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Halte à la liquidation de la carrière des Enseignants à Temps Pleins (ETP), des Ingénieurs de Recherche (IR) et des Techniciens de Recherche (TR)

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Publié le jeudi 4 février 2021 à 15h00min

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Halte à la liquidation de la carrière des Enseignants à Temps Pleins (ETP), des Ingénieurs de Recherche (IR) et des Techniciens de Recherche (TR)

La conférence de presse du MESRSI sur la situation des ETP des universités publiques et des IR des centres de recherche nous oblige à sortir de notre silence pour éclairer l’opinion sur l’application du décret 435 qui suscite de nos jours des vagues de protestation.

Du blocage et du sabotage de la carrière des ETP, IR et TR par l’article 74 du décret 435

Le 9 mai 2019, un décret 435 pris en conseil de ministres stipulait à son article 74 que : « Toutefois, à partir du 1er janvier 2020, le concours sera la seule voie d’accès aux emplois/fonctions d’assistants et d’attachés de recherche ». Du coup tous les ETP et IR inscrits en thèse qui soutiendraient à partir de 2020 sont obligés de prendre part au test de recrutement ouvert aux fonctionnaires et non fonctionnaires désirant amorcer une carrière d’enseignant ou de chercheur dans les Institutions Publiques d’Enseignement Supérieur et de la Recherche (IPESR). Ce décret fait suite aux négociations et accords signés par les syndicats de l’enseignement supérieur, de la recherche et le gouvernement.

Ayant pris la mesure de la gravité de l’article 74 du décret 435 et des pratiques administratives tendant à bloquer la carrière des ETP, des IR et TR, une coordination regroupant les ETP des universités publiques du Burkina et des IR, des TR, des centres de recherche a été mise en place afin de comprendre le sens et la portée d’une telle mesure en un premier temps et ensuite œuvrer à la suppression de cet article 74 pour permettre la poursuite des nominations.

Des démarches ont été entreprises auprès des responsables administratifs pour comprendre les implications d’un tel décret. De même, la Coordination a approché les syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche (F-SYNTER, SYNADEC) pour s’imprégner de la lecture qu’ils font d’un tel décret et les raisons de son adoption par les autorités gouvernementales. Il est ressorti que dans une action unitaire, les syndicats ont obtenu lors des négociations de 2016 des mesures d’accompagnement des ETP et des IR inscrits en thèse.

Le gouvernement ne voulant plus recruter les ETP et les IR, il fallait accompagner ces derniers par l’allègement du volume horaire de cours des ETP, le remboursement des frais de paillasse, l’octroi des voyages d’étude pendant trois (03) années successives en vue de leur permettre de parachever leur thèse, soutenir, se faire nommer aux postes d’assistant et d’attaché de recherche pour évoluer dans la carrière de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Pour la F-SYNTER notamment, contrairement à la version des autorités, il n’a jamais été question dans les accords de 2016 de donner un délai aux ETP et IR pour soutenir leur thèse encore moins de les soumettre à un test au même titre que ceux qui veulent se faire nouvellement recruter afin d’accéder aux postes d’assistant et d’attaché de recherche. Par un message public dans la presse en date du 10 juillet 2019, nous avons invité les syndicats à renouer le dialogue avec le gouvernement pour faire supprimer l’article 74 du décret 435 qui fait barrage à l’évolution des ETP et IR dans leur carrière.

Ainsi, la Coordination SYNTER de la recherche en répondant à notre appel a dégagé une Plate-forme revendicative qui synthétise les difficultés que les ETP, IR et TR rencontrent dans la mise en œuvre des accords de 2016. Des négociations qui ont eu lieu au MESRSI, La Coordination SYNTER de la recherche, nous a rapporté que tous les acteurs étaient unanimes que le décret 435 bloque effectivement la carrière des ETP, des IR et des TR d’où la nécessité de sa relecture.

