Il était un peu plus de 11h lorsque le Dima de Rissiam, Naaba Koanga, est sorti de son palais. Il jeta un regard vers les convives présents depuis 8h. Sa démarche est majestueuse et le vent qui gonfle son boubou le rend encore plus imposant. Le roi arrive enfin à son siège et s’installe en face de ses invités. Le brouhaha de la foule fait place à un grand silence.

Toutes les délégations à terre devant le roi de Rissiam.

Quelques instants après, il souffle quelques mots à l’oreille de son griot. Aussitôt, celui-ci se redresse. Après un signe que seuls les initiés comprennent, la délégation du chef de Boussouma / Sabcé, en file indienne, avance. Rien n’est fait au hasard. Les pas sont ordonnés et maîtrisés par la dizaine de personnes qui compose cette délégation. Parvenus au niveau du Dima de Rissiam, ils se jettent tous à terre. Ils adressent quelques mots au roi.

Après les envoyés du chef de Boussouma / Sabcé, voilà ceux du Mogho Naaba Baongo avancer. Même processus. Après quelques pas, les voici devant Naaba Koanga de Rissiam. Ils se mettent à terre, transmettent leur message et remettent un présent au roi. C’est ensuite le tour des « Nakomssé », les princes des villages environnants, d’avancer pour leur message. Le soleil est au zénith. Ses rayons brûlants font transpirer les différentes délégations.

Les envoyés du chef de Sabcé attendant la sortie du roi de son palais

Après ce premier cérémonial, Naaba Koanga se lève de sa place et se retranche dans son palais. Il en ressort quelques instants après, vêtu d’un autre boubou éclatant et coiffé d’un bonnet rouge vif. « C’est le présent qu’il a reçu de son frère, le Mogho Naaba Baongo. C’est un accoutrement de guerre », explique l’un des hommes présents à la cérémonie. Le roi reprend sa place. Les différentes communautés (musulmane, chrétienne, etc.,) avancent à leur tour pour saluer le roi. C’est fini, le roi se retire dans son palais. Ainsi prend fin la cérémonie coutumière de Naaba Koanga, Dima de Rissiam, au palais de Zantkoom.

Le Naaba Koanga de Rissiam après la cérémonie coutumière.

Pour le Kassiri Naaba, l’un des ministres du Mogho Naaba Baongo et chef de la délégation de l’empereur des Mossé, cette cérémonie symbolise l’installation du Rissiam. « Un signe que le Mogho Naaba le reconnaît comme de roi de Rissiam. Parce que le Rissiam est le petit-frère du Mogho Naaba Baongo », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Nous l’avons intronisé en lui envoyant ses effets composés du Nakouré, du boubou, du tarbogdo et du bonnet. C’est un signe de reconnaissance de la famille du Mogho ».

 Le Naaba Kassiri a conduit la délégation du Mogho Naba Baongo.

Il fait aussi savoir que cette tradition n’a pas commencé par eux et ne se terminera par eux. Le royaume de Rissiam a été créé par le 9e Mogho Naaba, du nom de Naaba Kouda. Cette cérémonie coutumière de reconnaissance se perpétue depuis lors. « Nos arrières grands parents ont procédé ainsi », a-t-il rappelé. Au nom du Mogho Naaba, nous lui avons dit de ne pas laisser la tradition s’effriter. Car c’est la valeur de nos aïeux. C’est une coutume qu’il faut respecter parce que c’est elle qui va nous nourrir, a terminé l’émissaire.

La communauté musulmane faisant un « doua » pour le roi.

Si l’intronisation du roi de Rissiam est intervenue plusieurs années après sa nomination, c’est parce qu’il y a eu un temps d’observation du nouveau roi. Le Kassiri Naaba a expliqué que ce temps a permis d’observer le roi afin de se rendre compte qu’il est accepté par sa famille et surtout par son peuple. Parce que, a-t-il martelé, c’est le peuple qui décide.

Obissa Juste Mien
Lefaso.net