LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

Publié le mardi 16 mai 2023 à 15h33min

PARTAGER :                          
Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

Après une investigation théorique des origines du terrorisme au Burkina Faso Zacharia Zabsonré, doctorant en sciences économiques, parvient à la conclusion que seule une réconciliation sincère des Burkinabé est une autre solution au terrorisme burkinabé. « S’il y’a une entente entre les burkinabés, aucun ennemi ne pourra s’interposer entre eux », dit-il. Il recommande alors des actions fortes de réconciliation pour l’apaisement des cœurs meurtris suite aux torts causés par des Burkinabé à des Burkinabé à l’occasion du l’insurrection populaires et des différents coups d’Etat.

Le terrorisme, une des questions les plus discutées aujourd’hui dans les pays du sahel et particulièrement au Burkina Faso, est aussi l’une des moins comprises. Pourtant l’histoire du terrorisme remonte à très longtemps (Walter, 2002). Le fait même qu’il existe une telle histoire a souvent été ignoré ou même totalement supprimée. Cela tient principalement au fait que le terrorisme n’est pas apparu en tout temps avec la même intensité. En conséquence, lorsqu’il réapparut après une période de calme relatif, on a tendance à le considérer comme un phénomène nouveau, sans précédent.

La « terreur » n’est ni un programme politique, ni une idéologie, mais un moyen de parvenir à une fin (Robespierre, 1794) : le triomphe de la démocratie républicaine sur ses nombreux ennemis. « La terreur n’est rien d’autre qu’une justice prompte, sévère et inflexible [...]. Elle est moins un principe spécial qu’une conséquence du principe général de la démocratie appliquée aux besoins les plus pressants de notre pays » (Andress, 2013). Les révolutionnaires n’ont utilisé que les termes précis « terroriste », « terrorisme » ou « la terreur » plus tard, de manière hostile et rétrospective, en s’éloignant du système tel qu’il fonctionnait en France en 1793-1794 (Andress, 2013). Le mot « terreur » avait déjà de nombreuses utilisations, émotionnelles, religieuses, militaire et judiciaire (Jourdan, 2013), mais sa première utilisation date du 29 juillet 1794 : le lendemain de la guillotine de Robespierre (Baczko, 1994). Le dictionnaire de l’Académie française définit le terrorisme comme un « système ou un régime de terreur » et le terroriste comme étant : « un agent ou un partisan de la terreur qui est né de l’abus de mesures révolutionnaires » .

Donc le « terrorisme », n’était utilisé que dans le cadre et la période révolutionnaire mais ne saurait être employée à d’autres époques ou à d’autres endroits. Pourtant, les sombres souvenirs de 1793-1794 se sont imprimés sur les révolutions depuis. Le terrorisme est la bombe du mouvement révolutionnaire (Guevara, 1928-1967)). Les malentendus sur la nature du terrorisme dans les années 1970 étaient fondés, en partie, sur des raisons politiques. A l’époque, le terrorisme était avant tout une inspiration de gauche et il n’était pas surprenant que des commentateurs appartenant à la même conviction politique produisent des explications théoriques qui n’étaient, à tout le moins, pas inconvenantes pour les terroristes. On soutenait dans ces milieux que le terrorisme se produisait toujours là où il y avait de l’oppression, que les terroristes avaient un chagrin authentique et légitime, d’où la conclusion qu’une fois les griefs éradiqués, le terrorisme disparaîtrait aussi. Par conséquent, le terrorisme tel qu’il se manifeste aujourd’hui au Burkina Faso, nécessite qu’on s’interroge sur ses origines. L’idée sous-jacent étant qu’on ne peut mieux guérir un mal qu’en connaissant ses causes profondes. Après donc avoir débattu des origines du terrorisme, nous examinons cette crise sécuritaire qui sévit au burkina Faso depuis 2015.

