LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

Publié le dimanche 28 août 2022 à 23h00min

PARTAGER :                          
Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

Sur convocation du ministre en charge des libertés publiques, les composantes de la classe politique nationale se sont retrouvées autour du Premier ministre, ce vendredi 26 août 2022 à Ouagadougou. À l’ordre du jour, le chronogramme de la transition, qui prend fin en juillet 2024 avec les élections.

Cette rencontre fait suite à celle tenue le 29 juin 2022 au cours de laquelle, le gouvernement a informé la classe politique sur le dialogue avec la CEDEAO au sujet du délai de la transition. Au sortir de ladite séance, l’ex-Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP) avait déploré d’avoir été exclue des discussions sur l’agenda électoral.

A cette rencontre de vendredi, 26 août 2022, toutes les "tendances" politiques étaient présentes. Il s’agit de l’ex-Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF) avec Eddie Komboïgo, l’ex-Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP) avec Bala Alassane Sakandé, l’ex-Opposition non-affiliée (ONA) représentée par Pr Abdoulaye Soma, les autres partis avec l’ancien Premier ministre Luc Adolphe Tiao et les partis politiques nés après le 24 janvier 2022, conduits par Abdoulaye Mossé.

La rencontre a consisté pour le gouvernement à présenter à la classe politique, les termes de référence du nouveau chronogramme de la transition, avec pour objectif que l’agenda soit adopté ensemble, après observations et apports des acteurs politiques. « Nous remercions le Premier ministre pour cette démarche inclusive, nous l’avons encouragé à poursuivre sur cette lancée de faire en sorte qu’il y ait moins de contestations. Et nous allons accompagner ensemble, courageusement, pour que la transition puisse être dans le délai », s’est exprimé l’ex-Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF), Eddie Komboïgo.

« De tout temps, nous avons relevé cet état de fait, qui consistait à un peu mettre de côté la classe politique pour faire ce travail, parce qu’un comité technique, composé essentiellement par des membres du gouvernement (qui ne sont pas politiques à priori) a été mis en place. On s’est dit pourquoi ne pas associer la classe politique à ce comité technique qui va faire en sorte que nous puissions échapper à un certain nombre de préoccupations plus tard. C’est vrai, on a été entendu, même si cela n’a pas été à la hauteur de nos attentes, à partir du moment où c’est une seule personne par entité que le Premier ministre a accepté de mettre dans ce comité technique qui doit réfléchir et proposer un chronogramme. Les acteurs politiques seront consultés par la suite. Ce que la transition est en train de mettre en place, c’est pour la classe politique. Donc, si elle n’est pas associée, au finish, ça va poser des problèmes. Mieux vaut que dès le départ, la classe politique puisse donc être associée, cela évite qu’il y ait beaucoup de discussions sur ce que le comité technique aurait arrêté comme chronogramme », a poursuivi le président de l’APMP, Bala Alassane Sakandé, rapportant également que des reformes politiques sont incessamment annoncées.

Pour lui, « c’est bon, mais ce n’est pas arrivé, ça commence à venir. Nous avons félicité à 80 % (j’ai bien dit qu’on ne peut pas le féliciter à 100%), on ose espérer qu’ils vont changer le fusil d’épaule pour associer les acteurs politiques. Nous parlons d’inclusivité, parce que dans l’exclusivité, on ne peut rien faire. Mais dans l’inclusion, on peut faire beaucoup de choses. Exactement, nous avons dit également, aujourd’hui, les FDS (Forces de défense et de sécurité) à elles seules ne peuvent pas lutter contre le terrorisme, les civils également à eux seuls ne peuvent pas. C’est la conjugaison de toutes ces forces-là, tout le peuple burkinabè, qui peut parvenir à vaincre le terrorisme ».