C’est dans l’attente de cette relecture concertée que le 12 janvier 2021 une note signée du Secrétaire Général (SG) du MESRSI invitait les commissions institutionnelles du Cames des centres de recherche et des universités à ne pas instruire les dossiers des candidats sur les listes d’aptitudes du CAMES 2021 qui n’ont pas encore été nommés assistant ou attaché de recherche.

Et pourtant, les critères de candidature du CAMES ne mentionnent nulle part qu’il faut être nommé aux fonctions d’attaché de recherche et d’assistant pour s’inscrire sur les listes d’aptitude. Le CAMES demande d’être titulaire d’un doctorat, avoir une ancienneté de deux ans révolus dans une IPESR, et avoir le nombre d’articles requis pour déposer sa candidature. Et même l’année passée des ETP et IR non encore nommés se sont inscrits sur les listes d’aptitude du CAMES sans problème malgré le décret 435.

Aussi, nous ne voyons pas dans le décret 435 cité en référence, l’article qui interdit les ETP et les IR qui ne sont pas encore nommés de postuler aux grades du CAMES. En plus, les responsables administratifs du CNRST qui ont rencontré les candidats au CAMES 2021 à l’IRSS n’ont trouvé aucun inconvénient à ce que les ETP et IR qui ne sont pas encore nommés puissent déposer leur candidature. Ces responsables leur ont simplement demandé de joindre au dossier le décret 435. Toute chose qui a suscité des interrogations auprès des IR sur l’opportunité de joindre aux dossiers l’article 74 qui les desserre.

A la dernière Assemblée Générale du CNRST, les responsables syndicaux qui représentaient les chercheurs à cette haute instance nous ont informé qu’ils ont demandé aux responsables administratifs du CNRST de ne rien entreprendre pour empêcher le dépôt des candidatures des IR au CAMES 2021. Promesse leur a été faite par ceux-ci de ne rien entreprendre pour empêcher le dépôt de ces candidatures.

C’est dans la préparation des dossiers de candidature au CAMES que la note du SG du MESRSI est venue interrompre brutalement leur inscription sur les listes d’aptitude du CAMES suite à une lettre du CNRST adressée au MESRSI, selon le compte rendu du SYNTER à son assemblée générale du 18 décembre 2021 à l’Université Joseph Ki-Zerbo. Et la mesure a été élargie aux ETP. Il ressort cependant que :

 Les IR et des ETP avaient franchi le cap de l’instruction des dossiers physiques dans les instituts.
 Ces IR et des ETP avaient déjà déposé leurs dossiers en ligne sur la Plate-forme du CAMES qui a accusé réception et leur a demandé de continuer de travailler sur ces dossiers jusqu’à la date limite du 15 février 2021.
La décision de bloquer les ETP et les IR ressemble à une épreuve de force qui vise à empiéter sur leurs droits de se faire évaluer par une institution interafricaine qu’est le CAMES qui a déjà réceptionné leur candidature en ligne.

De la remise en cause et du bafouement du décret 435 par le CNRST

Cette escalade de blocage de la carrière s’inscrit visiblement dans une logique de remise en cause momentanée et du piétinement par le CNRST des mesures d’accompagnement issus des accords de 2016. En témoigne, la suspension des voyages d’étude en novembre 2019 sous le prétexte d’un problème de trésorerie alors qu’en mi-septembre un risque de non consommation du budget avait été annoncé au cas où les bénéficiaires ne venaient pas à déposer leur dossier.

Cette suspension a empêché des IR qui étaient sur la liste d’effectuer des voyages d’étude dans le cadre de leur thèse conformément au décret 435. Ensuite, une note du Délégué Général Adjoint chargé de la Recherche et de la Coopération (DGA/RC) Oumar Sanogo, adressée aux instituts au début de l’année 2020, demandait d’écarter les IR en thèse du bénéfice de ces voyages d’étude en violation des accords de 2016 et du décret 435 notamment à son article 68 qui leur octroyaient ce droit.

Enfin, vient le blocage des nominations des IR ayant soutenu en 2019 et qui devaient être nommés conformément au décret 435. Selon le compte rendu du SYNTER à sa dernière Assemblée Générale, c’est une lettre émanant du CNRST adressée au MESRSI qui a occasionné la suspension de la candidature au CAMES des IR ayant soutenu leur thèse et qui ne sont pas encore nommés au poste d’attaché de recherche. C’est dire donc que depuis lors, le CNRST était dans une posture et un processus de blocage de la carrière des IR. Et le Ministre à la demande du SYNTER est intervenu pour débloquer des blocages de nomination, de carrière au CNRST. Le blocage des nominations de ceux qui ont soutenu en 2019 est très illustratif en la matière.

A l’analyse, il ressort clairement que :
Le CNRST a bafoué et piétiné le décret 435 pour nuire et bafouer la carrière des jeunes chercheurs.

La lettre du CNRST auprès du MESRSI qui a entrainé la suspension de la candidature des IR et des ETP au CAMES 2021 cache au fond un règlement de compte déguisé sur des bases subjectives surtout des IR qui se sont organisés depuis une année bientôt pour dénoncer les pratiques administratives tendant à bloquer, nuire et saper leur carrière par des chercheurs-ainés qui occupent des positions dominantes dans la hiérarchie administrative de la recherche. Nous sommes étonnés d’entendre le SG du MESRSI dire dans sa déclaration liminaire que : « ainsi, en application de ces articles, tous les ETP et Ingénieurs de recherche ayant soutenu leur thèse à la date du 31 décembre 2019 ont été systématiquement nommés Assistants et Attachés de recherche, ce qui leur permet de postuler au CAMES 2021 ».

Pourtant, le CNRST a bloqué des nominations des IR ayant soutenu avant le 31 décembre 2019. C’est la pression de la F-SYNTER et l’intervention du Ministre Maïga Alkassoum qui ont permis la nomination au forceps et contre la volonté du CNRST le 19 janvier 2021 (à côté) des IR ayant soutenu leur thèse avant le 31 décembre 2019. Et même ce n’est qu’une nomination administrative à la hâte sans incidence financière pour permettre à ces derniers de compléter leurs dossiers au Cames. Il nous est revenu que tous ceux qui ont soutenu avant le 31 décembre 2019 dans les universités publiques ont été tous nommés sauf au CNRST.

Par cette déclaration, nous venons interpeller le MESRSI sur l’urgence de la relecture du décret 435 qui crée de vives tensions sociales et perturbe le climat du travail dans la recherche et dans les universités publiques.
Par conséquent nous demandons :

 La levée, sans condition, de la mesure qui suspend la candidature des IR et des ETP au Cames 2021
 La suspension de l’article 74 du décret 435 pour permettre la reprise des nominations en attendant la relecture concertée du décret 435 comme nous l’avons toujours souhaité.
 L’arrêt de la surexploitation professionnelle des ETP dans les universités.

-L’arrêt immédiat de la personnalisation et de l’instrumentalisation de l’administration publique de la recherche à des fins de règlements de compte, de nuisance, de blocage et de sabotage de la carrière des chercheurs juniors.

Ça ne sera pas à l’honneur et au prestige du pays des hommes intègres si le Burkina Faso décide d’empêcher ces jeunes chercheurs de s’inscrire sur les listes d’aptitude du CAMES 2021.

Dans un contexte politique post-insurrection où on parle chaque jour de réconciliation nationale, il serait absurde qu’on vienne ajouter aux multiples frustrations subies déjà d’autres d’ordre professionnel qui ne font qu’aiguiser toujours les tensions sociales inutiles. S’il est vrai, qu’il faut valoriser le capital humain pour un développement durable, il n’ya pas de raison qu’on empêche des jeunes burkinabè de se faire valoriser à l’international par une institution interafricaine d’évaluation des chercheurs africains.

Fait à Ouagadougou le 04 février 2021
Pour la Coordination nationale des ETP et IR du Burkina
Docteur HIEN Ollo Pépin, socio-politologue, chercheur à l’INSS/CNRST

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