Les antécédents du terrorisme au Burkina Faso

Il y a eu deux façons pour l’État primitif d’utiliser la terreur : la violence coercitive pour imposer une politique et une démonstration de la puissance punitive du souverain. La persécution organisée de la dissidence religieuse, quand il a imposé la Réforme protestante, toutes préfiguraient des formes ultérieures de terreur imposée par l’État, bien que les révolutionnaires français militants et laïques aient nié toute inspiration de ces modèles confessionnels (Jourdan, 2013). En effet, les révolutionnaires ont utilisé la mémoire du massacre de la Saint-Barthélemy en 1572, quand les protestants français ont été massacrés sur ordre royal pendant les guerres de religion, comme exemple effrayant de ce qu’ils voulaient éviter en vain. Au XVIe siècle, Florentin a décrit les utilisations politiques de la peur par le Prince : un prince ne devrait pas s’inquiéter d’être considéré comme cruel si cela maintenait ses sujets unis et obéissants. Idéalement, un souverain voudrait être à la fois aimé et craint, mais comme ces deux qualités ne coexistaient pas facilement, il valait mieux craindre que d’être aimé.

Se faire craindre était également l’idéologie politique du régime politique dirigé par le capitaine Blaise COMPAORE depuis le 15 octobre 1987. C’est le régime qui s’est le plus fait craindre parmi le régime qui sont se succédé au Burkina Fao. Il a pu maintenir le peuple burkinabé dans la peur, la peur d’être tué, la peur d’être éliminé, d’être empoisonné, d’être humilié, d’être agressé. Le régime COMPAORE croyait forger un nouvel ordre politique fondé sur la citoyenneté, en rejetant SANKARA comme modèle. Pour les tenants de ce régime, appuient l’idée selon laquelle « Celui qui réprime le désordre par quelques exemples manifestes sera en fin de compte plus miséricordieux que celui qui, par trop de clémence, permet aux choses de suivre leur cours et, par conséquent, de provoquer le viol et l’effusion de sang » (Machiavelli, 2008).

Machiavel justifiait ainsi la terreur comme violence démonstrative, que l’on retrouve dans la torture et l’exécution des ennemis de l’État, comme l’assassin du capitaine Thomas SANKARA le 15 octobre 1987. Michel Foucault a fait valoir que cette violence démonstrative et pénale servait comme un moyen de discipliner les sujets (Foucault, 1994). La punition est devenue moins un spectacle public, châtiant l’esprit de la victime et disciplinant le corps par des formes de peine plus routinières, comme la prison (Baker, 1987). Le régime COMPAORE a fait partie de cette transition dans les utilisations de la terreur. D’une part, il affirme sa souveraineté par la violence punitive. D’autre part, le régime a « routiné » l’oppression politique. Les exécutions n’étaient qu’une partie d’un réseau de pratiques quotidiennes de coercition, de surveillance et de mobilisation.

Une partie du « peuple » n’était plus censé être seulement des spectateurs émerveillés, mais des citoyens actifs coopérant avec la machine de la terreur. Un peuple déjà divisé qui se regarde en chiens de faïence dans la même cité. Le nom du plus puissant des organes centraux de la Terreur du régime COMPAORE, le Régiment de Sécurité Présentielle (RSP), rappelle délibérément le dicton de Cicéron selon lequel « salus populi suprema lex est » qui veut dire que la loi suprême est la sécurité du peuple (Jourdan, 2013).

La Terreur aurait été dirigée contre la conspiration révolutionnaire, qui était considérée comme l’antithèse même de la transparence républicaine à laquelle aspiraient les rectificateurs. Le régime COMPAORE a imposé ce qu’on appelle maintenant la « terreur d’État » que Arno Mayer appelle la « terreur du haut vers le bas » ou la « terreur de l’exécution » contre les propres citoyens du pays (Mayer, 2000). Certains « rectificateur » arguaient que SANKARA était un ennemi de la nation du fait même qu’il était président du Faso : « aucun homme ne peut régner innocemment », a déclaré Louis-Antoine Saint-Just. « Tout roi est un rebelle et un usurpateur ». Si, selon lui, le prétendu tyran César pouvait être tué au milieu du Sénat pour avoir contesté la liberté romaine, SANKARA, qui ne constituait pas moins une menace pour le Faso, pourrait aussi être tué (Baker, 1987).

Le régime COMPAORE a également lié le passé à l’avenir d’une autre manière fondamentale : dans le rôle joué par la masse populaire, qui a formé la seconde forme de la terreur COMPAORE. La violence populaire a commencé avec l’assassinat horrible du journaliste d’investigation Norbert ZONGO le 13 décembre 1998, à des actes de violence tels que l’invalidation de l’année scolaire 1999-2000 et la radiation des militaires en révolte. Mayer qualifie cette violence de « terreur ascendante », « spontanée » ou « primitive »(Mayer, 2000), ce qui signifie un retour aux bouleversements antérieurs, dans lesquels l’action collective visait la vengeance, le redressement des griefs, l’élimination des ennemis ou la défense des modes de vie traditionnels. Une telle violence hantait les contemporains et les générations suivantes.