Pr Abdoulaye Soma de l’ONA apporte des précisions en relevant que la rencontre avait pour objet de dégager la manière suivant laquelle, le chronogramme de la transition va être arrêté. « Donc, ce n’est pas encore le fond du chronogramme de la transition, mais quelle va être la méthode de travail pour déterminer les différentes séquences de la transition. La transition doit gérer un certain nombre questions, notamment les élections. (…). Nous avons plus travaillé sur les conditions préalables, c’est-à-dire, les méthodes de travail. Et à ce titre-là, il y a une équipe technique qui a été mise en place et qui va consulter les forces-vives de la nation pour recueillir les points de vue, les propositions, les recommandations de chacune des composantes des forces-vives pour pouvoir arrêter le chronogramme final de la transition. C’est au titre de cette proposition que nous avons suggéré que les acteurs politiques soient déjà dans le comité technique qui doit conduire le processus pour pouvoir prendre déjà en charge un certain nombre de questions qui peuvent être délicates. Je suis ravi de voir que le Premier ministre a été attentif (il a accepté la recommandation) et nous le remercions et le félicitons pour cette ouverture d’esprit », détaille Pr Soma, IVe vice-président de l’Assemblée législative de transition.

Représentant des « autres partis », Luc Adolphe Tiao apprécie cette démarche inclusive du gouvernement, car, de son avis, le processus de la transition ne peut atteindre ses objectifs s’il fonctionne de façon unilatérale. « Ayant assisté à la première rencontre, je pense que déjà aujourd’hui, l’atmosphère avec la classe politique était très positive. Cela prouve qu’il y a un travail qui a été fait et que de plus en plus, nous évoluons ensemble vers le même objectif. Mais ce qui a été le plus positif, je pense, c’est qu’aujourd’hui, à la demande des partis politiques, il y aura un représentant de chaque composante dans le comité technique chargé de finaliser l’agenda de la transition. Par ailleurs, nous avons souhaité que dans le cadre du dialogue, nous puissions l’élargir davantage avec les partis politiques (pas seulement les seuls représentants des partis qui assisteront à ce genre de discussions et le Premier ministre a accepté que le comité technique pourra rencontrer les partis membres des différentes composantes). Je pense qu’en faisant de la sorte, nous allons avoir sans doute beaucoup plus de propositions, de consensus, de telle sorte qu’on espère que dans les deux années à venir, nous puissions atteindre les objectifs, que les élections puissent se tenir parce que nous aurions retrouvé la paix, nous en aurions fini avec cette guerre que nous menons avec le terrorisme », rend-il compte avant de souhaiter que les choses commencent le plus tôt possible, l’agenda de la transition ayant déjà démarré.

« Ce qui manque dans l’agenda d’aujourd’hui, on a simplement donné des perspectives. Maintenant, il faut fixer des dates, un planning qui va dire que de telle date à telle date, on aurait fini, à telle date, on aurait atteint une partie de la sécurisation du territoire. Cela va permettre aussi de mettre la pression sur le gouvernement, mais aussi sur l’ensemble des acteurs politiques pour que nous puissions évoluer. Nous pensons que dès que le comité aura fini ses concertations (et je crois que c’est le plus tôt possible), on devra aboutir à un agenda avec des dates précises », confie l’ancien Premier ministre, Luc Adolphe Tiao.

Le chef de la délégation des « partis politiques reconnus après le 24 janvier 2022 », Abdoulaye Mossé, a, quant à lui, jugé pertinente l’idée d’associer toutes les composantes politiques à ces discussions. « Le 24 janvier est un ensemble de situations associées qui ont conduit à cela. On doit tirer leçons sur le plan sécuritaire et politique également. Pour nous, partis crées après le 24 janvier, c’est de ne pas répéter ce que nos devanciers ont fait pour nous amener où nous sommes aujourd’hui. Nous pensons que nous avons assez d’éléments pour essayer de faire autrement les choses sur le terrain. C‘est d’ailleurs pour cela qu’après l’ex-CFOP-BF, l’ex-APMP, l’ONA, les autres partis, ils ont associé les partis crées après le 24 janvier. D’ailleurs, vous voyez aussi que ce n’est pas seulement lors des élections que nous devrons animer la vie politique ; avant même les élections, que ce soit socialement ou autrement, sur le terrain, ces partis essaient de donner le mieux d’eux pour essayer de se rapprocher des populations et faire autrement la politique », a soutenu Abdoulaye Mossé.


