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"Le Burkina Faso a aussi la possibilité de se développer" dixit Mr X

Publié le lundi 17 octobre 2005 à 07h18min

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" Thomas Sankara, fait partie de notre histoire comme Marcus Garvey pour les jamaïcains ou encore Patrice Lumumba pour la RDC ", se convainc M-X, l’initiateur d’un site internet pour le leader de la révolution burkinabè.

Autant il s’en trouve des esprits qui oeuvrent inlassablement pour faire disparaître cet homme de la mémoire des burkinabè, autant il y a des esprits retors qui ne cessent de vouer la révolution et son principal acteur aux gémonies sans discernement, autant il se trouve aussi des hommes qui multiplient les actions et les initiatives pour sauver l’immense patrimoine légué par Sankara. Mr X est de ceux là.

En créant http://www.thomassankara.net, ce jeune burkinabè de 28 ans s’est résolu à mettre les NTIC à contribution pour vulgariser les œuvres de Sankara et sur Sankara ainsi que pour diffuser certaines informations pour aider à mieux connaître le Burkina.

A l’occasion du 18ème anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara, il nous conte son projet.

Bendré : Qui êtes vous M X ?

Mister X (Mr X) : Je suis un jeune burkinabé de 28 ans.

Bendré : Pourquoi gardez-vous l’anonymat ?

Mister X (Mr X) : C’est une question que la majorité des internautes me posent tout le temps. Comme dans toute oeuvre , on peut signer par son vrai nom ou par un pseudonyme. J’ai préféré M X à mes initiales, tout simplement dans le but de pouvoir continuer mon oeuvre sur la toile. C’est une façon pour moi de pouvoir travailler librement sans avoir de compte à rendre.
Mon site est à but non politique, donc je ne vois pas pourquoi mon nom doit absolument apparaître sur le site. Je ne veux pas me faire de la publicité non plus.

Bendré : Avez vous été un acteur de la révolution ? CDR, Membre d’un parti de l’époque, membre du CNR ?

Mr X : Non, Pas du tout. Nous étions très jeune pour prendre part à la Révolution Démocratique et Populaire. A l’époque, l’image que j’avais de la révolution était les CDR, et pas en bien : je vivais dans un quartier perdu de Ouagadougou et à l’époque mes voisins ramassaient du gravier pour nourrir leurs enfants et je ne trouvais pas très bien que les CDR viennent les chasser et récupérer leurs plats et dabas qu’ils utilisaient pour creuser le sol.

Mais avec du recul, je leur donne raison sur le principe mais pas sur la façon de faire. Car aujourd’hui lorsqu’on parle de développement durable, la conservation des sols fait partie du patrimoine, que nous devons conserver. C’est la raison pour laquelle, je pense que pour apprécier la révolution, il faut penser pour le peuple et non pour soi-même.

Bendré : Avez-vous eu des relations particulières avec le Président assassiné Thomas Sankara ?

Mr X : Non, car comme je l’ai déjà souligné, j’étais très jeune à l’époque de la révolution. La seule fois que j’ai vu le capitaine Sankara , nous étions à la Place de la Révolution et cela avec le peuple.

Bendré : Pourquoi avoir créé ce site ?

Mr X : Ce site est né de la passion qui nourrissait en moi, pour cet homme et ses œuvres. En effet, j’ai commencé à lire des livres sur la genèse de mon pays il y a de cela plus de 20 ans. Je me suis rendu vite compte des difficultés que l’on avait à trouver des livres sur le Burkina Faso de l’époque des royaumes et empires.

Quand la révolution battait son plein au pays, nous n’étions que des enfants, des petits pionniers aux poings levés et sans connaître le fondement de cette révolution. C’est la raison pour laquelle j’ai essayé de trouver des documents sur la Révolution Démocratique et Populaire , mais comme vous le savez au Burkina on n’en trouve pas beaucoup. A l’époque le livre de référence était "Sankara le rebelle" de Sennen Andriamirado ". Alors, quand je suis arrivé en Europe, je me suis fixé un but, redonner au passé ce que le présent lui a pris.

Dans cette oeuvre, je tiens tout simplement à redonner à la jeunesse ce qu’elle n’a pas eu la chance de vivre. Car le capitaine Thomas Isidore Sankara fait partie de notre Histoire comme Marcus Garvey pour les jamaïcains, ou encore Patrice Lumumba pour la RDC.

Créer en fait un livre virtuel sur Thomas Sankara et la Révolution, était un de mes objectifs. C’est alors que Thomas Sankara Web Site est né en 2003.
Le site a été mis en place pour que certaines idées du Capitaine Sankara soient reprises par les dirigeants actuels et futurs du Burkina et pourquoi pas des autres pays dits sous-développés.