Terreur d’État ou terreur « De haut en bas »

Que les gouvernements dictatoriaux avaient causé la mort de plus de gens que les terroristes était incontestable, simplement parce que le gouvernement possédait infiniment plus de moyens de coercition et de destruction. Mais qu’y a-t-il à gagner à assimiler plus ou moins (pour ne donner qu’un exemple) l’extermination nazie des juifs aux activités des terroristes russes du XIXe siècle ? La terreur d’État consistait en un réseau d’institutions officielles qui se sont développées de manière ad hoc au fur et à mesure que se développait la crise née des assassinats de Thomas SANKARA et de Norbert ZONGO. L’ancien président et leader de la révolution burkinabè a été assassiné, le 15 octobre 1987 avec treize autres personnes. Le peuple burkinabé n’avait jamais pardonné l’assassinat de celui qui est devenu une icône au Burkina et dans toute l’Afrique.

Quant au journaliste Norbert ZONGO, il a été retrouvé assassiné en plein milieu d’après-midi, le 13 décembre 1998, dans un véhicule enflammé sur la route nationale 6, près de Sapouy, dans le sud du Burkina Faso. Une macabre découverte qui va secouer le pays jusqu’à son sommet. L’assassinat de Norbert Zongo et de ses trois compagnons semble lié à une enquête, entamée depuis presque un an. En 1998, le journaliste (qui écrivait sous le pseudonyme de « Henri Segbo ») travaille sur l’incarcération arbitraire de David Ouedraogo au Conseil de l’Entente, une caserne militaire. Le jeune homme, ex-chauffeur personnel de François Compaoré (le frère cadet du président), avait été accusé de vol à l’encontre de Salah Compaoré, la femme de ce dernier.

Le 18 janvier 1998, David Ouédraogo décède dans les locaux de l’infirmerie de la présidence burkinabè, officiellement « de sa maladie », selon le médecin-chef présent. Pour le journaliste Norbert ZONGO, l’affaire est trop trouble pour qu’il s’agisse d’une mort naturelle. Le chauffeur du frère du chef de l’État ne serait pas décédé des suites d’une maladie, mais à cause de tortures infligées par des hommes du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP).

Une autre terreur d’Etat s’est abattue sur les élèves et étudiants par le régime COMPAORE. A l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire sur la crise universitaire le vendredi 6 octobre 2000, le gouvernement burkinabé a « invalidé » l’année académique 1999-2000, décidé de fermer l’université de Ouagadougou, dissout les facultés, nommé un nouveau chancelier et suspendre les prestations de service du CENOU. Une terreur jamais égalée sur les étudiants qui a forcé beaucoup d’étudiants à abandonner les études. Cette invalidation de l’année universitaire a eu pour corolaire le chevauchement des promotions de bacheliers et le bouleversement des années scolaires jusqu’aujourd’hui.

La mort de Justin Zongo, élève de Koudougou, apparemment lynché par les policiers dans le poste de police de Koudougou et une autre terreur d’Etat qui a déclenché de la révolte. La jeunesse se soulève à partir du 21 février, après sa mort. Cette affaire succède à plusieurs cas similaires. La police affirme qu’il est mort d’une méningite et réprime en tirant sur les manifestants, qui incendient le gouvernorat de la province. Les manifestations des élèves se succèdent du 22 au 24 février, soutenues par les commerçants et les ouvriers. Très rapidement, la répression déterminée fait sept morts. Le 28 février, la révolte s’étend avec la mise à sac des commissariats de Koudougou, Réo et Léo (dans cette dernière localité, les manifestants délaissent la gendarmerie, les gendarmes jouissant d’une certaine estime). Des émeutes ont aussi lieu à Poa, Ouahigouya, et à la capitale Ouagadougou.