O.L.O
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 27 août 2022 à 13:22, par TOERE En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

    L’un des grands drames qui mettent en danger l’avenir de ce pays c’est l’inconstance ,la médiocrité ,et l’irresponsabilité de sa classe politique . Et si l’on veut redonner à la politique ses lettres de noblesse à la politique ,il faut profiter de cette intervalle de la transition pour faire voter des lois qui limitent le nombre de partis politiques, qui limitent le nombre de mandat électif etc
    Par exemple on peut voter une loi qui limite le mandat de député ,de maire ,de conseiller municipal à deux mandats soit d’affilée ou en alternance .
    On peut éliminer aussi après chaque élection que ce soit aux législatives ou municipales . Par exemple un parti n’a pas au moins 50000 voix au total tant aux législatives et 100 000 voix au municipales sur tout le BURKINA doit être automatiquement éliminer pour les prochaines élections à venir . Pour les présidentielles ,un candidat qui n’a pas au moins 200 000 voix sur tout le Burkina doit être éliminé à la prochaine prochaine présidentielle .
    Faire comme au BENIN . Un parti qui n’a pas une bureau et un siège sur au moins le tiers du nombre de provinces ne doit pas être reconnu . Pour ce faire, présenter le contrat de bail ou l’attestation de propriété du siège parti . Liste des membres de chaque section avec copie CNIB et déclaration sur l’honneur signée et légalisée de chaque membre du bureau du parti dans telle ou telle province ,commune . Si le MPSR veut vraiment faire des vraies réformes en voilà une au moins dont personne de bonne ne conteste la nécessité avant un retour à un régime civil par voie d’élection démocratique ,libre et transparente .

    • Le 29 août 2022 à 10:07, par Timbila En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

      Mon cher TOERE. J’ai apprécié à sa juste valeur votre analyse mais malheureusement nous ne pouvons plus compter sur MPSR. La preuve Ce dernier a déjà trahi en moins d’un an d’exercice du pouvoir. Aucune tête parmi ces individus ne distrait encore mes burkinabé.

    • Le 30 août 2022 à 11:01, par Sans rancune En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

      Tout a été dit et si on s’écarte de votre vision ça sera un éternel recommencement. La classe politique telle que conçue a prouvé ses limites et elle ne constitue qu’une infime partie des habitants des grandes villes.
      La masse laborieuse est toujours oubliée.

  • Le 27 août 2022 à 13:27, par Man En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

    C’est à cause de tout ceux là, les politiciens que le pays n’est pas en paix. Seuls leurs intérêts personnels comptent.
    comment un petit pays comme le Burkina se retrouve avec plus de 150 partis politiques et OSC ???

  • Le 27 août 2022 à 13:28, par Ayirikem En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

    Les hommes politique n’ ont rien compris du contre pieds qui les attend de la part de Damiba.
    Damiba va les dribler.
    Le prochain President du faso serait un militaire.

  • Le 27 août 2022 à 13:37, par Chasseur d’insurrescrocs En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

    L’insurrection dite "populaire" et la transition de 2014-2015 ont travaillé exclusivement pour le MPP et c’est de là que viennent tous les problèmes que nous connaissons. Nous avons à faire à de jeunes officiers qui j’espère, ont tiré leçon de ces écueils et sauront les corriger et se tenir à équidistance des partis politiques et leurs appendices d’OSC.
    Les insurescrocs manipulateurs ne passeront pas cette fois-ci !!!

  • Le 27 août 2022 à 18:43, par Ka En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

    ’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’Nous avons félicité à 80 % (j’ai bien dit qu’on ne peut pas le féliciter à 100%), on ose espérer qu’ils vont changer le fusil d’épaule pour associer les acteurs politiques’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’

    Monsieur Bala, je comprends pourquoi le MPP s’effondre et quelques cadres abandonnent le navire. En politique il n’y a ni morale, ni éthique, ni vertu ni devoir de reconnaissance, et tout pouvoir ne se donne pas, mais s’arrache, si vous n’êtes pas au courant de ça, vous êtes un amateur et vous faites preuve d’une grave naïveté.

