Université Nazi Boni : Le premier socio-anthropologue, Nourou Barry, défend sa thèse de doctorat unique avec succès
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L’impétrant Nourou Barry a défendu avec brio, le mardi 20 octobre 2020 à l’Université Nazi Boni (UNB), sa thèse de doctorat unique en socio-anthropologie sur le thème : « Représentations et logiques sociales des acteurs locaux dans le cadre du projet Target Malaria à Bana au Burkina Faso ». Le jury, présidé par le Pr N’Doumy Noël ABE, enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), a jugé le travail recevable et lui a décerné la mention « Très honorable » avec ses félicitations.
Le tout nouveau docteur en socio-anthropologie, Nourou Barry, a, au cours de ses travaux de recherche, fait une analyse des logiques et enjeux participatifs des acteurs dans le dispositif scientifique de recherche du projet Target Malaria. Ce travail lui a permis de comprendre les représentations que les acteurs locaux impliqués dans sa mise en œuvre ont du dispositif en question, des activités de recherche, des moustiques génétiquement modifiés, notamment les moustiques mâles stériles, ainsi que les différentes situations d’interaction des acteurs dans un contexte de recherche scientifique en santé au Burkina Faso.
Au cours de sa soutenance, l’impétrant a fait un exposé fort apprécié de son travail doctoral. Après cette présentation saluée par le jury, une forte émotion gagna l’audience à l’évocation, par l’impétrant, de personnes qui ont marqué son parcours. Il a dit toute sa reconnaissance à sa défunte mère, à l’IRSS, à l’UNB, au Pr Roch Dabiré, au Pr Diabaté, à son directeur de thèse Dr Patrice Toé. Il a également rendu un vibrant hommage à Dr Léa Paré qui n’a ménagé aucun effort dans son soutien au quotidien depuis des années pour qu’il réussisse.
Les membres du jury, après un examen minutieux, ont donné à l’impétrant le titre de docteur en socio-anthropologie, assorti de la mention très honorable avec félicitations du jury. Notons que Nourou Barry est le premier docteur en socio-anthropologie formé à l’Université Nazi Boni, précisément au Laboratoire d’Etudes Rurales sur l’Environnement et le Développement Economique et Social (LERE/DES).
Le jury était composé du Pr N’Doumy Noël ABE (président du jury), des Pr Léon Blaise Savadogo, Pr Ludovic Kibora et du Dr Patrice Toé, directeur de thèse. De nombreuses personnalités étaient présentes à cette cérémonie, dont le Directeur régional de l’ouest de l’Institut de Recherche en Sciences de la santé, Pr Roch Dabiré, le Pr Millogo, vice-président de l’Université Nazi Boni, le Pr Abdoulaye Diabaté, principal investigateur du projet Target Malaria, le Dr Léa Paré responsable de l’engagement des parties prenantes et en présence de nombreux amis, parents et collègues.
Nourou Barry, ce natif de Kantchari (Tapao), est un passionné de sociologie avec comme centre d’intérêt, les questions relatives aux représentations sociales, à l’engagement des parties prenantes dans les recherches scientifiques en santé en Afrique, ainsi qu’aux défis liés à l’adoption des technologies nouvelles et innovantes (gène drive, moustiques génétiquement modifiés…) de contrôles des maladies à transmission vectorielle telles que le paludisme.
Résumé
La mise en œuvre des dispositifs de recherche en santé est une réalité dans la plupart des pays africains dont ceux de l’Afrique subsaharienne. Au Burkina Faso, plusieurs de ces dispositifs sont en cours d’exécution dans différentes institutions nationales. La plupart de ces dispositifs visent la mise au point des technologies innovantes comme outils alternatifs qui puissent permettre de lutter contre des maladies qui déciment les populations de ces pays. Le cas de Target Malaria, en tant que dispositif de recherche visant la modification génétique des vecteurs du paludisme, en est un exemple illustratif.
Depuis 2012, il est en cours de réalisation au Burkina Faso. Target Malaria s’attaque au paludisme qui constitue, de nos jours encore, un sérieux problème de santé publique prioritaire pour ces pays. Bien que cette maladie soit évitable et curable, le paludisme reste l’une des principales causes de décès dans le monde. Environ 90% des décès surviennent en Afrique subsaharienne. Cela est dû aux limitations des outils actuels de lutte contre la maladie et aux difficultés de déploiement des interventions sur le terrain. En tant que dispositif de recherche axé sur la biotechnologique, Target Malaria cherche à proposer une technologie qui soit efficace, durable et à moindre coût de lutte contre le paludisme ; une technologie qui soit complémentaire aux outils de lutte déjà existants.
Cette technologie se veut innovante et complexe car il s’agit des moustiques génétiquement modifiés (GM). Mais avant la mise au point de ces moustiques GM, Target Malaria conduit des activités entomologiques (collectes de moustiques, essais expérimentaux de lâcher-recapture de moustiques) ainsi que celles de dialogue d’interaction avec les communautés locales de Bana (à une vingtaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso). Ainsi, prenant comme exemple Target Malaria à travers le développement et l’introduction de ces moustiques GM pour le contrôle du paludisme, cette étude apporte-t-elle un éclairage en analysant ce dispositif de recherche scientifique comme un objet social complexe, support de représentations sociales, des enjeux ainsi que de logiques divers.
Fondée essentiellement sur une approche qualitative, cette étude fait, d’une part une description des conditions de réalisation des activités de recherche de Target Malaria dans le village de Bana. Et d’autre part, analyse les logiques et enjeux participatifs des acteurs dans ce dispositif scientifique. De ce fait, elle permet de comprendre les représentations que les acteurs locaux impliqués dans sa mise en œuvre, ont du dispositif en question, des activités de recherche, des moustiques génétiquement modifiés, notamment les moustiques mâles stériles, ainsi que les différentes situations d’interaction des acteurs dans un contexte de recherche scientifique en santé au Burkina Faso.
Romuald Dofini
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