L’assassinat de Norbert ZONGO et l’invalidation de l’année universitaire sont à la base du débat sur la raison pour laquelle le régime COMPAORE est tombé dans la terreur. Les manifestations consécutives à ces événements imposaient des mesures extraordinaires au régime. Il a donc développé des théories sophistiquées de la terreur pour défendre leurs politiques. Les juristes du régime, entre autres, soutenaient que la terreur n’était pas tant illégale qu’extra-juridique, non inconstitutionnelle, mais applicable dans des circonstances où la règle constitutionnelle normale était dangereuse pour la survie même du Faso nouveau. De toutes les façons, « La protection sociale, n’est due qu’aux citoyens pacifiques » (Robespierre, 1794).

La terreur du peuple ou Terreur « ascendante »

La mort de Norbert ZONGO déclenche aussitôt une mobilisation sans précédent au Faso. Les membres de la société civile (des étudiants notamment) organisent manifestations et grèves dans les jours qui suivent. C’est la première fois que le régime de Blaise vacille : sous la pression populaire, le gouvernement crée une Commission d’enquête indépendante (CEI) censée faire la lumière sur le quadruple assassinat. Elle désignera plusieurs « suspects sérieux », membres du RSP, dont notamment le chef de ce dernier, Gilbert Diendéré. D’un autre côté, les mesures économiques et le RSP formaient la jonction entre la terreur d’État et la terreur du peuple. L’Etat voulait préserver la République et forger un ordre civique basé sur la citoyenneté et la vertu républicaines, tandis que le peuple cherchait une forme plus directe de démocratie pour défendre leurs intérêts économiques et social.

Selon Andress (2013), la violence populaire était un élément fondamental et constitutif du processus, au service des objectifs des politiciens. Il y avait donc une symbiose, bien que lourde, entre les terreurs « d’État » et « populaires », chacune trouvant dans l’autre un usage politique, encourageant l’action populaire et en même temps augmentant l’échelle de la violence d’État (Dillinger, 2015). La confrontation des deux terreurs (Etat et peuple) se solde souvent par le premier. « Soyons terribles, a dit Danton, pour empêcher les gens d’être eux-mêmes terribles (Andress, 2008). Cependant la confrontation des 30 et 31 octobre 2014 a tourné à l’avantage du peuple.

La plus intense terreur du peuple s’est manifestée lorsque Blaise COMPAORE tentait de modifier la constitution pour se représenter à l’élection présidentielle pour un quatrième mandat. Le 28 octobre 2014, un million de manifestants (selon les organisateurs) défilent dans les rues de la capitale Ouagadougou à l’appel de l’opposition, pour protester contre l’amendement de l’article 37 de la constitution burkinabè limitant le nombre de mandats. Le projet de loi avait été annoncé le 21 octobre 2014. Les jours qui suivent sont ponctués de manifestations et d’affrontements avec les forces de l’ordre, contre ce qui est perçu comme un « coup d’État constitutionnel ». Les syndicats appellent à une grève générale le 29 octobre 2014, alors que l’amendement doit être débattu à l’Assemblée nationale le lendemain.

La journée du 30 octobre 2014 marque un tournant dans l’enchaînement des évènements. Des dizaines de milliers de manifestants descendent dans les faubourgs de Ouagadougou, et convergent vers des bâtiments symboliques du pouvoir. La police utilise des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser la foule, mais ils parviennent à outrepasser les cordons de police et pillent ou incendient plusieurs édifices gouvernementaux dont le siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (parti du président Blaise Compaoré), ainsi que les domiciles de dignitaires du régime. Une partie de la foule se dirige également vers le palais présidentiel de Kosyam, placé sous haute protection.

Pendant ce temps, l’armée tire à blanc sur les quelque 1 500 manifestants qui prennent d’assaut l’Assemblée nationale alors que les députés venaient d’y entrer pour siéger. Après que ces derniers ont été exfiltrés in extrémis, les manifestants brûlent des documents et volent du matériel informatique, tandis que sont incendiés plusieurs véhicules situés à l’extérieur. Une partie du bâtiment est incendié et détruit, sauf la chambre principale qui n’a pas été atteinte. De nombreux députés ont dû se réfugier dans un hôtel proche.

La garde présidentielle tire à balles réelles sur les manifestants attaquant le domicile de François Compaoré au bord du boulevard Charles de Gaulle, causant au moins la mort de trois civils. Les bâtiments de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina sont envahis par les manifestants. Étant la télévision d’État, des manifestants posent avec le présentateur du journal télévisé du soir, pendant que des soldats se déploient à l’extérieur des bâtiments pour les défendre de la foule. Cinq personnes ont été tuées pendant les affrontements de la journée.