    Une chose est certaine, tous ces politiciens d’appareil présent a cette invitation d’un régime illégitime qui veut choisir un mouton pour protéger ses fesses après la transition, tout ce monde vous y compris, ont fait sur le terrain des réalités concrètes la preuve de vos incompétences et de vos mauvaises gouvernances. C’est donc évident que, pour vous tous, "les défis à venir s’annoncent difficiles". En d’autres termes, ce n’est plus en flattant l’électeur au dernier moment qu’on obtiendra sa voix lorsqu’il le faudra. Le Burkinabé après le 31 Octobre 2014 est intelligent, il ne vote pas pour n’importe quel enfarineur.

    Ici ceux qui ont la chance d’avoir la faveur de Damiba aux prochaines élections après la transition se sont tue, sachant que dans un cadre concurrentiel et d’égalité de chance, la politique est l’art d’observer, d’analyser, de comprendre et d’interpréter les conditions, les tendances, les potentialités, les réactions et les réalités du terrain. Donner un pourcentage avec ce qui s’est passé avec un criminel qui a accaparer le pouvoir avec ses armes, c’est être nul en politique Burkinabé qui est un tombeau ouvert ou les Edy Ablassé sont les fossoyeurs du même Damiba qui ne lâchera pas facilement le pouvoir qu’avoir un valet pour protéger ses fesses après la transition.

    Ici monsieur Bala, vous étiez déjà exclu par ce qu’on avait peur de Roch Kaboré et son MPP, on vous invite, vous deviez êtres fermes dans vos propos au lieu de se rabaisser devant un premier ministre illégitime,

    Dans une compétition où chacun veut tirer la couverture à soi par tous les moyens, il n’y a pas une place pour les félicitations monsieur Bala : Car, le succès de la politique en période électorale, dépend largement de l’adhésion des populations au projet et au programme du candidat comme avait fait Roch Kaboré 2015, au pragmatisme, au dynamisme et à l’innovation de celui-ci sur fond de vérité qui a conquis le peuple.

  • Le 27 août 2022 à 21:03, par zoua En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

    C’est quel pays ces bandits de grands chemins veulent exterminé encore ??? on n’oublie leurs différents passés... s’ils veulent sincèrement contribuer, je propose qu’on les affecte chacun 3 Semaines au front avant leurs différents verbiages..... Tchrrrrrrr des oiseaux de mauvaises augures ... Je hais nos politiques ou du moins nos politiciens du tube digestif.

  • Le 29 août 2022 à 07:50, par Sarko En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

    Toute cette classe politique ne pense qu’à elle. Personne ne pense vraiment dans le fonds au bien de ce pays.
    Certains d’entre vous ne peuvent plus aller dans leur propre village a cause du terrorisme .Au lieu de chercher à vous engager comme vdp au front à l’ image de l’ ancien président ukrainien Porochenko, vous préférez pensez à vos avenirs.

  • Le 29 août 2022 à 10:05, par Del En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

    La bande qui empoisonne la vie de la nation depuis des années juste pour leurs intérêts égoïstes.
    La prospérité de la nation demande que cette classe politique tire sa révérence, ce qu’elle ne fera pas de façon naturelle. C’est au peuple et à la jeunesse en particulier de vomir cette classe. La jeunesse doit réclamer sa place dans le jeu politique sans passer par ses gens. J’encourage la transition à mettre toute l’intelligence en œuvre pour que ces gens ne puissent plus briller comme politiciens de ce pays après 2024.

  • Le 29 août 2022 à 11:11, par Ollo En réponse à : Burkina : Gouvernement et classe politique ficèlent l’agenda de la transition

    Au moment où la nation est en péril, nos politiciens devisent sur le sexe des anges. Ainsi donc, la question des élections est prioritaire par rapport au drame vécu à Solenzo, à Kouka etc...Faut-il souhaiter que le malheur les atteigne pour qu’ils puissent enfin comprendre la douleur de la population ? En ces moments combien graves, eux sortent de la salle en riant !!!

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique