LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Mali/Médias : La problématique de la presse à l’ère du digital au cœur d’un salon

Publié le lundi 12 juin 2023 à 11h00min

PARTAGER :                          
Mali/Médias : La problématique de la presse à l’ère du digital au cœur d’un salon

Le Salon des médias du Mali (SAM Mali) a eu lieu du 7 au 10 juin 2023 au palais de la culture de Bamako. Il a réuni des professionnels africains autours des problématiques cruciales de la profession. Panels, expositions, productions d’émissions ont rythmé les journées de cet évènement placé sous le thème : « La presse à l’ère du digital, défis enjeux et perspectives ».

Dr Hamadou Touré, ministre de la communication et de l’économie numérique du Mali, a officiellement ouvert les activités de la deuxième édition du Salon des médias du Mali (SAM Mali), en présence d’autres autorités du pays, de représentants des pays invités et de divers acteurs du domaine médiatique. Le SAM Mali est une initiative de jeunes journalistes maliens qui ont jugé utile de rassembler les acteurs de la presse malienne et de la sous-région pour discuter des défis majeurs de la profession de journaliste, en particulier à l’ère du numérique.

En effet, pour le président du comité d’organisation Issa Kaba Sidibé, « beaucoup d’évènements sont rendus visibles par le concours des produits médiatiques. Nombreux sont les demandeurs, les mouvements d’humeur qui passent par les médias pour obtenir gain de cause. Les médias informent et rassemblent facilement le grand public pour une activité donnée. Mais les difficultés qui leur sont propres peinent à être prises en charge. Il est donc grand temps que les médias fassent un travail sur eux même et s’attèlent à solutionner les énigmes de leur profession. A l’origine, il s’agissait de rassembler la presse malienne autour de ces questions. Mais avec un peu de recul, l’idée d’associer les confrères des pays voisins qui partageraient les mêmes combats a été estimée meilleure », a-t-il expliqué.

Issa Kaba, président du comité d’organisation du SAM Mali

C’est ainsi que la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Niger, mais aussi le Burkina Faso ont été invités à la présente édition. Lefaso.net, presse en ligne burkinabè, a honoré cette invitation par l’animation d’un stand au sein du salon.

Le ministre de la refondation de l’Etat malien, Ibrahim Maïga, visitant le stand de Lefaso.net

Quatre jours durant, l’évolution de la profession, l’état de la liberté d’expression, la formation des journalistes, l’encadrement de la profession ont entre autres été des thématiques qui ont fait l’objet de panels. Celui sur la presse à l’ère du digital, thème central de la deuxième édition de ce salon, a été animé par trois journalistes maliens.

Le premier, Modibo Fofana est journaliste, président des Associations des presses en ligne et responsable du média en ligne malien Mali 24. Selon lui, le numérique a bouleversé tous les secteurs d’activités, y compris celui des médias. Depuis les années 2000, les médias s’adaptent et profitent des possibilités qu’offre le numérique : la largeur de l’audience, la réduction des frontières, la diversification des contenus, etc. Il y a aussi un côté moins reluisant né de l’avènement du numérique : le fait que tout le monde soit à même de pouvoir diffuser des informations. C’est la porte ouverte à la mésinformation, à la désinformation et à la malinformation. « En ce qui concerne la survie des médias traditionnels, on peut dire qu’ils continueront à jouer leur rôle, même si les réseaux sociaux leur font ombrage. Mais, pour survivre, il va falloir s’adapter. Enfin, pour tout ce beau monde sur internet agissant au gré de leurs passions, seule l’éducation aux médias saurait conférer aux uns et aux autres, les bons gestes », a-t-il conclu.

Belco Tamboura, journaliste, membre fondateur de l’Association des éditeurs de presse privée du Mali s’est penché sur la place du métier de journaliste, qui est pour lui un métier d’élite, au regard des lourdes responsabilités sociales du journaliste. Une question a suscité beaucoup de réactions au cours du panel : celle de la disparition des journaux papiers. M. Tamboura estime qu’ils ne disparaîtront pas. Chaque consommateur a ses caractéristiques et il existe des personnes qui sont accrochées à ce support et ont leurs raisons : absence d’interruption pour de la publicité, lecture reposante, meilleure concentration, etc.

Hamidou Sampy, journaliste, promoteur de l’agence Créacom Afrique et du média en ligne malien Malioneline, a abordé les pratiques du métier de journaliste à l’ère du digital. Pour lui, la profession a toujours été à l’épreuve du temps. Le numérique est là, avec ses bons et ses mauvais côtés. Celle qui semble le plus souffrir est la presse écrite. L’audiovisuel l’a affectée, parce que les gens aiment plus écouter, regarder que lire. Contrairement à Modibo Fofana qui croit en la survie de la presse papier, Hamidou Sampy pense que le support papier disparaîtra un jour, cela n’est qu’une question de temps. En somme, l’adaptation et l’encadrement devront être les maîtres-mots pour pratiquer efficacement ce métier actuellement. S’adapter pour survivre et encadrer pour assainir « Encadrer sur ce qu’est un journaliste, sur la portée de ses actions, sur la valeur de l’information. Pour toute personne qui utiliserait les médias pour des publications, si on ne peut ni les faire disparaître, ni les chasser, il va falloir les encadrer. Pour les activistes, les influenceurs, si cela est un gagne-pain, il va falloir les encadrer. C’est la seule façon de se côtoyer sans s’affecter », dit-il.

De la droite vers la gauche, les panélistes, Hamidou Sampy, Belco Tamboura, Modibo Fofana

Ce sont au total onze panels qui ont eu lieu au cours de ce salon. Des interviews, des productions d’émissions radiophoniques et télévisuelles, divers échanges et réseautage ont animé les journées du salon qui a pris fin dans la soirée du 10 juin 2023, avec le ministre en charge de la refondation de l’Etat, chargé des relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa Maïga. Il a, en son nom et celui de toutes les autorités maliennes, félicité les organisateurs et remercié tous les participants, avant de clore officiellement les activités de la deuxième édition du Salon des médias.

Le ministre de la refondation de l’Etat, Ibrahim Maïga, remettant à la représentante de Lefaso.net, une attestation de reconnaissance

Cheriffatou Dao
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Massaka SAS se lance à la conquête du monde
Burkina/médias : BBC et VOA suspendus pour deux semaines