Ouagadougou : Un exercice de simulation d’attaque terroriste pour tester des dispositifs
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Victime du terrorisme depuis 2015, l’armée burkinabè adapte son dispositif face aux différentes menaces. Le samedi 16 septembre 2023, un exercice de simulation d’attaque terroriste complexe a été mené à Ouagadougou pour évaluer les moyens à mettre en œuvre dans le cadre de la lutte.
Trois personnes dans un véhicule font leur entrée au Mess des officiers aux environs de 9 heures. Elles abattent le vigile qui est posté au portail. Ces coups de feu viennent de donner le top de départ de l’exercice de simulation d’attaque terroriste annoncé dans les communiqués de la mairie et du ministère de la Sécurité.
Les assaillants prennent en otage les officiers et les autres personnes présentes au mess en ce moment. Ils sont neuf au total. L’alerte est donnée aussitôt et les unités d’intervention se dépêchent sur les lieux. La zone est quadrillée, les équipes d’intervention font leur entrée pour l’opération de libération.
Pendant ce temps, des sapeurs-pompiers installent leur quartier général pour le secours. Deux tentes sont dressées pour la circonstance alors que des balles crépitent de l’autre côté.
Au bout d’une trentaine de minutes après l’intervention des forces de sécurité, on assiste à la sortie des otages. L’un d’eux est blessé, donc il est porté au dos. Cinq minutes plus tard, l’opération est terminée.
Des journalistes postés aux alentours dès les premiers coups de feu s’approchent des militaires pour recueillir des informations, mais peine perdue. L’heure n’est pas encore au bilan et rien ne peut filtrer à ce stade. Ils se déportent au quartier général des sapeurs-pompiers, mais c’est la même scène. Le chef qui doit venir donner les informations ne s’est pas pointé.
Le bilan
Une heure plus tard, une équipe de la cellule de communication de crise se présente aux journalistes pour la conférence de presse. Le premier bilan au niveau du Mess des sous-officiers fait état de quatre morts, notamment les trois terroristes et le vigile.
Au même moment où l’incident sécuritaire avait lieu, un autre se déroulait au rond-point des martyrs de Ouagadougou. Grâce aux caméras du projet Smaart Burkina, les éléments de sécurité ont aperçu deux véhicules qui ont ouvert le feu sur un véhicule diplomatique. Les assaillants ont également laissé des tracts où ils menacent de s’en prendre aux familles des Occidentaux dans la ville de Ouagadougou.
Les deux véhicules ont pris la fuite par deux directions différentes, mais ils seront rattrapés grâce aux caméras de surveillance. Au niveau du rond-point du monument des martyrs, six victimes ont été enregistrées dont deux blessés très graves et des blessés légers. Et les terroristes ont été localisés et neutralisés.
Le colonel Diabry, commandant de la cellule de crise, a donné des consignes après avoir dressé le bilan : « C’est le lieu de rassurer la population que nos équipes d’intervention sont en action sur le terrain et que tout est en train de rentrer dans l’ordre. Nous invitons la population à prendre en compte les consignes à adopter en cas d’attaque terroriste. Évitez les déplacements inutiles. Ceux qui peuvent, restez chez vous. Respectez les protocoles et les consignes de sécurité qui sont donnés par les FDS, notamment les cordons et les périmètres de sécurité. Toujours utiliser les numéros verts pour les cas de ce genre, 10-10, 17 et 16 ».
Tester la capacité pour une situation réelle
Selon le ministre délégué chargé de la Sécurité, Mahamadou Sana, tout ce qui s’est déroulé s’inscrit dans le cadre d’un exercice sur la riposte terroriste dans la ville Ouagadougou. « Nous avons voulu tenir un exercice d’attaque complexe dans la ville de Ouagadougou. Il était bon de faire un exercice pour voir quelles sont nos capacités, et comment anticiper une éventuelle attaque dans la ville de Ouagadougou. Également, tester la capacité pour qu’en cas de situation réelle, les unités puissent se déployer de façon efficace et efficiente », a-t-il expliqué.
Cet exercice a permis d’« évaluer le schéma de gestion communicationnelle de crise. Les mesures prises, l’organisation, les questions de communication, les questions de coordination », a ajouté le ministre délégué. Il a été réalisé avec le concours de la gendarmerie, de la police et des sapeurs-pompiers.
A la suite de la rencontre avec les journalistes, le ministre Mahamadou Sana, en compagnie du chef d’état-major de la gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Evrad Somda, a visité le quartier général des sapeurs-pompiers et le Mess des officiers pour s’enquérir des nouvelles et encourager les hommes.
Cryspin Laoundiki
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