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Kaya (Centre-Nord) : 600 apprenants formés en embouche ovine, en transformation du niébé et en aviculture

Publié le dimanche 3 septembre 2023 à 22h12min

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Kaya (Centre-Nord) : 600 apprenants formés en embouche ovine, en transformation du niébé et en aviculture

Le projet USAID Yidgiri a permis l’alphabétisation de 805 apprenants, membres des unions provinciales des chaînes de valeur niébé, petits ruminants et volaille de la région du Centre-Nord. En plus de l’alphabétisation, des formations techniques spécifiques (embouche ovine et production fourragère, transformation du niébé, aviculture) ont été organisées au profit de 600 apprenants. Le vendredi 1er septembre 2023, nous avons rencontré des bénéficiaires de ces différentes formations, qui ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de leur bienfaiteur.

Selon les initiateurs du projet USAID Yidgiri, les compétences en alphabétisation, y compris la notion des chiffres et la littérature financière, sont fondamentales et renforcent la capacité des individus à participer aux processus décisionnels commerciaux, organisationnels et des ménages.

Dans l’optique d’améliorer durablement les revenus des ménages et l’état nutritionnel des populations de la zone d’intervention, le projet a opté pour le renforcement de la performance des systèmes de marchés, l’accroissement de l’utilisation des intrants et des services agricoles de qualité, et l’augmentation de la consommation d’aliments locaux sains et riches en nutriments. En effet, de part ses actions sur le terrain, USAID Yidgiri renforce les capacités des unions provinciales des trois chaînes de valeur (niébé, petits ruminants et volaille) à améliorer les services rendus à leurs membres à travers entre autres l’alphabétisation initiale et la formation technique spécifique.

Selon Mariam Tengueri, conseillère en alphabétisation fonctionnelle du projet Yidgiri à Kaya, les membres de ces trois chaînes de valeur ont bénéficié d’abord de séances d’alphabétisation. Ensuite, des membres de chaque chaîne de valeur ont bénéficié de formations techniques spécifiques à leur domaine d’activité. L’objectif de ces formations techniques est de permettre aux bénéficiaires de mener des activités génératrices de revenus ou de renforcer les activités déjà existantes.

Mariam Tengueri, conseillère en alphabétisation fonctionnelle du projet Yidgiri.

« Yidgiri est un projet qui accompagne les producteurs de trois chaînes de valeur. Il y a également un volet nutrition qui est pris en compte dans le projet. Le projet a plusieurs types de formations dont l’alphabétisation. Depuis 2020, nous avons alphabétisé un certain nombre de personnes, membres des unions de ces trois chaînes de valeur. L’année dernière, nous avons alphabétisé 805 personnes membres de ces unions. Après l’alphabétisation, nous avons jugé que ça allait être plus intéressant de faire des formations techniques pour permettre à ces personnes alphabétisées de créer des activités génératrices de revenus pour ceux qui n’étaient pas en activité et d’améliorer leurs activités pour ceux qui sont déjà en activité », a expliqué Mariam Tengueri.

« Cette année, nous avons fait des formations en entrepreneuriat, des formations de trois jours. A la suite de ces formations, nous faisons des formations en embouche ovine pour les membres des unions petits ruminants, des formations en transformation de niébé pour les apprenants de la chaîne de valeur niébé et également des formations en aviculture villageoise pour les apprenants de l’union volaille. Il faut dire que ces formations ont pris en compte 600 apprenants parmi les 805 alphabétisés en 2022 », a-t-elle ajouté.

A en croire Mariam Tengueri, l’alphabétisation permet aux bénéficiaires de comprendre les séances de formation afin de bien mener leurs activités. « Nous avons commencé par l’alphabétisation parce que déjà, pour comprendre certaines formations, il faut avoir une base. Par exemple, pour la formation en entrepreneuriat, il faut faire des plans d’affaires. Ces plans d’affaires ont été traduits en mooré pour permettre à ceux qui ont fait l’alphabétisation, qui savent lire et écrire, de pouvoir comprendre ces plans d’affaires. Pour dire qu’avant d’avancer, on avait besoin d’une base et cette base pour nous, c’était l’alphabétisation. A la base, c’était déjà pour leur apprendre à lire et à écrire pour pouvoir comprendre les multitudes de formations que le projet Yidgiri met en œuvre au profit des membres de ces unions », précise la conseillère en alphabétisation fonctionnelle.

