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Burkina/sport : “Je rêve et je pense que c’est encore possible de participer aux jeux olympiques à Paris 2024” Elsa Wendyam Zoetaba, championne 2023 de natation en catégorie crawl.

Publié le mardi 29 août 2023 à 12h25min

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Burkina/sport : “Je rêve et je pense que c’est encore possible de participer aux jeux olympiques à Paris 2024” Elsa Wendyam Zoetaba, championne 2023 de natation en catégorie crawl.

Sport complet, la natation est de plus en plus pratiquée au Burkina Faso. Elsa Patricia Wendyam, étudiante en Assurance banque est une nageuse professionnelle depuis 2008. Elle a évolué de catégorie en catégorie en remportant des médailles. La spécialité de Elsa Patricia Wendyam Zoetaba est la nage en crawl, la technique la plus rapide de nage. Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, elle nous parle de sa passion et de son expérience de natation.

Lefaso.net : Quand et comment avez-vous débuté la natation ?

Elsa Patricia Wendyam Zoetaba : J’ai commencé la natation en 2007 à l’âge de 7 ans avec ma maman qui aimait bien l’eau et qui m’a transmis la passion de l’eau. Elle a donc commencé à m’amener au club sonabel pour que j’apprenne et tout est parti de là.

Comment s’est déroulé ce cheminement qui vous a conduit à toutes ces récompenses depuis le début ?

À mes débuts j’avoue que ça n’a pas été facile. Mais à ma toute première compétition en 2008, j’ai été championne et j’ai eu la médaille d’or. Par la suite, avec mes coachs Korotimi Bamba et Stanislas Naré, j’ai pu arriver tout doucement à ce niveau. Le parcours n’a pas été simple mais par la grâce de Dieu pratiquement chaque année je suis sur le podium. Je me souviens avoir eu une seule fois la médaille de bronze mais j’étais malade en cette période. C’était aussi grâce à l’encouragement de mes coachs que j’ai pu arriver.

A combien de compétitions nationale et internationale avez-vous participé ?

J’ai participé à plusieurs compétitions et depuis 2008, je participe au championnat national de natation. De plus, en 2015, 2018 et 2022 j’ai été à Dakar pour la compétition zone 2.

En tant que femme, qu’es ce qui est le plus difficile dans la natation ?

La natation au Burkina n’est pas bien développée. Et en tant que femme, c’est souvent compliqué à cause de nos cycles menstruels. J’ai été confrontée à des situations où je devais nager et la période coïncidait avec mon cycle menstruel. Ça m’a un peu coincée mais ça ne m’a pas arrêté. En dehors de cela, il y a le fait que les gens trouvent que c’est une discipline qui exhibe le corps de la femme en raison de nos maillots de bain. Mais j’essaie de ne pas y prêter attention et je me concentre sur ma passion et mon objectif.

Collaborez-vous avec d’autres nageurs et nageuses pour vos entraînements ?

Il y a différents clubs, et chaque club entraîne ses nageurs. Personnellement, j’aurais souhaité qu’on collabore surtout pour les compétitions à l’international. Pourquoi ne pas essayer ne serait-ce qu’une fois le mois ou deux à trois fois dans l’année de regrouper les nageurs afin qu’on s’entraîne ensemble. Si on y parvenait, on pourrait partager nos expériences et favoriser l’esprit de fairplay aussi.

Comment se fait la sélection pour compétir aux championnats nationaux ?

La sélection des nageurs et nageuses pour le championnat national se fait à travers une licence. Chaque responsable de club de natation va déposer la licence des athlètes à la fédération. Il n’y a pas de phase éliminatoire car la finale se joue directement. Chacun s’entraîne de son côté en attendant la date de la compétition.

Comment s’est déroulée la compétition 2023 qui vous a permis de remporter la médaille d’or catégorie crawl ?

Pour cette année, cela a été un peu plus compliqué. Le jour de la compétition, il y a eu une très grosse pluie qui nous a vraiment battus. Et la fraîcheur m’a empêché de donner le temps de performance que j’aurais souhaité. Je n’ai donc pas pu faire mieux que l’année dernière même si j’ai réussi à garder le titre de championne.

Après plus de 10 ans d’expérience de la natation, quelle appréciation faites-vous de l’organisation du championnat national de natation par la fédération ?

En tant qu’athlète, nous aimerions que la compétition soit meilleure. Cependant, nous pensons qu’avec le temps ça va s’améliorer pour nous permettre de progresser. La manière dont la compétition s’organise est certainement due au fait que les gens accordent peu d’importance à la natation. Les gens voient la natation comme une distraction, pourtant c’est un sport et une discipline.

Est-ce que vous bénéficiez d’un accompagnement quelconque de la fédération nationale de natation ?

J’ai bénéficié d’une bourse de la fédération nationale de natation, il y a quelques années. Je suis d’ailleurs reconnaissante pour cette bourse même si c’était une bourse de moins d’une année. En dehors de cela, je ne reçois pas d’accompagnement pour mes entraînements.

Qu’avez-vous à dire aux jeunes filles qui aimeraient exceller dans la natation comme vous ?

Je leur dirais qu’il n’y a pas que le regard des autres qui compte mais il faut tenir compte de ses propres objectifs. Si elles sentent qu’elles veulent nager, il faut chasser le complexe et ne pas se sentir inférieure. C’est un sport ouvert à tout le monde. Mis à part les compétitions, c’est un sport qui aide à la perte de poids et aide à améliorer la santé. Aussi, actuellement, la natation n’est pas une option mais une nécessité à cause des grandes pluies et des inondations on ne sait jamais.

Un dernier mot ?

La natation est un sport comme tous les autres sports qui peut faire connaître un pays. Dans les autres pays, la natation est beaucoup plus développée. Nous demandons aux gens de nous soutenir autant qu’ils soutiennent le football et autres disciplines. Après avoir acquis cette énième médaille, j’ai un regard beaucoup plus tourné vers les compétitions internationales. Je rêve et je pense que c’est encore possible de participer aux jeux olympiques à Paris 2024. Si la fédération me donne leur soutien et les moyens, je suis convaincue de faire connaître le nom du Burkina aux J.O. Avec toutes les compétences et la volonté, si je n’ai pas l’accompagnement de la fédération, il est difficile d’y arriver. J’espère donc qu’ils nous aideront à briller au-delà des frontières.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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