J’anime ce site seul depuis 2003 mais là je commence à trouver des burkinabé ou d’autres personnes de différentes nationalités qui veulent travailler avec moi. Nous projetons de publier un site sur le Burkina Faso. Ce site sera une encyclopédie virtuelle qui nous permettra de réécrire notre histoire, de donner plus d’informations aux grandes entreprises qui aimeraient s’implanter au pays. Car notre pays en a besoin.

Bendré : N’est-ce pas de l’idolâtrie ?

Mr X : Un peu d’idolâtrie ne ferait aucun mal, mais dans la mesure du possible, j’évite de sombrer dans le culte de la personnalité. Je loue son travail, mais comme on le sait bien Sankara a lui seul n’aurait pas pu mener à bien, cette révolution. Nous devons pour cela respecter le travail fait par le peuple et tous les intervenants de cette révolution.

Bendré : Pensez-vous que ce site est vraiment utile ?

Mr X : le site Thomas Sankara est utile dans la mesure où il donne plus d’informations sur l’histoire du Burkina Faso. Sur le site vous avez plusieurs rubriques qui parlent du Burkina en général, de la politique actuelle, des différents présidents, de certaines personnalités comme Norbert Zongo ...

Ce site est très utile pour la jeunesse et même pour les plus âgés. Notre but est de le faire connaître. Il faut juste jeter un oeil sur le net. Vous saisissez juste Thomas Sankara et vous avez 100% de chance de tomber sur le site web et nous sommes référencés sur plus de 20 moteurs de recherches, plus 40 sites individuels sans oublier les wikipedia.

Bendré : Comment faites- vous pour collecter tant de documents , si vous travaillez seul ?

Mr X : J’ai commencé la collecte de données depuis le Burkina Faso. De l’extérieur, il est beaucoup plus facile de trouver des documents et de demander l’impression d’un livre qui n’est plus en stock. J’ai commencé le site avec quatre pages, dont la biographie de Sankara, sa politique, sa mort et une page sur le Burkina Faso (Historique, Géographie, Economie, Art et Culture...).

Après deux ans et bientôt trois, je peux dire que j’ai enfin réussi. Des amis, des internautes m’envoient par e-mails des documents ( Interviews, discours ...) Et là par exemple, je viens de recevoir des discours audio que j’ai déjà mis en ligne. Cette récolte de documents se fait via le net.

Je profite de votre journal pour lancer un appel à tous ceux ou toutes celles qui ont des documents (Discours sur Thomas Sankara, des informations sur le rôle du Burkina dans l’émancipation de la femme africaine, ..) vous pouvez me les faire parvenir à l’adresse info@thomassankara.net

Bendré : Combien de visiteurs avez vous enregistré depuis la création du site ?

Mr X : Depuis sa création, nous avons enregistré plus de 37 000 visites, avec plus de 1 500 000 pages affichées par année. Le site bât son plein et chaque jour avec de nouveaux visiteurs et cela de tous les pays sans exception.

Bendré : Comment le site est-il apprécié par ceux qui le visitent ? Vous envoie-t-on des messages ?

Mr X : Je peux vous dire seulement que le site est beaucoup apprécié. Visité de partout... Jetez juste un regard sur le livre d’or et l’album photos. Nous avons plus de 240 messages sur ce livre d’or , et chaque message me donne encore la force et le courage de continuer le travail et penser sur d’autres projets.

Des gens me contactent, pour m’encourager, me transmettent des messages de soutiens. Il y a ceux aussi qui veulent collaborer avec moi pour la suite du site. Sans oublier ceux qui pensent que je suis membre d’un parti sankariste. A eux, je réponds tout simplement que l’on n’a pas besoin de faire partie d’un parti pour faire un site du genre Thomas Sankara Web Site.

Bendré : Votre dernier mot

Mr X : J’en appelle à toutes les couches sociales du Burkina Faso à œuvrer pour le développement du pays. Nous devons nous mettre debout en seul homme pour revendiquer l’annulation de la dette par exemple. Nous devons travailler ensemble pour le bien de notre chère patrie. Le Burkina Faso , l’un des pays les plus pauvres au monde , a aussi la possibilité de se développer , tant sur le plan économique, social, qu’ artistique.
Je tiens par cette interview à dire un grand merci à tous ceux qui , de près ou de loin m’ont aidé à mettre sur pied ce site et à l’enrichir.
Je vous remercie.

Imterview realisé par pabeba Sawadogo
Bendré

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