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62e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso : " Nous n’avons pas encore construit un État, encore moins une nation", estime Ousmane Ted Tuina DJIGUEMDÉ

Publié le dimanche 11 décembre 2022 à 12h40min

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62e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso :

Dans cette analyse publiée sur sa page Facebook à l’occasion du 62e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, l’essayiste Ousmane Ted Tuina Djiguemdé estime que nous n’avons " ni construit un État, a fortiori une nation, ni construit un citoyen, a fortiori un citoyen intègre".

Un Lion, ça rugit quelques fois. Et ce Lion va rugir ce matin
Depuis je ne parle pas mais aujourd’hui je vais parler.

Je crois qu’il faut que les gens soient logiques un jour. On n’a ni construit un État, a fortiori une nation, ni construit un citoyen, a fortiori un citoyen intègre, depuis l’accession à l’indépendance. Depuis 1919, la France a forcé des peuples à cultures différentes, mécanismes de gouvernance différents, réalités sociologiques différentes à vivre ensemble. En 1958 déjà, les premières difficultés ont commencé à se présenter.

Donc la priorité en 1960, c’était déjà de se poser ces questions basiques : quel type d’État voulons nous ? À partir de là quel modèle de citoyen devrait l’habiter ? Comment l’obtenir ? Quel secteur d’activité avait la charge de le fabriquer et avec quels référents nationaux, mais surtout quelle devrait être la contribution de chacun des habitants du territoire pour avoir ce modèle de citoyen et d’État ?

On a échoué là-bas. Et là où on a échoué, la révolution a tenté avec sa méthode et son niveau de connaissance de l’époque d’y arriver. Donc arrêtons ce mauvais procès à cette démarche.

Puis vint la rectification qui a saccagé le capital de fabrication du citoyen intègre en bradant le système éducatif à partir de 1990 avec l’introduction des P.A.S pour programmes d’ajustement structurel où on avait soutenu et défendu l’argument que l’éducation est un secteur improductif !

Aujourd’hui nous découvrons que c’était une arnaque parce que c’est bel et bien l’éducation qui fabrique l’information et le mécanisme de son cycle de vie ! Mieux, on découvre que l’information est la ressource capitale dans l’action publique, au-delà de toutes les autres ressources, même celle financière, puisque c’est encore elle qui fabrique et fait vivre la ressource financière. Or l’information dort dans la culture et la maîtrise de la dynamique culturelle.

Aujourd’hui, on n’a plus besoin qu’on vienne nous apprendre que nous sommes sur le mauvais chemin. Nous le savons déjà.

Proclamer l’intégrité ne nous conduira pas à l’intégrité tant que nous ne faisons en sorte de concilier nécessité éducative et dynamique culturelle, pas celle qui nous éblouit de son leurre folklorique ou de ses attributs passéistes anachroniques, mais celle qui s’inscrit dans un cycle de vie culturelle normal qui s’enrichit de multiculturalité et de partage. Même nos ancêtres les plus immémoriaux nous avaient montré ce chemin. Alors pourquoi s’obstiner dans des erreurs puériles ?
Bonne fête de l’indépendance.

Ousmane DJIGUEMDÉ, 11 décembre 2022.

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=pfbid0BuAy4GjHWPThrrwMRzyUZidyZBgf95GjuiQDbp8DD5mZ4s2phLd8ns74NvExrUDfl&id=1156503999&mibextid=Nif5oz

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Vos commentaires

  • Le 11 décembre 2022 à 13:04, par Barou En réponse à : 62e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso : " Nous n’avons pas encore construit un État, encore moins une nation", estime Ousmane Ted Tuina DJIGUEMDÉ

    MERI ! MERCI ! MERCI ! MERCI !
    VOICI UN BURKINABE AU MOIN QUI SAIT ANALYSER ET RAISONNE.
    IL FAUT VRAIMENT ETRE UNE NATION D ABORD ET AUSSI ON CELEBRE UNE INDEPENDENCE QU ON A LUTTE ET COMBATU POU L AVOIR.
    NOS SOIT DISANT INDEPENDENCE MENDIÉ ET LE LECHE CUT DU BLANC POUR DIRE QU ON EST INDEPENDENCE.
    ENCORE NOS QUI NE SONT MEME PAS CAPABLE DE REGLER UN PROBLEME INTERNE SANS LA FRANCE C EST ENCORE NOUS QUI PARLONS D INDEPENDENCE.
    JE PENSE QUE L AFRICAIN EN REALITÉ DOIT SEULEMENT ETRE LE SUJET DU BLANC

  • Le 11 décembre 2022 à 22:09, par Jeunedame seret En réponse à : 62e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso : " Nous n’avons pas encore construit un État, encore moins une nation", estime Ousmane Ted Tuina DJIGUEMDÉ

    Nous sommes toujours reconnaissants à ceux qui nous dévoilent les insolences politiques ou autres effronteries bêtises sociales. Mais avec des traitements ou remèdes de grand-mère. Ou bien Mr T.T. DJIGUEMDÉ ? Vous auriez plus raison si vous nous aviez bien défini nos failles avec des solutions de sortie en français facile. Mais grand merci, on prend note ; pour bien gérer nos enthousiasmes de fête car vous dites que « Aujourd’hui, on n’a plus besoin qu’on vienne nous apprendre que nous sommes sur le mauvais chemin. Nous le savons déjà. ..... Bonne fête de l’indépendance. » Dans ce cas de figure il serait mieux de signer Bonne Fête de carence, de négligence ou d’impudence ! Logique non ? Merci pour votre ouverture d’esprit !

  • Le 12 décembre 2022 à 13:36, par Ollo En réponse à : 62e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso : " Nous n’avons pas encore construit un État, encore moins une nation", estime Ousmane Ted Tuina DJIGUEMDÉ

    Moi, je suis en partie d’accord avec Monsieur Djiguemdé. Mais comment corriger nos erreurs et aller sur le bon chemin. Primo, il faut donner un contenu aux concepts utilisés et vulgariser ces contenus. Quand on parle de pays, nation, peuple, corruption, démocratie, etc. il s’agit de quoi ? Quels sont les avantages, les conséquences et le prix à payer ? Ceci est très important pour éviter que des burkinabè, par ignorance, ne soient utilisés contre leurs propres frères et leur pays. Secundo, il faut écumer, à but pédagogique, les média nationaux et les programmes scolaires d’exemples réussis en matière de construction de nations. Je crois que le président Rock Marc Christian KABORE a eu cette pensée, lui qui a organisé des voyages d’étude en Chine et au Rwanda, histoire de montrer les valeurs utilisées par ces peuples pour se positionner sur l’échiquier mondial. Tertio, il faut mettre sur pied un observatoire des valeurs nationalistes, histoire de contourner ce fameux terroriste appelé Volonté Politique, qui permet qu’un seul individu ou poignée d’individus sape la marche et l’avenir de tout un peuple. Cet observatoire aura comme rôle la réflexion, la mise en orbite et le suivi du satellite Etat-Nation. Il pourra fonctionner à l’image de l’AIT actuel et être composé d’intellectuels ayant fait preuve de nationalisme, d’enseignants, d’étudiants, de représentants de corps de métiers, de coutumiers et religieux.

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