De violentes manifestations ont également éclaté dans la deuxième ville du pays, Bobo-Dioulasso, incluant le renversement de statues et le saccage des locaux du parti du pouvoir dans cette ville. Les manifestations se sont aussi étendues à Ouahigouya, dans le nord du pays. L’aéroport de Ouagadougou a été fermé, causant l’annulation de tous les vols. Le 31 octobre 2014, le président Blaise Compaoré démissionne. C’était la fin du régime COMPAORE qui a gouverné le pays pendant 27 ans.

Le jour qui ont suivi l’insurrection ont été les plus lamentables pour les partisans de Blaise COMPAORE. Les hommes resté fidèles au président COMPAORE ainsi que les militants du CDP ont été des « persona non grata » dans tout le pays. Ils sont ainsi exclus de tous les domaines de la vie politique, économique et sociale sauf ceux qui ont retourné leur veste pour le MPP. Ainsi les anciens camarades politiques d’hier sont devenus des adversaires aujourd’hui. Cette insurrection a révélé à chaque burkinabé qu’il vivait avec son ennemi sans le savoir. Chaque burkinabé vivait avec une rancune au cœur contre son prochain. Un désir de vengeance se cachait dans le cœur de chaque burkinabé et il ne manquait que les armes. Des burkinabés sont prêts à prendre des armes pour tuer leurs frères à cause du pouvoir d’Etat. Ce pouvoir d’Etat qui leur permettait de mener une vie de luxe insultant. Pour certains, sans l’exercice de ce pouvoir d’Etat, il serait mieux que le pays n’existât pas. Il s’agit là de la source du terrorisme suicide déclenché depuis 2015.

La terreur « ascendante » et la « terreur anarchique » intensifié entre les deux camps politiques pour le contrôle du pouvoir d’Etat n’a pas permis au camp MPP qui était au pouvoir de garantir la sécurité et la paix au peuple burkinabé. Les deux camps politiques ont passé leur temps à s’accuser, à s’en vouloir et à se venger. Ce qui a obligé l’armée à s’ingérer dans la gestion du pouvoir politique à travers des coups d’Etat dans le but de ramener la paix et la sécurité dans le pays.

Au fait qu’est ce qui a pu opposer les fils et filles d’un pays les uns contre autres ? La réponse apparente n’est que la politique. Mais la politique n’est-elle pas un prétexte ? En réalité, les Burkinabé s’en voulaient les uns aux autres depuis l’assassinat du père de la révolution. Sinon rien ne peut justifier une telle haine. Toutefois cette haine a été amplifiée, cultivée et entretenue par les politiciens avides du pouvoir d’Etat sous le regard coupable de la société civile et des communautés religieuses. Chaque camp politique ne voyant que l’appareil d’Etat comme le seul moyen de se réaliser par l’acquisition des biens de luxe et d’une vie de luxe. Et pour y parvenir, chacun est prêt à sacrifier son frère. Ainsi une éducation de haine est menée par les militants de chaque camp contre ceux de l’autre. Il n’est donc pas inexact d’affirmer que le terrorisme burkinabé à une origine historique qui a atteint son paroxysme avec l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014.

L’insurrection est une forme de terrorisme au regard de la terreur populaire contre les tenants du pouvoir de l’époque. Ces derniers ont subi une telle terreur que certains ont perdu la vie, d’autres ont dû quitter le burkina Faso abandonnant tous leurs biens chèrement acquis. Il a fallu cette insurrection pour que les burkinabés sachent qu’ils se haïssaient à cause de l’argent et du désir du luxe. Il a fallu cette insurrection pour que le burkinabé se rende compte que le voisin avec qui il rit chaque matin, le collègue avec qui il partage le même bureau, l’ami avec qui il partage souvent la bière, peut le tuer pour assouvir son désir de mener une vie luxueuse. La graine du terrorisme était ainsi bien plantée dans le cœur de chaque burkinabé avec cette insurrection. Avec les cœurs bien endurcis, prendre les armes contre ses frères n’était qu’une suite logique d’où les attaques armées sur tout le territoire burkinabé.

