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Procès "Marcel Tankoano et autres" : « Le Burkinabè d’aujourd’hui, lui, est prêt à brûler son pays pour un épi de maïs », paraphrase le Procureur

Publié le samedi 24 juin 2023 à 13h26min

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Procès

L’audience du dossier "Marcel Tankoano et autres » a amorcé un autre virage à la reprise de ce samedi 24 juin 2023, avec les plaidoiries. C’est le Parquet, partie poursuivante, qui a donné le ton en démontrant, prévenu par prévenu, la pertinence des charges qui pèsent sur chacun et pour lesquelles, il est poursuivi. Une démonstration qui a abouti à l’évocation de "peines lourdes" de 60 mois d’emprisonnement ferme et des amendes pour neuf des dix prévenus (pour ces faits incriminés, la peine maximale est de 5 ans, c’est-à-dire 60 mois).

« Un grand homme de ce pays disait que certains Burkinabè étaient prêts à brûler leur pays pour chauffer leur tasse de thé. Mais moi, je dis, ça, c’était le Burkinabè d’avant. Pour le Burkinabè d’aujourd’hui, une tasse de café, c’est trop de luxe pour lui ; il est prêt à brûler son pays pour un épi de maïs », a paraphrasé le procureur, en guise de conclusion à la démonstration de la gravité des actes des prévenus.

Le ministère public demande au tribunal de rendre donc une décision qui est juste. « Nous ne voulons pas qu’on aggrave la peine, nous ne voulons pas qu’on diminue la peine », insiste le procureur qui fait un parallélisme des risques avec les évènements qui ont conduit au génocide au Rwanda (il n’a pas cité explicitement le pays). Un "petit acte", aidé par une radio qui a relayé un "faux message". Conséquence : plus de 800 000 morts en quelques mois, rappelle-t-il. Le procureur note qu’ici, au lieu d’une radio, ce sont les réseaux sociaux qui sont utilisés, "et là, ça va encore plus vite".

Dans les plaidoiries, seul le prévenu Souleymane Belem "bénéficie", d’une manière ou d’une autre, de clémence. « Souleymane Belem n’a aucun rapport avec les autres », écarte le Parquet. "Chef traditionnel", Souleymane Belem a, en cette nuit, fait trois vocaux (qu’il a balancés dans un groupe WhatsApp) pour demander une mobilisation chez le Mogho Naaba, le lendemain à 8h ou plus tard à 9h.

"Quand on écoute les audios, il ne dit pas d’aller défendre le palais, mais d’aller dire au Mogho Naaba que ça suffit (il avait antérieurement expliqué au tribunal que son appel visait à aller dire au Mogho Naaba d’inviter les autorités à faire en sorte que les injures à son égard cessent maintenant : ndlr)", rappelle le procureur.

Il conclut : « néanmoins, sur la base de ces audios, il a appelé à un attroupement, non suivi d’effets, des faits qui sont punis par la loi. Il y a mise en danger de la personne d’autrui, parce que son appel pouvait conduire à des affrontements ».
De ce fait, le ministère public demande qu’il soit condamné à six mois fermes et immédiatement déposé (il est le seul à ne pas être détenu). Signalons également qu’il ne comprend pas le français, tout son passage s’est fait à l’aide d’un traducteur.

Après le Parquet, c’est la défense qui entame sa phase de plaidoiries.

Lefaso.net

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