LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Cybercriminalité au Burkina Faso : Plus de 2500 plaintes et un préjudice de plus d’un milliard de francs CFA enregistrés en 2021

Publié le mercredi 9 février 2022 à 22h55min

PARTAGER :                          
Cybercriminalité au Burkina Faso : Plus de 2500 plaintes et un préjudice de plus d’un milliard de francs CFA enregistrés en 2021

Au Burkina Faso comme ailleurs, le e-commerce est en plein essor, et la pandémie du covid-19 contribue à développer cette croissance. Les pages de ventes d’articles en ligne sur les réseaux sociaux se créent à la volée et pratiquement aucune règle ne guide ces actions en ligne. Ainsi, il est donc évident que les réseaux sociaux deviennent de plus en plus le théâtre d’action de la cybercriminalité. Pour preuve, le nombre croissant d’escroquerie en ligne enregistré. Pour mieux cerner l’impact du commerce via les réseaux sociaux, et l’expansion de la cybercriminalité, lefaso.net est allé à la rencontre de Julien Legma, chef de service en charge de la collaboration policière au sein de la brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC).

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter et nous parler brièvement de la Brigade et de sa mission ?

Julien Legma : Je suis lieutenant de police, chef de service en charge de la collaboration policière au sein de la brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC). La Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité est une direction centrale du ministère en charge de la sécurité et cette brigade a été créée le 14 février 2020, suite à plusieurs recommandations et au regard de l’évolution des infractions cybercriminelles, au niveau de la sous-région et au niveau national.

Qu’entend-on par e-commerce et quel est le cas de cyber escroquerie le plus important traité depuis la création de la brigade ?

Le e-commerce en termes simples pourrait être défini comme tout commerce qui se passe en ligne. C’est quand vous allez sur les réseaux sociaux et que vous effectuez des ventes, que vous proposez des services ou des articles à vendre, qu’on parlera de e-commerce.

Quand on parle de e-commerce, le cas plus important que nous avons traité concerne un groupe de jeunes qui faisaient du commerce de vêtements en ligne. Le préjudice global s’élevait à plus de 20 millions de francs CFA. Il est donc important qu’on souligne cela aux internautes, quand on considère le prix du produit qui est 10 000 francs par exemple, on pense que c’est peu. Mais à l’échelle d’une centaine de victimes c’est assez important. Au regard des prix parfois proposés, plusieurs Burkinabè se ruent sur ces produits et, très facilement, ils s’exposent à une certaine forme d’escroquerie.

De nos jours, les pages de vente d’articles en ligne se créent à la volée et envahissent les réseaux sociaux. Quel est l’impact de cette situation sur le phénomène de cybercriminalité au Burkina Faso ? (Peut-on avoir des chiffres représentatifs)

Nécessairement que la part contributive de cette forme d’arnaque est très importante au regard des statistiques dont nous disposons. À titre illustratif, on peut retenir qu’au cours de l’année 2021, la brigade a enregistrée plus de 2 500 plaintes liées au phénomène de la cybercriminalité, avec un préjudice qui se chiffre au-delà de 1 milliard de francs CFA. Et parmi ces infractions, le volet cyber-escroquerie se chiffre à plus 1 000 plaintes. Les cas d’escroquerie à travers le e-commerce y figurent nécessairement et ont engendré un préjudice de près de 850 millions de francs CFA au cours de l’année 2021.

Existe-t-il des lois qui régissent le commerce en ligne et quelles sont les sanctions encourues pour l’auteur d’un acte cybercriminel ?

En termes de réglementation, il faut noter que pour ce qui est du commerce en ligne, l’une des difficultés est qu’il y a des non-professionnels qui exercent ce type de commerce et il y a les professionnels d’un autre côté. La réglementation impose à celui qui veut créer une entreprise, un site sérieux par exemple pour faire des offres de services ou de vente d’articles, de se déclarer. Une entreprise doit donc nécessairement disposer d’un RCCM (NDLR : Registre du commerce et du crédit mobilier) qui prouve son existence et il doit également se mettre à jour vis-à-vis de la loi en payant en certain nombre de taxes.

