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Politiques publiques et société civile au Burkina : Luther Yaméogo préconise l’institutionnalisation du contrôle citoyen dans sa thèse de doctorat

Publié le mercredi 22 mars 2023 à 21h30min

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Politiques publiques et société civile au Burkina : Luther Yaméogo préconise l’institutionnalisation du contrôle citoyen dans sa thèse de doctorat

L’ancien directeur de l’ONG Diakonia, Luther Yaméogo, a soutenu sa thèse de doctorat le 30 janvier 2023 à Global Business School de Barcelona (Espagne). Une thèse réalisée, en partenariat avec des universités et instituts affiliés au Canada, en France, aux Etats-Unis et en Côte d’Ivoire. A l’issue de sa présentation, le titre de Docteur ès Affaires Internationales lui a été décerné, avec la mention très honorable et les félicitations du jury.

« Apogée et périgée de la société civile comme acteur d’influence des politiques publiques au Burkina Faso : L’institutionnalisation du contrôle citoyen de l’action publique par la redevabilité et la digitalisation comme catalyseur de croissance inclusive ». C’est ce thème ci-dessus que Luther YAMEOGO a soutenu sa thèse de doctorat en affaires internationales au terme d’un parcours académique entamé en février 2020. Son travail de recherche a été mené à travers quatre axes d’analyse.
Le premier point de son travail a porté sur le paradigme de la société civile comme acteur des politiques publiques et les modes d’influence de la société civile dans les politiques publiques nationales et internationales.

Le deuxième sur les mécanismes opérationnels et empiriques de l’influence citoyenne de l’action publique au Burkina Faso qui ont été mis en exergue, et en parallèle avec ses capacités contributives dans l’économie régionale et internationale.
Le troisième axe aborde les défis de l’institutionnalisation de la société civile afin de capter, de documenter et d’envisager un passage à l’échelle structurant de cette contribution, suivant des modèles-types de coopération internationale au développement et de partenariats horizontaux.

Le cinquième et dernier point se penche sur l’analyse de l’engagement d’institutions multilatérales de développement avec la société civile pour rationaliser, rendre plus éthiques les affaires internationales des leviers et adjuvants de sa valeur ajoutée. Et ce, en mesurant et en identifiant sa contribution à la bonne gouvernance, à la redevabilité et à la croissance inclusive.

Selon lui, l’innovation technologique et le recours à l’économie numérique offrent avec les chantiers de reconstruction post-Covid19, des pistes pour une trajectoire cohérente du rôle cardinal de la société civile et surtout la durabilité de son apogée. Car son irruption dans les affaires publiques, voire dans les affaires internationales, ouvre le champ à de nouvelles perspectives, dont la mesure de son impact sur la prospérité économique n’est pas le moindre.

L’analyse de l’apogée, du périgée, mais aussi du défi identitaire propre à la SC permettent d’appréhender ces nouvelles normalités.
Et de son analyse, il ressort qu’il s’agit ici de sortir de l’incapacitation chronique, de proscrire la décapacitation programmée et infléchir la malcapacitation par action ou par ignorance, pour amorcer une recapacitation holistique ancrée sur un écosystème favorable et des valeurs pérennes.

Les politiques publiques privilégiées dans le cadre de cette recherche sont celles considérées prioritaires pour le développement économique et social, à savoir l’éducation, la santé, l’eau-l’hygiène-l’assainissement, la sécurité et le postulat de l’environnement favorable à l’essor économique et de la démocratie.

Dans le cas du Burkina Faso, la perception que les indicateurs de croissance partagée, d’inclusion de tous les acteurs et d’équité sont des éléments fondamentaux du développement économique, ne fait que s’amplifier. La presse burkinabè, les organisations travaillant sur la démocratie et les droits humains, les organisations et ONG de développement sont porteurs de dynamiques de changements profonds comme l’a révélée la recherche à travers les cas pratiques proposés.

En tout état de cause, le contrôle/suivi citoyen de l’action publique s’avère reconnu, consolidé et capital comme le démontrent quelques conclusions de notre travail. En un mot, les citoyens ont le droit de participer à l’action publique, d’être impliqués dans la conception des politiques publiques et aussi ont le droit et le devoir de contrôler l’action des dirigeants et de leur demander des comptes.

Les dirigeants ont pour leur part l’obligation de rendre compte de leur gestion des affaires publiques et le suivi citoyen est un moyen d’améliorer la qualité des politiques publiques et d’impulser le changement. Le dernier aspect montre que l’influence des politiques publiques permet de fertiliser le dialogue, entre les acteurs de la gouvernance démocratique, par une mutuelle redevabilité.

La théorie du changement prônée par des OSC autour d’organisations internationales comme Diakonia, a permis à celles au Burkina Faso, de générer des changements profonds qui ont connu une apogée à des moments critiques de la vie politique, économique et sociale.

Pour ce faire, la capacitation a été conceptualisée et opérationnalisée avec une visée utilitaire, une perspective holistique et une démarche intégrée (environnement favorable, dimensions plurielles, formations en adéquation avec les besoins, motivations et habilitations…). Et tous les efforts ont convergé dans ce sens au renforcement des capacités des OSC, en les mettant en dialogue avec le secteur privé et l’Etat pour susciter une dynamique favorisant l’échange de bonnes pratiques, mais surtout en inscrivant les changements souhaités dans un référentiel de politiques publiques.

Des expériences plébiscitées comme celles de l’Association monde rural, les Espaces de dialogue et d’interpellation communautaire (EDIC) et le Centre d’information et de formation sur le budget (CIFOEB). Toutes ces expériences d’organisations crédibles permettent de dire que la société civile est devenue un acteur incontournable dans le développement démocratique. D’autres intervenants dans les politiques publiques relatives à l’eau, l’hygiène, l’assainissement ou encore la sécurité alimentaire, l’emploi des jeunes, permettent d’y rajouter un label économique.

Parlant des insuffisances relevées dans le cadre de son travail, il a parlé du défi identitaire immanent à la SC, le rôle incompris de certains leaders devenus des entrepreneurs politiques, la nature hétéroclite de la SC, ses fonctions manifestes et latentes, mais aussi son cadre institutionnel et opérationnel, ont été questionnés. « L’insuffisance organisationnelle et institutionnelle de certains de leurs leaders/managers limitent encore le potentiel de la SC à transcender ses faiblesses, et à devenir une force de proposition dans la prise de décision, dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques », a-t-il expliqué.

Des éléments ont néanmoins été identifiés pour institutionnaliser l’investissement de la SC dans l’espace public, interroger la durabilité de la capacitation pratique et opérationnelle et sonder la soutenabilité des changements induits. Des cadres de dialogue référentiels comme « Africapacités » ont été présentés comme de véritables creusets de capacitation, d’habilitation, d’autonomisation et de prospective permettant à la SC de poursuivre durablement son processus de maturation, et d’influencer les futurs possibles, par son engagement continu dans la réflexion stratégique et la prospective.

Par ailleurs, il est avéré que dans une certaine mesure, l’implication de la société civile dans les politiques publiques de développement contribue à optimiser les ressources et les dépenses, améliorer les résultats et l’efficacité par la transparence et la redevabilité, diversifier la création de richesse en exploitant les ressources locales. La société civile contribue alors à accroître la croissance économique sur le continent et surtout, à améliorer les conditions de vie des populations en Afrique pour un développement inclusif.

Sa recherche a aussi relevé un lien entre la qualité institutionnelle mesurée à travers l’efficience, la performance et la croissance économique. Et c’est en cela que plus la qualité institutionnelle est élevée, plus la croissance est stable dans un pays.
C’est pourquoi, il s’agirait moins d’un déclin que d’une mutation de la citoyenneté qui s’organise surtout autour d’un principe de défiance.

Le recours à la digitalisation, à la proactivité et à l’innovation reste quant à elles également incontournables pour la participation, la transparence, la redevabilité, l’appropriation sociale et l’impact de l’action citoyenne sur les politiques publiques de développement. Cette dynamique de capacitation de la société civile postule qu’elle reste l’ayant-droit, l’ayant-cause et aussi l’essence des politiques de développement, en tant qu’émanation de la voix des citoyens.

L’intérêt de cette analyse prospective réside dans le fait qu’elle présente moins de risques et plus d’avantages, surtout dans la mesure où elle fonctionne comme un rétroprojecteur dont le faisceau lumineux sert à éclairer le présent plutôt qu’à discerner ce que sera effectivement l’avenir. Cette démarche qui s’inscrit dans une visée utilitaire permet de garder le curseur capacitatif sur la fluorescence d’idées croisées, à même d’améliorer les conditions de vie des populations en Afrique.

L’impétrant a terminé sa présentation en préconisant des applications conjoncturelles et structurelles des produits de sa recherche. Ainsi, pour lui, de l’apogée à la durabilité, en passant par le périgée, le cap de l’institutionnalisation du contrôle citoyen de l’action publique par la redevabilité et les dividendes de la 4è révolution industrielle comme catalyseur de croissance inclusive, dans un environnement démocratique idoine, doit être tenu et aiguillé par une introspection.

Synthèse de Lefaso.net
Crédit photo (l’impétrant)

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