La lutte contre la pauvreté est un objectif majeur des stratégies de développement. Ainsi, l’objectif du développement durable (ODD1) vise à « éliminer la pauvreté sur toutes ses formes ». Dans ce cadre, l’Institut national de la statistique et de la démographie, en tant qu’organisme national central en charge de la production statistique, élabore et diffuse régulièrement les outils et instruments d’analyse et d’aide à la décision, notamment des indicateurs de pauvreté monétaire.

Mais ces indices sont insuffisants pour cerner le caractère multidimensionnel de la pauvreté. C’est pour remédier à cette insuffisance que l’INSD avec l’appui du PNUD et de l’Initiative d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain, a initié l’élaboration de l’indice de pauvreté multidimensionnelle pour le Burkina Faso. Cet indice vient compléter les indices de pauvreté monétaire qui étaient habituellement étudiés. En effet, l’indice qui était mesuré est celui monétaire et la dernière étude date de 2018. Selon cette étude, 41,4% des individus vivent sous le seuil de pauvreté.

Le présidium lors de l’ouverture de cet atelier de 72h

« La pauvreté appréhendée uniquement par une approche monétaire est restrictive. Cerner la pauvreté uniquement sur la base du revenu est insuffisant car une personne vivant au-dessus du seuil de pauvreté monétaire peut subir des privations en matière d’éducation, de santé, d’emploi et autres conditions de vie », explique Bernard Béré, directeur général adjoint de l’INSD.

Pour M. Béré, ce nouvel indice est une innovation qui permet désormais de déterminer l’effectif des pauvres et de mesurer directement les privations dont ils souffrent sur plusieurs dimensions. En effet, c’est la première fois que cet indice est calculé au Burkina Faso par des acteurs nationaux, selon le directeur général adjoint de l’INSD. L’adoption de cet indice de pauvreté multidimensionnelle vise également à améliorer l’efficacité des politiques et programmes de lutte contre la pauvreté.

« L’indice de pauvreté multidimensionnelle permet de mesurer directement les privations dont souffrent les individus sur plusieurs dimensions. A la différence des indicateurs monétaires, l’IPM nous rappelle que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel. L’indice permet de connaître le nombre de pauvres et, surtout, la façon dont ils sont pauvres. Cette double connaissance contribuera à améliorer l’efficacité des programmes de lutte contre la pauvreté », précise-t-il.

Bernard Béré a indiqué que ce nouvel indice est une innovation qui permet désormais de déterminer l’effectif des individus pauvres et de mesurer directement les privations dont ils souffrent

Grâce à la bonne collaboration entre l’INSD et le PNUD, une structure provisoire de l’IPM a été élaborée sur 4 dimensions afin de déterminer les individus pauvres. Il s’agit notamment de la santé et de la sécurité alimentaire, l’éducation, l’emploi et le cadre de vie.

Pour plus d’efficacité dans la lutte contre la pauvreté, ce nouvel indice prendra en compte l’aspect décentralisation. Ainsi des statistiques seront produites au niveau local. « Pour que la lutte contre la pauvreté soit efficace, il importe de produire régulièrement des statistiques fiables et actualisées, non seulement sur la pauvreté monétaire, mais aussi sur la pauvreté multidimensionnelle. Par ailleurs, dans un contexte marqué par la décentralisation, le besoin de statistiques locales notamment aux niveaux provincial et communal est de plus en plus indispensable. De ce fait, une désagrégation de l’indice de pauvreté multidimensionnelle par province et commune est envisagée », soutient Bernard Béré, directeur général adjoint de l’INSD.

Les participants à cet atelier

Ces différents travaux de réflexion ont été rendus possibles grâce à l’appui technique et financier du PNUD et d’autres partenaires. Et pour Rowan Ahmed, chargée d’appui aux partenariats stratégiques à l’unité de politique et stratégie au PNUD au Burkina Faso, il s’agit de mieux cibler les groupes les plus vulnérables au sein de la population afin de les prendre en compte dans les politiques de développement et améliorer leurs conditions de vie.

Photo de famille

« Le Burkina Faso en adoptant une approche multidimensionnelle de la pauvreté se positionne en tant que précurseur dans cette initiative, mettant en lumière la complexité de la pauvreté au-delà des aspects monétaires. Cette approche novatrice est le fruit d’une collaboration fructueuse entre l’INSD, l’Initiative d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain et le PNUD. Cet indice permettra de mieux cibler les groupes les plus vulnérables au sein de la population, ouvrant ainsi la voie à des initiatives de développement justifiées et efficaces » a-t-elle soulignée.

Rowan Ahmed du PNUD a laissé entendre que cette expérience pionnière du Burkina Faso servira de modèle pour d’autres nations confrontées aux défis de la pauvreté multidimensionnelle

Selon Rowan Ahmed, cette expérience pionnière du Burkina Faso servira de modèle pour d’autres nations confrontées aux défis de la pauvreté multidimensionnelle, offrant la possibilité de transférer et de répliquer cette approche innovante.
L’INSD espère mettre à la disposition des utilisateurs, l’indice de pauvreté multidimensionnelle au plan national et au plan local d’ici la fin de l’année 2023.

Mamadou ZONGO
Lefaso.net