Il y a aussi les non-professionnels. Ce sont ceux-là qui, à travers leurs pages Facebook, font des publications de vente d’articles ou des prestations de services. Il est très difficile à ce niveau d’encadrer ces échanges. Mais si un professionnel ou un non professionnel commet une infraction, que ce soit par le biais d’un site professionnel, d’un profil Facebook ou d’un compte WhatsApp, une personne qui se sent lésée peut saisir la BCLCC pour intenter une action. S’il est avéré que vous êtes coupable, la réglementation dit que vous encourez pratiquement une année à cinq ans avec une amende allant de 1 à 10 millions. Mais je rappelle que la BCLCC se charge uniquement de la poursuite. Les questions de peine sont laissées à l’appréciation du parquet qui décidera de la peine d’emprisonnement ou de la peine d’amende à imposer.

Étant confronté à tout genre d’arnaques, comment les reconnaître et quels sont les conseils que vous pouvez donner à un internaute lambda pour éviter de tomber dans ces traquenards ?

Pour reconnaître une escroquerie, surtout en lien avec le commerce en ligne, il y a plusieurs cas de figure. Dans le cas d’un site professionnel sur lequel vous allez pour effectuer un achat, si c’est un site fiable vous trouverez, le volet « contactez-nous » qui mentionne les adresses à contacter en cas de difficultés. Généralement, vous trouvez un contact fixe avec bien d’autres contacts ou leurs représentations. Il y a également l’avis aux consommateurs qui leur permet de s’exprimer par rapport aux prestations de l’entreprise. S’il s’agit d’un site fiable, ces deux éléments que je viens de citer doivent ressortir. Si vous ne les trouvez pas, il faut observer une certaine prudence. Maintenant, parlons des non-professionnels, c’est-à-dire ceux qui font les publications via leur profil Facebook ou un compte WhatsApp. Sur Facebook, la publication peut contenir plusieurs fautes. Si c’est le cas, il faut déjà faire attention. En plus de cela il faut avoir l’habitude d’aller lire les commentaires sous la même publication. Très souvent vous y trouverez des personnes qui ont été victimes et qui déclarent que le profil ou la page en question escroque des honnêtes citoyens. En plus de ces aspects, vous pourrez constater que lorsque vous leur écrivez, ils ne répondent pas, ou lorsque vous demandez leur localisation pour vous y rendre, généralement vous n’obtiendrez pas de réponses. Voici donc quelques éléments qui pourront vous alerter sur le fait qu’il pourrait s’agir d’un faux profil ou d’une fausse page.

Quelle conduite adopter lorsqu’on est victime d’une cyber-escroquerie ?

Lorsque vous êtes victime, vous pouvez contactez la brigade. Nous sommes présents sur le réseau social Facebook avec une page qui est fréquemment animée. Il suffit de taper à travers votre barre de recherches @BCLCC et vous verrez notre page. Nous lançons des alertes, nous publions sur des personnes interpellées avec description du mode opératoire, cela pourrait vous éviter de tomber dans les filets de personnes de mauvaise intention. Deuxièmement, la brigade dispose d’un contact standard qui est le 25 39 58 42. Lorsque vous êtes victime, vous pouvez appeler ce numéro. Pour ceux qui ne résident pas à Ouagadougou, vous avez la possibilité de saisir la brigade à travers son adresse mail qui est cybercrime@bclcc.gov.bf. Vous pouvez nous envoyer un mail en expliquant les circonstances de votre mésaventure et dès lors nous prendrons attache avec vous pour les informations complémentaires. Pour ceux qui sont à Ouagadougou, la brigade est située à Bilbalogo en face de la porte 11 du stade municipal.

Propos recueillis par Nado Ariane Paré
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique