Venus de diverses villes du pays telles Bobo-Dioulasso, Niangoloko ou encore Banfora, les commerçants vivant du mouvement du train passager ont voulu faire entendre leur cri de détresse aux autorités de la transition. Depuis la suspension du train voyageur en 2020, à cause de la Covid-19, ils disent rencontrer d’énormes difficultés. C’est le cas de Nathalie Sawadogo, commerçante, qui avant l’arrêt des activités du train passager, se rendait fréquemment à Abidjan, pour acheter des denrées telles les graines de palme, les avocats, les bananes ; afin de les revendre à Ouagadougou. Mais depuis que le voyage avec le train est devenu impossible, son activité a pris un sérieux coup.

« Depuis que le train passager ne circule plus, les denrées périssables arrivent maintenant dans les cars et pas toujours bien conservées. Et souvent quand ça arrive c’est pourri et ça nous fait des pertes. De plus nous ne pouvons pas envoyer de grandes quantités avec les transporteurs comme ce que nous faisions avec le train, et ça nous revient plus cher. Par exemple le train prend les sacs à 1000-1500, alors que les transporteurs peuvent réclamer entre 3500 et 4000 pour le même sac », déplore-t-elle.

Nathalie Sawadogo, commerçante, affirme que ses affaires sont au ralenti

Les commerçants résidant dans les villes escales, disent également se tourner les pouces depuis que le train voyageur ne passe plus dans leurs localités. Ils affirment que c’est grâce à leurs services de restauration et leurs produits qu’ils proposaient aux voyageurs, qu’ils arrivaient à nourrir leurs familles et scolariser leurs enfants. Et à ce jour, plusieurs enfants ne peuvent plus continuer leurs cursus faute de moyens. Ils sont donc obligés de mener des petits commerces pour soutenir leurs parents, alors qu’ils auraient pu avoir de meilleures perspectives.

Au regard donc de cette situation, le mouvement réveil citoyen appelle de tous ses vœux, la reprise des activités du train passager. Ses portes paroles disent ne pas comprendre pourquoi maintenir l’arrêt des activités du train passager depuis maintenant trois ans, alors que la covid-19 n’est plus d’actualité et que le train marchandises a repris les voyages depuis fort longtemps.

Vue des participants

Certains d’entre eux invitent le gouvernement à suspendre le train marchandises, pour contraindre la Sitarail à reprendre le train passager, car ils soupçonnent la société de privilégier les intérêts rapportés par le train marchandises au transport des personnes.
Alouna Traoré, représentant du parrain de l’activité, invite les autorités et les populations, à ne pas laisser le chemin de fer tomber dans la léthargie car ils constituent un instrument économique de haute portée. Il ajoute que c’est un devoir citoyen pour les Burkinabè, de sauvegarder le chemin de fer, construit dans la sueur et le sang par nos grands-parents et dont nous avons hérité.

Alouna Traoré, représentant du parrain, invite les Burkinabè à faire vivre le rail

« Il faut que l’on fasse vivre le rail pour nos intérêts. Si hier le rail fonctionnait pour la métropole, aujourd’hui il doit fonctionner pour nos propres intérêts, car c’est un outil économique au service du développement ». Il invite donc les autorités à faire fonctionner le train pour le bonheur du peuple.
Le mouvement réveil citoyen a aussi saisi l’opportunité de cette rencontre, pour inviter les chefs d’Etat de l’UEMOA et de la CEDEAO, à lever les sanctions qui pèsent sur le Niger.

Armelle Ouédraogo/Yaméogo
Lefaso.net