hier par les martyrs sont malmenées par des régimes de type fasciste qui se succèdent au nom de la lutte contre l’insécurité. Aujourd’hui encore, faisant fi du sacrifice des martyrs, on enlève des personnes sans que les autorités ne s’inquiètent, sans que la justice ne dise mot, on prive de liberté, on dénie aux citoyens et citoyennes de tous bords leurs droits à la parole publique, on assassine petit à petit le pluralisme des idées qui faisait la grandeur de notre peuple, on brocarde les libertés de presse, d’expression, on détruit les droits élémentaires et on remet en cause les droits humains. L’on constate des reculs démocratiques qui hier faisaient notre fierté et les acquis de hautes luttes sont battus en brèche.
Commémorer l’insurrection populaire dans un tel contexte, c’est également redoubler de convictions, de patriotisme, pour que ce qui a été le combat des martyrs ne soient pas absous dans les aventures politiques et les slogans creux. Surtout pas ceux qui chantent la souveraineté, la liberté et qui écrase les libertés individuelles et collectives sous leurs yeux et pieds.
Commémorer l’insurrection populaire c’est un devoir de rapprochement et de remobilisation avec tous les BURKINABÈ honnêtes et sincères, des patriotes sincères attachées aux valeurs et aux grands combats de dignité qui font la fierté de ce peuple et sa destinée glorieuse.
Commémorer l’insurrection populaire enfin c’est se tenir debout pour démasquer toutes formes d’imposture et se liguer contre elles pour éviter que l’insurrection populaire n’ait eu lieu pour rien et que le sacrifice ultime des martyrs ne soit un vain sacrifice.
En ce jour anniversaire de ce jour de gloire, le mouvement le balai citoyen salue la mémoire des hommes et femmes qui debout ont sauvé la patrie, mais invite également tous les patriotes sincères, à rester mobilisés pour :
– Réclamer la justice pour les martyrs de l’insurrection populaire.
– Réclamer que les valeurs et les combats qui ont été ceux des martyrs hier ne soient pas piétinés au prétexte de la lutte contre l’insécurité populaire.
– Défendre toutes parcelles de libertés individuelles et collectives inscrites dans la constitution.
Cela passe par une remobilisation des masses populaires soucieuses du devenir de notre pays et foncièrement attachées à sa marche glorieuse vers l’horizon du bonheur, contre la forfaiture, contre l’arbitraire, contre les injustices.
Bonne commémoration de l’an 9 de l’insurrection populaire à tout le peuple BURKINABÈ. Il nous appartient de faire de l’insurrection populaire, une boussole pour notre avenir à tous, une référence en matière de sacrifice mais aussi en matière de combats pour plus d’acquis.
Malheur à tous ceux qui trahiront le combat des martyrs et cette victoire historique de notre peuple.
Notre nombre est notre force
Ensemble on n’est jamais seul
La patrie ou la mort, nous vaincrons.
La coordination nationale.