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Litige foncier à Yaoghin : « Nous mourons peut-être mais nous défendrons vaille que vaille nos droits sociaux et démocratiques » clame un habitant

Publié le dimanche 23 juillet 2023 à 22h18min

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Litige foncier à Yaoghin : « Nous mourons peut-être mais nous défendrons vaille que vaille nos droits sociaux et démocratiques » clame un habitant

Un litige foncier oppose les habitants de Yaoghin, quartier situé dans l’arrondissement 3 de la ville de Ouagadougou, au fondateur du Lycée polytechnique privé du Kadiogo, Mahamoudou Soudré. Dans la matinée du vendredi 21 juillet 2023, la sous-section de Boulmiougou de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina Faso (ODJ) a organisé une conférence de presse au cours de laquelle, elle a dénoncé les actions de Mahamoudou Soudré qui voudrait, selon eux, étendre son école sur des terres dont il n’est pas le propriétaire.

« Comment peut-on vouloir ordonner le déguerpissement de plus d’une centaine de citoyens burkinabè d’un terrain sur lequel certains habitent depuis plus de 30 ans, juste pour satisfaire la boulimie d’un seul individu qui, du reste, n’a obtenu son attestation d’attribution qu’en 2020 ? Comment convaincre les plus faibles et les plus démunis que notre justice n’est pas une justice de classe, une justice corrompue, une justice partiale au service des plus forts et des plus nantis ? » Autant de questions que se posent des habitants de Yaoghin, qui accusent le fondateur du Lycée polytechnique privée du Kadiogo de vouloir étendre son établissement sur des terres qui ne sont pas les siennes.

Une vue du Lycée polytechnique privée du Kadiogo en construction. Selon Kalidou Traoré, Mahamoudou Soudré ne possède qu’une attestation qui date de 2020

En cette matinée du vendredi 21 juillet 2023, ils disent tomber des nues face à la décision de la Cour d’appel qui infirme celle rendue en premier ressort, donnant ainsi droit à Mahamoudou Soudré d’étendre ses constructions sur les 16 119 mètres carrés dont il revendique la propriété. « De telles décisions ne peuvent que conforter les populations dans leurs opinions et certitudes. D’ailleurs, nous ne pouvons pas écarter la possibilité d’un jugement rendu sous influence de M. Soudré qui est prêt à tout pour nous faire déguerpir », a laissé entendre le président de la sous-section de Boulmiougou de l’ODJ, Kalidou Traoré.

Selon les populations, lorsque l’affaire était au premier degré, elles ont apporté au juge leurs cartons de recensement de 2008 mais aussi les témoignages des propriétaires terriens, du chef de Zagtouli et de certains qui avaient vendu leur terrain à M. Soudré

Des dires des conférenciers, lorsque le fondateur du lycée réclamait les terres en 2020, ils ont préféré une solution à l’amiable en allant auprès du chef de Zagtouli. « Devant le chef, il a reconnu que les terres ne lui appartiennent pas et qu’il voulait juste agrandir son établissement. Le chef lui a dit que dès lors qu’il reconnaît qu’elles ne lui appartiennent pas, qu’il s’est excusé et que c’est une école qu’il veut construire, il voudrait qu’il trouve des terres et des fonds pour les populations afin qu’elles puissent s’installer ailleurs. Faute de quoi, qu’il se contente de celles sur lesquelles il doit construire. On s’est bien entendu sur cela. Quand on a quitté là-bas, il a retourné sa veste. Il est reparti chez le chef demander de l’aider à obtenir les terres. Le chef lui a dit qu’il est digne, qu’il ne triche pas et qu’il devrait s’en tenir à ce sur quoi on a convenu. Après cela, on a été convoqué à la gendarmerie, on nous a présenté une décision de justice qui dit qu’il est le propriétaire. Il est venu au quartier avec plus de 100 gendarmes. Ils ont encerclé le coin et placé les bornes. On a organisé une conférence de presse pour dénoncer tout. Des gens ont été arrêtés. On a dû manifester pour qu’on les libère », a relaté Kalidou Traoré.

Les femmes du quartier Yaoghin étaient présentes lors de la conférence de presse

A travers cette conférence de presse, l’ODJ dit vouloir interpeller les autorités pour qu’elles jettent un regard particulier sur la gestion foncière qui fâche plus d’un. Les concernant, ils disent être prêts à se battre contre vents et marrées, quitte à en payer le tribut à la nature. « Nous sommes assis avec nos papillons de recensement et nous attendons qu’une solution adéquate soit trouvée à nos problèmes. Et que nos autorités se rassurent, quelle que soit la décision qui sera rendue, si elle est inique, nous la combattrons. Nous mourrons peut-être, mais nous défendons vaille que vaille nos droits sociaux et économiques », a clamé le président de la sous-section de l’ODJ, Kalidou Traoré.

« Nous lançons un appel à la population à s’organiser pour défendre leurs intérêts, mais aussi, à se solidariser des luttes nobles et légitimes que mènent les habitants des zones non loties », Kalidou Traoré

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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