LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Rencontre littéraire à Ouagadougou : « La culture peut sauver une nation en crise », croit Roukiata Ouédraogo

Publié le lundi 19 septembre 2022 à 10h00min

PARTAGER :                          
Rencontre littéraire à Ouagadougou : « La culture peut sauver une nation en crise », croit Roukiata Ouédraogo

« Femmes et littérature en Afrique de l’Ouest », c’est sous ce thème que s’est déroulée la 1re édition de la rencontre littéraire à Ouagadougou, ce samedi 17 septembre 2022 à l’Institut français. Ce cadre d’échanges et de partages qui a réuni de grandes littéraires africaines, a été initié par la comédienne et écrivaine Roukiata Ouédraogo avec l’appui de l’Union européenne.

« La place de la culture dans un Sahel en crise », « L’amour source du pardon », « Les difficultés rencontrées par les écrivains », sont autant de sujets abordés tout au long de la rencontre littéraire à Ouagadougou. Ce, en vue de discuter des thématiques qui touchent directement la société.

Les écrivaines invitées à l’occasion, sont Monique Ilboudo, autrice de l’ouvrage “Carrefour des veuves”, Bernadette Sanou/Dao, autrice de la nouvelle “La femme de diable”. Mais aussi Mahoua S. Bakayoko autrice du roman “On me l’a ôté” et Laurence Gavron, autrice du roman “Fouta Street”.

De la gauche vers la droite, Laurence Gavron, Roukiata Ouédraogo, Mahoua S. Bakayoko, Monique Ilboudo et Bernadette Sanou/Dao

Concernant la place de la culture dans un Sahel en crise, ces dames ont toutes donné leurs avis sur la question. « La culture permet de porter un autre regard beaucoup plus dynamique sur la crise au Sahel », estime Bernadette Sanou.
Pour Monique Ilboudo, la culture est essentielle en cette période de crise d’autant plus qu’elle est circonstancielle et va tôt ou tard prendre fin. À l’entendre, il sied en ce sens de mener la réflexion.

Mahoua Bakayoko, a quant à elle, affirmé que les écrivains d’Afrique ont toujours porté un combat. Celui, de dénoncer les fléaux qui minent la société. « Aujourd’hui plus que jamais nous nous retrouvons au front d’un combat injuste, d’une lutte qui ne devrait pas se faire. Le combat pour la femme dans ses lumières et ses ombres. Mais aussi le combat pour la survie face au péril djihadiste », a-t-elle indiqué.

Les participants à la première édition de la rencontre littéraire à Ouagadougou

La culture face à la crise dans le Sahel

À en croire Roukiata Ouédraogo, la culture est très importante et se doit d’être maintenue dans un pays en crise. Car c’est elle qui peut le sauver de cette situation. Pour ce faire, elle préconise que la culture ne soit pas mise en marge dans un tel contexte et que les autorités soutiennent par conséquent les acteurs culturels.
Laurence Gavron, elle, ne dira pas le contraire. « La culture reste l’art et est essentielle quoi qu’il arrive et il faut se battre pour qu’elle continue d’exister », a-t-elle signifié.

Ces femmes littéraires africaines ont évoqué certaines difficultés rencontrées lors du parcours de publication de leurs manuscrits. Parmi ces embûches, l’on note notamment les pesanteurs socioculturelles, quand la femme africaine est sensée être soumise à l’homme, sans souvent avoir le droit de donner son opinion. Il y a ensuite, les obstacles que rencontrent en général les écrivains dans l’industrie de la littérature. Une réalité, qui contraint certains à porter à la fois, la casquette d’auteur et d’éditeur.

La source de l’inspiration

Quand la question de savoir, d’où leur vient l’inspiration de leurs écrits, est posée, Roukiata Ouédraogo mentionne que les thématiques abordées ne sont pas préalablement définies. Mais sont plutôt fonction de l’instant présent, des choses qu’elle a aperçues ou vécues et qui la touche. Tout comme son ouvrage, “Du miel sous les galettes”, un roman sorti en 2020 et présenté à l’assistance.