Madi Sawadogo, président de l’Union provinciale Nebnoma des éleveurs de petits ruminants du Sanmatenga.

Certains de ces bénéficiaires qui se seront illustrés seront sélectionnés pour un suivi post-formation. « Après ces formations, il est prévu d’accompagner un certain nombre de personnes qui vont sortir la tête de l’eau. Par exemple, parmi les plans d’affaires qui ont été réalisés lors des formations en entrepreneuriat, nous avons prévu de sélectionner un certain nombre de plans viables, porteurs, pour accompagner. Dans le projet, il y a une partie qui consiste à accompagner ces apprenants avec un certain nombre de matériels pour commencer ou mettre en œuvre les activités génératrices de revenus. Ces personnes seront sélectionnées à partir des plans d’affaires qu’ils nous auront produits au moment des formations en entrepreneuriat », soutient Mariam Tengueri.

Des bénéficiaires satisfaits et prêts à partager leur savoir-faire
Ce sont des bénéficiaires satisfaits et prêts à partager leurs expériences que nous avons rencontrés au cours de notre séjour à Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord. Ils témoignent.

Roukièta Sankara, formatrice en embouche ovine et production fourragère.

Madi Sawadogo est le président de l’Union provinciale Nebnoma des éleveurs de petits ruminants du Sanmatenga. L’union compte présentement 730 membres individuels avec 42 sociétés coopératives de base. « Parmi les 730 membres, il y a seulement une cinquantaine d’hommes et le reste, ce sont des femmes », informe son président. Et pour lui, cette formation permettra non seulement d’augmenter la production et les revenus des membres de l’union, mais aussi la qualité de la viande servie aux populations.

« Grâce au projet Yidgiri, nous avons bénéficié d’une formation sur la production fourragère. Nous voyons l’avantage de cette formation sur les membres de l’union. L’aliment bétail était notre difficulté parce que pour emboucher les petits ruminants, il faut forcément de l’aliment, notamment le fourrage naturel. Si vous n’avez pas de connaissances et vous voulez cultiver, ça sera compliqué. Mais à l’issue de cette formation, les membres de l’union arrivent à le faire », se réjouit-il.

Au niveau de l’Union provinciale Nebnoma des éleveurs de petits ruminants du Sanmatenga, 30 leaders ont pu suivre ces formations. Et selon les explications de son président, ces expériences acquises seront partagées à tous les membres, ainsi qu’aux personnes qui ne sont pas membres.

Les bénéficiaires de la chaîne de valeur petits ruminants en plein sarclage d’un champ de production fourragère.

« Actuellement, nous pouvons produire du fourrage naturel avec les connaissances qu’on a déjà acquises et en même temps partager avec les autres membres qui n’ont pas pu bénéficier de la formation. Cela va profiter à tous les membres de l’union, même ceux qui ne sont pas membres. Cela va permettre aussi d’augmenter la production de petits ruminants dans la province du Sanmatenga et de la région du Centre-Nord. Nous voyons déjà l’avantage au sein de l’union parce que si les femmes gagnent ce genre de connaissances, ça va permettre à la population d’avoir en tout cas de la viande de qualité », assure Madi Sawadogo.

Pour Zoénabo Sawadogo, originaire de Fanka, dans le Sanmatenga, et bénéficiaire de cette formation au nom de la coopérative Namanegbzanga, cette formation leur permettra de mieux élever leurs animaux. « Cette formation va nous aider, aider nos proches également. Nous demandons aux initiateurs du projet de continuer à nous aider dès que c’est possible. Nos maris sont au courant parce que ça aide. Tout ce que nous gagnons, ça aide la famille. La scolarité, la santé, la nourriture, etc. », argumente la bénéficiaire.

Les bénéficiaires de la chaîne de valeur niébé en pleine démonstration.