Voies possibles de résolution du terrorisme au Burkina Faso

L’investigation théorique des origines du terrorisme au Burkina Faso, montre qu’une réconciliation sincère des Burkinabé est une autre solution au terrorisme burkinabé. S’il y’a une entente entre les burkinabés, aucun ennemi ne pourra s’interposer entre eux. Il faut alors des actions fortes de réconciliation pour l’apaisement des cœurs meurtris suite aux torts causés par des burkinabé à des burkinabés à l’occasion du l’insurrection populaires et des différents coups d’Etat. Par conséquent, une voie de résolution passe par les actions suivantes :

a. La mise en place d’un gouvernement de réconciliation et de combat

La création d’un exécutif fort et réactif avec prioritairement deux rôles. Le premier était de superviser l’effort de guerre, la politique étrangère, les armées et les autres actions du gouvernement, tandis que le second est de contrôler la sécurité intérieure et la réconciliation des burkinabés entre eux. Ce gouvernement doit avoir une veille permanente sur la bonne gouvernance et la réparation des torts causés aux burkinabés par d’autres burkinabés.

b. Un pouvoir législatif de réconciliation et de combat

Les députés doivent se déployer dans les provinces pour mobiliser les citoyens en faveur de l’effort de guerre et aider à réprimer tout acte terroriste. Ils doivent aussi légiférer sur les délivrances des certificats de civisme, des papiers d’identité attestant le patriotisme du titulaire et sans lesquels aucun citoyen ne peut occuper une charge publique, et trouver du travail. Ils doivent voter des lois qui définissent ceux qui, par leur conduite, leurs relations, leurs déclarations ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie, du fédéralisme et ennemis de la liberté comme des suspects ennemis de la nation. Ces suspects subiront la peine de morts.

c. Des gouverneurs d’action et de combat

Les gouverneurs doivent accompagner le retour des déplacés internes dans leur localité d’origine par l’aménagement des champs collectifs régionaux, provinciaux, et communaux. Ce qui va sans doute rassurer les populations du retour de la sécurité et en même temps contribuer à l’autosuffisance alimentaire dans chaque région. Les gouverneurs doivent aussi amener les citoyens à jouer un rôle important dans le maintien de la sécurité dans la région. Ils doivent notamment faire des dénonciations et donner des renseignements sur les « suspects ».

Il y a une distinction à faire entre « dénoncer » et « informer ». « Informer » se fait dans le secret et peut donc avoir des motifs personnels, mais la « dénonciation » est le devoir de tous bons citoyens, l’expression de leur vigilance pour le bien public. Les gouverneurs doivent sensibiliser les citoyens afin qu’ils sachent qu’en scellant leur travail avec leur sang, ils verront au moins l’aube du bonheur universel. Pour ce faire, tout burkinabé qui veut la libre poursuite du bonheur, doit accepter verser le sang pour y parvenir.

ZABSONRE Zacharia
Chef de service de la recherche appliquée de l’ENAREF
Doctorant en sciences économiques
Tel : (+226) 70 81 87 82

P.-S.

Reference
1. Walter Laqeur (2002). A history of terrorism. Transaction Publishers, New Brunswick, New Jersey. United States of America.
2. Richard T. Bienvenu, ed.(1968). The Ninth of Thermidor : The Fall of Robespierre. Oxford University Press. New York.
3. David Andress (2013). The Course of the Terror, 1793–94. in A Companion to the French Revolution, ed. Peter McPhee Wiley-Blackwell. Malden, MA.
4. Annie Jourdan (2013). Les discours de la terreur à l’époque révolutionnaire (1776–1798) : Étude comparative sur une notion ambiguë. French Historical Studies 36, no. 1.
5. Bronislaw Baczko (1994). Ending the Terror : The French Revolution after Robespierre. Cambridge University Press. Cambridge.
6. Dictionnaire de l’Académie française(1798). Paris.
7. Niccolò Machiavelli (2008). The Prince. Cosimo. New York.
8. Michel Foucault (1994). Discipline and Punish : The Birth of the Prison. Vintage. New York.
9. Keith Michael Baker, ed.(1987). The Old Regime and the French Revolution University of Chicago Press. Chicago.
10. Arno Mayer (2000). The Furies : Violence and Terror in the French and Russian Revolutions. Princeton University Press, 2000. Princeton, NJ.
11. David Andress (2008). La violence populaire durant la Révolution française : révolte, châtiment et escalade de la terreur d’État. in Les politiques de la Terreur (1793–1794), ed. Michel Biard .Presses Universitaires de Rennes. Rennes.