Le premier roman de l’actrice et humoriste franco-burkinabè Roukiata Ouédraogo

Ce livre retrace l’histoire de la mère de l’écrivaine qui a dû se battre toute seule durant des années, en vendant des galettes pour subvenir aux besoins de sa progéniture. Ce, après que son père ait été accusé à tort de détournement de fonds et injustement emprisonné. Des faits qui remontent à 1979 dans la ville de Fada N’Gourma, située à l’est du Burkina Faso, alors qu’elle avait à peine six mois.
« J’ai voulu à travers ce roman, rendre hommage à ma mère, restaurer sa dignité et celle de mon père. C’est une histoire intéressante car elle fait écho avec d’autres que j’ai entendues. Je pense qu’elle est assez universelle parce que des gens m’écrivent de part et d’autre pour me confier qu’ils ont vécu la même chose », a expliqué Roukiata Ouédraogo.

« J’appelle la jeunesse à ne pas rester assise et attendre que les choses se fassent mais à bouger parce qu’il y a de la place pour tout le monde », Souligne Roukiata Ouédraogo

Ainsi, rappelle-t-elle, il est très important de savoir mettre des mots sur des douleurs parce qu’ils peuvent aussi apaiser que blesser s’ils ne sont pas bien utilisés.

En réponse à cette même question sur l’inspiration, tout en étant d’avis avec Roukiata, Bernadette Dao a compté la mésaventure d’une dame qui l’a remontée. « Il s’agit d’une dame qui a aujourd’hui mon âge mais qui n’a jamais pu se marier. Parce qu’on lui a collé une étiquette de femme qui a un mari diable. C’est-à-dire qu’un mauvais génie en a fait son épouse. Car il est dit qu’il faut qu’elle enterre d’abord trois maris avant de pouvoir terminer sa vie avec le quatrième », a-t-elle relaté en précisant que cette œuvre est pour dénoncer une incroyable injustice que subissent certaines femmes en Afrique.

Une astuce pour aimer la lecture

Comme astuce pour amener les enfants à s’intéresser à la lecture, il est ressorti que les parents doivent être d’abord ceux-là qui donnent l’exemple en s’y mettant. Ainsi, les enfants pourront certainement en faire de même, parce qu’ayant l’art d’imiter ce que font leurs géniteurs. En ce sens, il est suggéré d’avoir à son chevet un livre que l’on lit au moins une page ou deux avant de s’endormir tous les soirs. Ce qui pourrait faire naître l’amour de la lecture en soi, selon qu’il est dit que « l’appétit vient en mangeant ».

Aussi, il est recommandé que les bibliothèques soient érigées dans les écoles comme auparavant.

Selon Roukiata Ouédraogo, cette rencontre a été aussi l’occasion de découvrir le milieu de la littérature en Afrique de l’Ouest, en général et au Burkina Faso, en particulier. Ce, en plus d’avoir été un espace de partages d’idées, sur l’apport de la culture dans la résolution de la crise, qui bouleverse son pays natal. Cela est également l’opportunité pour elle d’entreprendre des actions avec ses aînées du domaine, pour vulgariser les livres afin qu’ils soient davantage accessibles à la jeunesse.

Dans son mot de clôture, Roukiata Ouédraogo témoigne sa reconnaissance envers ses pairs qui ont accepté son invitation. « J’avoue que j’avais hâte de profiter directement de leurs sagesses et de leurs expériences en organisant cette rencontre. Et cela a été d’une grande satisfaction pour moi qui a découvert aussi en elles du dynamisme, de l’humour et de la générosité.

Hamed NANEMA
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
SNC/Bobo 2024 : Les cordons bleus sont au four et au moulin
SNC 2024 : C’est parti pour les activités littéraires