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Former les élèves à la sécurité routière : un manuel disponible pour enseigner les règles au primaire

Publié le vendredi 14 octobre 2022 à 17h04min

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Former les élèves à la sécurité routière : un manuel disponible pour enseigner les règles au primaire

Les jeunes populations sont confrontées à l’insécurité routière mais sont peu éduquées aux règles.

En 2020, la première décennie mondiale pour la sécurité routière portée par l’OMS s’achevait. Cependant, les accidents de la route sont toujours un problème de santé publique négligé dans les pays du Sud. Ainsi, au Burkina Faso, selon l’annuaire statistique du Ministère de la santé de 2020, les traumatismes par accident de la voie publique étaient la 10ème cause de mise en observation dans les structures sanitaires de base et la 6ème en terme de mortalité. Les moins de 15 ans représentaient 20,2% des personnes admises en consultation externe.

Le trajet quotidien entre le domicile et l’école et les moyens de déplacement utilisés constituent des risques pour les jeunes enfants sur le chemin de l’école. Ils ne perçoivent pas toujours le danger de la même manière que les adultes et sont sujets à des accidents de la route. Ils doivent donc être formés dès le plus jeune âge aux règles de sécurité routière. Un projet, intitulé « Changer les comportements en sécurité routière : une intervention auprès des élèves de la ville de Ouagadougou » et financé par le FONRID, a été mené entre 2020-2022. Il avait pour objectif de former les élèves sur le sujet. Dans ce cadre, une enquête réalisée auprès de 170 élèves de CM1 (70 dans un établissement public et 100 dans un établissement privé laïc) a montré différentes caractéristiques.

Les modes de déplacement des élèves varient selon les établissements, notamment en fonction du niveau de vie des familles et de la distance entre le lieu de résidence et le lieu d’implantation de l’école. A Samandin A, ils se déplacent principalement à pied et dans une moindre mesure à vélo. A l’école « Le Petit Monde », la majorité des élèves viennent en voiture (graphique).

Graphique : Modes de déplacement des élèves de CM1 pour se rendre à l’école

La distance à parcourir influe sur le moyen de déplacement utilisé. En effet, l’école publique de Samandin A recrute l’essentiel de ses élèves dans le quartier où elle est établie. Ceci explique pourquoi la mobilité se fait à pied ou à vélo. L’école privée laïque, « Le petit monde », est fréquentée par des élèves venant de quartiers parfois très éloignés, d’où la forte représentation d’une mobilité motorisée (moto, voiture).

En outre, le point commun entre ces établissements est que les élèves qui se déplacent à pied ou à vélo, ne sont jamais accompagnés d’un adulte. Pourtant, le rôle des parents est considéré primordial en sécurité routière. Ils inspirent les jeunes enfants, plus sensibles à leurs recommandations qu’une autre source. Cette situation accentue la vulnérabilité des enfants lors de leur déplacement, en raison de leur petite taille, leur comportement imprévisible et leur mauvaise appréciation des risques ; d’autant qu’ils connaissent peu les règles de circulation bien que, 87,6% d’entre eux déclarent les connaître.

Or, selon leurs réponses au questionnaire, seulement 31,2% des élèves savent que le port du casque est obligatoire pour le conducteur d’un deux-roues motorisé et son passager. De même la signalisation verticale ne fait pas partie de leurs savoirs puisque seulement 24 élèves sur 170 disent connaître le panneau « cédez le passage » mais 3 peuvent le nommer, 39,4% le panneau « ralentisseur » (que 74,6% peuvent nommer), 32,9% le panneau sens interdit (23,2% savent le nommer).

Leurs connaissances restent donc partielles et on peut supposer qu’elles sont influencées par l’environnement quotidien de déplacement marqué par une signalisation routière rare et des comportements routiers inciviques. Pourtant, les enjeux semblent importants car 21,2% des élèves de l’enquête déclarent avoir déjà été victimes d’un accident.

Un manuel pour servir de support à l’enseignement de la sécurité routière à l’école
Le Burkina Faso a adopté de nombreuses lois relatives à la sécurité routière, renouvelées au cours des années 2000, comme par exemple la loi sur le port du casque (textes 1978, 2003, 2005). Cette même période a été propice à la création de structures d’encadrement du domaine comme en 2008, l’Office national de sécurité routière (ONASER).

Par ailleurs, la réforme curriculaire de l’éducation de base mise en place dès 2013 au Burkina Faso a retenu la sécurité routière parmi les thématiques d’enseignement lors des cours d’éducation civique et morale. Selon le document guide élaboré pour les enseignants par le Ministère il s’agit d’« adopter de bonnes habitudes de protection de l’environnement, de sécurité routière, d’hygiène, d’assainissement ainsi que des comportements traduisant les vertus individuelles et sociales, les bonnes habitudes de civisme et de citoyenneté tout en exerçant ses droits et devoirs fondamentaux ». Or, il n’existe pas de supports adaptés à cet enseignement, ni de formations adéquates à destination du corps enseignant.

Un « manuel pour enseigner quelques règles de sécurité routière » à destination des enseignants du primaire a été élaboré dans le cadre du projet FONRID. Il s’est appuyé sur deux sources essentielles. La première est l’expérience d’enseignement au cours de l’intervention réalisée par l’Association pour la promotion de l’éducation et le développement (APED-MR) (dans le secondaire l’Association pour l’éducation routière des enfants (AERE) est intervenue).

La seconde est issue du site Road4us (Prévention routière française) qui met, à la disposition du public, des supports sur les attitudes à adopter sur la route pour circuler en sécurité, sous forme d’illustrations muettes. La démarche de Road4us vise une utilisation universelle. Le manuel illustre 8 thématiques présentées en deux étapes. La première étape, « je décris », présente l’image de la mauvaise attitude (pouce baissé dans un rond rouge) et de la bonne attitude (pouce levé dans un rond vert) à tenir sur la route. Elle est l’occasion d’engager des discussions entre élèves et enseignants. La seconde étape, « je retiens », présente la liste des règles à apprendre.

Figure : Illustration « je me déplace à pied le long d’une route »

Ce manuel est disponible en format électronique (sur le site du groupe de recherche TRAUMA : https://www.roadtraumaresearch.com/blank).

Nous remercions le FONRID, qui a financé cette étude, dont un des résultats est la production du manuel, et les autres membres de l’équipe :
-  à l’INSS/CNRST : Oussény SIGUE et Amidou ZOUGOURI,
-  à l’Université Joseph Ki Zerbo : Jérémi ROUAMBA et George ROUAMBA,
-  les associations : Souleymane SONDO (APED-MR) et Apiou IDOGO (AERE).
Références :
Ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, nd, Curricula de l’éducation de base, niveau primaire classique sous-cycle CP, 255 p. https://fasoeducation.net/espace_enseignants/reforme_curriculaire/curricula_primaire_classique/curricula_primaire_cp.pdf
Site road4us : http://www.road4us.org/fr/

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