LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Traitement de l’information en période de crise : « Si elle vient de ceux qui attaquent le Burkina, il faut vous en méfier » Abdoulazize Bamogo

Publié le jeudi 20 juillet 2023 à 11h41min

PARTAGER :                          
Traitement de l’information en période de crise : « Si elle vient de ceux qui attaquent le Burkina, il faut vous en méfier » Abdoulazize Bamogo

Le Conseil supérieur de la communication (CSC) multiplie les cadres d’échanges avec les forces vives de la nation pour une lutte plus efficace contre le terrorisme. Dans la soirée du mercredi du 19 juillet 2023, c’était au tour des journalistes d’échanger une fois de plus avec les membres du CSC, autour des sept points d’attention à prendre en compte dans un contexte de crise sécuritaire, de tensions sociales et de transition politique. La rencontre s’est tenue au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ).

En une cinquantaine de minutes, le président du CSC Abdoulazize Bamogo est revenu sur ces éléments dont le contenu se résume comme suit : aux médias, il est demandé de « contribuer au renforcement de l’unité de la nation, à la motivation des forces combattantes nationales, à la résilience du peuple burkinabè, de mettre en place des cadres formels de discussion et de validation des informations liées à la crise sécuritaire au sein de la rédaction ». Pour ce qui est des journalistes, il a soutenu qu’ils ne devraient pas perdre de vue l’état de la situation nationale dans le traitement de l’information. Ils devraient donc « éviter la publication/diffusion d’informations de nature à nuire à l’intérêt général ; toujours prendre en compte la version officielle ; pour les sujets qui portent sur des problèmes, rendre compte des solutions ».

Une vue des participants à cette session d’échanges entre les membres du CSC les journalistes

A la question de savoir si on n’en demande pas trop aux journalistes, Abdoulazize Bamogo répondra par l’affirmative. Toutefois, souligne-t-il, « c’est parce que nous sommes dans une situation de crise ». « Il faut tenir compte d’autres choses. C’est un travail supplémentaire qu’on ajoute à votre travail. Mais c’est la même chose pour d’autres emplois, dans d’autres fonctions, dans d’autres professions. Ils sont obligés d’en faire plus à cause de la situation sécuritaire, à cause du risque de fragilisation du tissu social. Je pense que c’est bon d’accepter cette part de contribution dans cette situation », a-t-il laissé entendre.

Dix conseils aux citoyens burkinabè pour des comportements responsables sur les réseaux sociaux et dans les émissions d’expression directe dans le contexte de crise sécuritaire

Une autre préoccupation concernait la possibilité de prendre en compte dans le traitement de l’information, la voix des terroristes. Chose qui n’est pas faite et qui est contraire au principe d’équité dans le journalisme. A ce propos, le président du CSC soulignera qu’il faudrait « s’en méfier ». « Si ça (parlant de l’information) vient de ceux qui attaquent le Burkina, il faut vous en méfier. Ce que je vous dis c’est pour vous protéger vous-mêmes. Vous risquez de donner des informations et après les gens vont s’en prendre à vous. Les informations qu’ils (parlant des terroristes) donnent peuvent être pour promouvoir leurs causes. Nous avons eu une rencontre avec les responsables des radios parce que les membres des groupes terroristes ont une fois appelé à une émission d’expression directe pour faire passer leur message. Nous avons dit que ce n’était pas possible ! On ne peut pas accepter ça ! Et à l’issue de cela, nous avons invité les responsables des médias à une rencontre d’échanges et on leur a dit, qu’est-ce qu’on fait ? Moi je suis très content et je voudrais ici saluer leur sens de responsabilité parce que ce jour-là, ce sont eux qui ont dit qu’on ne peut pas accepter que ça soit comme ça. Ce sont eux qui ont donné les idées. En tant que communicateurs voilà ce que vous devez faire et nous en tant que responsables de médias, voilà ce qu’on peut mettre comme garde-fous pour que nos médias ne soient pas des moyens de communication », a-t-il souligné.

"Face au péril qui menace notre pays, nous devons tous faire preuve d’un grand sens de responsabilité dans le choix des mots quand nous nous exprimons dans l’espace public" Abdoulazize Bamogo

Tout en saluant l’initiative du CSC, le coordonnateur du Centre national de presse Norbert Zongo, Abdoulaye Diallo a relevé le sérieux des médias burkinabè, arguant du même coup qu’aucun d’eux ne souhaite que la situation sécuritaire actuelle empire. « Je suis au CNP-NZ depuis 25 ans. Et je vous assure que pour les médias que j’observe depuis 25 ans, honnêtement, ce n’est pas une préoccupation. On aspire qu’à être des professionnels qui ne vont pas jeter de l’huile sur le feu... On n’a jamais vu un média prendre l’information, la balancer et dire qu’il s’en fout. Combien d’informations sont retenues ? La majorité des informations font l’objet de rétention. Mais moi j’ai le sentiment que même le minimum, les journalistes ne l’ont pas. Ils courent derrière l’information, ils ne l’ont même pas. On a vu des cas où l’information est publiée sur le site du ministère et on nous fait tourner pour l’information. Il y a trop de culture du secret », a-t-il déploré.

"Quand vous montrez au média que vous le considérez et qu’on ne va pas balancer une amende de millions à un organe de presse pour une faute professionnelle, ça le rassure" Abdoulaye Diallo

Au terme des échanges, Abdoulazize Bamogo a rappelé que l’objectif de ces échanges est de dialoguer car c’est de là que viennent les propositions pertinentes pour une lutte plus efficace contre le terrorisme.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Massaka SAS se lance à la conquête du monde
Burkina/médias : BBC et VOA suspendus pour deux semaines