Même son de cloche chez Antoinette Salamata Sawadogo, secrétaire au sein de la même coopérative. « Cette formation est vraiment salutaire. Maintenant, nous savons comment bien nous occuper de nos animaux, notamment la construction des enclos, la production du fourrage, etc. Notre préoccupation, ce sont les terrains. Nous sommes des femmes et pour avoir un terrain suffisant, ce n’est facile. C’est cela notre problème. Les gens ne nous verront pas d’un mauvais œil lorsqu’on se mettra à produire du fourrage plutôt que du mil. Les gens voient déjà les avantages de l’élevage, donc il n’y aura pas de soucis avec les gens », a-t-elle soutenu.

Cette formation en embouche ovine et en production fourragère a été assurée par Roukièta Sankara, agent technique d’élevage privé. Après des séances de formation à Boulsa et à Kongoussi, elle a débarqué à Kaya pour partager son savoir-faire durant cinq jours avec les membres de la chaîne de valeur petits ruminants. C’est en plein sarclage d’un champ de production fourragère que nous les avons rencontrés. Parmi ces cultures fourragères, il y a des céréales à double usage (consommation et fourrage : mil, maïs, sorgho), des légumineuses à double usage (niébé et arachide), etc.

Les apprenants en alphabétisation en plein cours.

« J’ai eu la connaissance sur la production et la conservation du fourrage. J’ai fait la pratique sur le terrain, j’ai amené les femmes sur le terrain pour la formation pratique. D’où la présence de ce matin pour sarcler. Nous leur avons montré comment semer le fourrage, choisir les semences, faire les lignes et les poquets, le nombre de mètres à séparer les lignes ou les poquets. Le fourrage peut être produit en toute saison s’il y a des forages. Il y a certains types de fourrages qui peuvent résister à la sécheresse », détaille Roukièta Sankara.

« Elles ont bien assimilé leurs leçons et moi-même je suis très content d’avoir partagé ma connaissance avec ces femmes. Je les invite à mettre en pratique ce qu’elles ont appris, à produire le fourrage, continuer à élever les animaux parce que si les femmes se développent, on va développer le pays. J’appelle les responsables du projet à continuer à organiser ces formations au profit des femmes sur l’embouche ovine, la production fourragère afin de permettre aux femmes de se développer elles-mêmes. L’Etat aussi doit aider les femmes parce que si la femme se développe, c’est le pays qui se développe », assure la formatrice.

Satisfaction également chez les bénéficiaires des autres chaînes de valeur. Les bénéficiaires de la formation sur la transformation du niébé ont également démontré leur savoir-faire lors de notre passage. Sous la supervision de leur formatrice, elles ont produit des gâteaux à base de niébé.

Des apprenants bénéficiaires d’une formation en entrepreneuriat.

Si toutes les unions et sociétés coopératives de ces chaînes de valeur ont pu développer leurs activités, c’est grâce à l’alphabétisation. « Grâce à l’alphabétisation, nous pouvons désormais connaître les lieux lors des voyages en lisant sur les panneaux. C’est plus facile dans notre quotidien et maintenant nous pouvons effectuer des calculs ou évaluer la quantité nécessaire dans le processus de transformation. Elle est très bénéfique pour nous, et nous voulons renforcer davantage nos capacités sur l’alphabétisation », renchérit une bénéficiaire membre du groupement Nategwendé.

Tous nos interlocuteurs ont tenu à remercier les initiateurs de ces formations et souhaitent qu’elles se poursuivent pour d’autres bénéficiaires. « Nous remercions le projet Yidgiri. Qu’il nous aide afin que nous puissions nous épanouir comme l’indique son nom. Nous invitons les autres personnes qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, à s’intéresser à l’alphabétisation car cela permet d’écrire et de garder des preuves en cas d’oubli », peut-on retenir de ces échanges à bâtons rompus.

En rappel, le projet intervient dans trois régions à savoir le Centre-Nord, le Sahel et l’Est. Il est financé par USAID pour une durée de 5 ans (2020 à 2025). Déjà le 22 juin 2023 à Kaya, le projet USAID Yidgiri avait remis un important lot de matériels d’une valeur de près de 400 millions de F CFA à ces groupements de producteurs agricoles et d’éleveurs de la zone d’intervention.

Mamadou ZONGO
Lefaso.net

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