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 mai 2023 à 16:32, par Sheikhy En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

    Au moins quelque chose de correct à lire depuis un bon moment. Sinon, les NAB (pour qui j’avais et je pense que j’ai un gros estime) Damiss, Lookman etc sont dans des postures qui ne reflètent ce qu’ils représentent. Je répète maintes fois que je ne suis pas un pro IB, ni un pro quelqu’un ou quelque chose. Je suis un pro Burkina. On ne pourra pas avancer si on ne cerne pas et ne traitons pas les maux pays incluant le terrorisme. L’analyse est à 80% exactement ma pensée. Si nos intellectuels pour travailler sur ce sujet en incluant le rapport de Zeph, on aura une belle feuille de route pour nous reconstruire parc qu’on a du pain sur la planche. Quand je vois certaines sorties, il est clair que beaucoup de personnes ne sont pas prêtes à abandonner leurs pratiques et leurs ambitions. Raison pour laquelle, il faut donner de la forme et de la légitimité afin de pouvoir démasquer et débarquer clairement ceux qui veulent faire couler le bateau. Sinon, à l’llure ou on va, j’ai bien peur pour le Capitaine. Il y a trop de forces et d’intérêts en jeu et l’intérêt du pays semble être résiduel pour beaucoup.
    Pour ma part, merci beaucoup Mr Zakaria Zabsonré pour cette contribution et cette bouffé de lucidité.

  • Le 16 mai 2023 à 16:37, par La Grande Kady En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

    ZABSONRE Zacharia, vous êtes à coté de votre sujet surtout que vos références les plus récentes sont vielles et datent de 10 ans !
    Vous, en tant que doctorant en économie, il serait intéressant pour votre sujet, de mettre le focus sur la pauvreté abjecte au Burkina, la corruption, la mauvaise gouvernance, l’absence d’état de droit , le manque perspective qui fait que beaucoup de jeunes peuvent basculer facilement dans les actions violentes.

  • Le 16 mai 2023 à 16:49, par Jean le celeste En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

    Désolé mais cet écrit n est pas un article le contenu ne reflète pas pas du tout le titre et je ne vois point une plus value à ce que que le commun des Burkinabé connaît en matière de terrorisme dans son pays.
    Qu est ce qu une investigation ? Ce n est certainement pas un ramassis d informations couronné par une liste de sources.
    Burkinabé !SVP ! laissons chacun faire ce qu il sait le mieux faire. L amateurisme nous perdra !!!

  • Le 16 mai 2023 à 17:33, par Sacksida En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

    Sur la question du Terrorisme et du Grand Banditisme Desastreux au Burkina Faso et dans le Sahel, rappelons-nous de la Denonciation du President Thomas Sankara a la Tribune des Nations Unies :"La cause des evenements Tragiques qui secouent et brulent le Monde depuis la fin du siecle dernier jusqu’a nos jours ; provient du fait que le Monde est transforme en Cirque ; ou certaines grandes puissances et petites puissances imperialistes soutiennent des bandes armees, soumises aux Violences, aux Pillages et qui organisent d’ignobles trafics et des Fusils aux mains Criminelles"
    Cela veut dire que les Causes Structurelles du Terrorisme et du Grand Banditisme Desastreux relevent des aspects Internes et Externes que l’on ne peut occulter pour bien comprendre la profondeur du Sujet. En clair, l’Imperialisme et le Neocolonialisme et leurs suppots locaux Africains dont l’Islamisme Radical, profitant de la pauperisation des populations locales, due a la mauvaise gouvernance et de gestion publique scandaleuse ; leurs vendent des illusions de vies meilleures a travers des Corruptions Endemiques et des Achats de Consciences. Depuis longtemps, l’Organisation du Monde a travers des Institutions Internationales confine l’Afrique au seul role de Fournisseurs de Matieres Premieres destinees aux Industries Economiques de l’Occident Imperialistes. Ainsi tous les Resistants ou Gouvernements a tendance Revolutionnaire ou Progressiste contre la Mondialisation Economique et INJUSTE sont combattus par tous les moyens tels que le Terrorisme et le Grand Banditisme Desastreux ou provoquent des Guerres INJUSTE ; pour continuer leurs Pillages des Ressources Economiques de l’Afrique. Cet article ne souligne que les Causes Internes Possibles du Terrorisme et du Grand Banditisme Desastreux au Burkina Faso. Sinon demandez vous pourquoi depuis longtemps, au moins une douzaine d’annees, malgre des bases militaires Occidentales dotees des Equipements Militaires et Securitaire Adequats Modernes le Phenomene Terroriste ne fait que se propager et que les Terroristes sont Finances a coups de Centaines de Millions ou meme de Milliards ? C’est pourquoi, nous avons toujours prone la Revolution Democratique et Sociale continuelle pour lutter efficacement contre toute forme de Domination Imperialo Neocoloniale et Liberer l’Afrique. Salut
    .
    .
    .

    .
    .
    .

  • Le 16 mai 2023 à 17:50, par Naaba En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

    Dans sa contribution, comme l’indique le titre, l’auteur veut décrire et analyser le terrorisme au Burkina, ses origines, ses manifestations et proposer des solutions. Malheureusement, il mélange tout : la Terreur née de la Révolution française de 1789, un épisode de la guerre de religions en France, un exposé chronologique de certains événements qui ont fait l’objet de répression par le pouvoir brutal de Blaise Compaoré et la tentative de manipulation constitutionnelle qui a entraîné sa chute en octobre 2014, etc. L’auteur aligne des citations et fait de l’événementiel plutôt que d’analyser le terrorisme actuel auquel le Burkina est confronté. Rien n’est dit sur une proposition de stratégie antiterroriste, ce qui aurait permis à l’auteur de parler de développement, défense, amélioration de la gouvernance, etc. Enfin, le style n’est pas soutenu et il y a un problème de concordance de temps. Dans le texte, le présent, l’imparfait, etc, tout est mélangé sans tenir compte du contexte des évènements relatés.

    • Le 17 mai 2023 à 08:21, par Sheikhy En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

      Je suis d’accord et je n’ai pas tout lu. Mais ce qui est important, c’est la contribution et l’essai. Nos intellectuels doivent suivre cette fois en faisant mieux et je sais qu’ils sont capables.

  • Le 17 mai 2023 à 05:56, par Adakalan En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

    Totalement a côté de la plaque. Aucun fil fil conducteur. C’est comme si on mettait du piment, sel, sucre, lait, muel, et du sable dans une bouillie. Donc difficile a avaler. Je vous invite a ordonné vos idées pour mieux vous faire comprendre. Sinon tu sera un docteur en carton ,cad de nom.
    Conseil d’un esclave

  • Le 17 mai 2023 à 12:23, par Danton En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

    Merci mon frère pour cet effort de reflexion. Mais je pense que vous êtes à coté de la plaque. Notre terrorisme n’est pas celui que vous venez de développer. Sinon tous les togolais seraient des terroristes. Eux qui ont vécu pire et continuent de subir sous les Eyadema. La Tunisie, le Soudan, le Congo, etc vivraient le terrorisme pire que nous.
    Je pense que que le terrorisme a été conçu par des gens pour nous détruire simplement. Il se nourrit de la pauvreté et d’un certain sentiment d’exclusion. Orienter vos radars sur la pauvré comme cause du terrorisme. Nous en serons plus édifiés.

  • Le 17 mai 2023 à 17:22, par Faayasoma En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

    Je suis d’accord avec les commentaires qui invalident ce texte.
    Dans le sens d’une explication de la cause du terrorisme au Burkina Faso.
    Il dit des choses exactes mais hors sujet.
    Mais bon c’est ce qu’il pense et il a la chance de pouvoir l’exprimer librement !

  • Le 20 mai 2023 à 16:31, par Sawadogo laya En réponse à : Les origines du terrorisme : Cas du Burkina Faso

    Quel cafouilli...je me demande comment l ecole doctorale de l enaref a pu autorier la soutenance d un memoire dont le developpement est complement hors sujet par rapport au theme annonce !!! L auteur se contente de juxtaposer des faits disparates dont aucun ne presente de rapport avec le terrorisme que subit actuellement le burkina !!! En quoi la violence du regime de blaise compaore peut etre consideree comme une source du terrorisme actuel ? En quoi l invalidation de l annee academique 1999 -2000 peut elle etre une des causes du terrorisme que le burkina subit actuellement ??? Que l auteur doive absolument reprendre sa copie est une evidence mais les administrateurs ne devraient meme pas autoriser la parution d un tel amalgame.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique