Actualités :: Les faits divers de Sacré : Les ennuis de « 44 »

Dans sa localité, Mathias était plus connu et appelé « 44 », un surnom que je ne saurai justifier, ce qui, du reste, n’est pas l’objet de notre chronique. Ayant pris son congé, « 44 » était attablé en ce début de soirée sous la cabane du kiosque à siroter du « patassi ».

Il était à son énième verre de cette eau de feu, lorsque l’un des clients se levant de sa table vint lui demander l’autorisation de s’asseoir à ses côtés. Dès qu’il se fut installé, l’homme qui buvait également du patassi en commanda une demi-bouteille et de l’inconnu qu’il était aux yeux de « 44 », il devint subitement le compagnon puis l’ami prodigue.

C’est ainsi qu’avant la fin de cette demi-bouteille, « 44 » sut que son bienfaiteur s’appelait Benoît, qu’il était arrivé depuis le matin de Ouagadougou, et qu’il avait rendez- vous dans ce kiosque non loin de la gare routière avec un ami qui devait le conduire voir un tradipraticien. Et comme pour balayer les interrogations de « 44 », Benoît précisa que son mal n’était pas si grave, voici pourquoi il se permettait de boire du « qui ma pousse », l’autre nom du patassi.

« 44 » n’en demandait pas mieux surtout que Benoît vidait le fond de la bouteille dans son verre et en même temps en commandait un autre demi- litre. La conversation s’anima un peu plus et Benoît oublia presque la raison de sa venue dans cette petite ville de province. Il ne se le rappellera qu’à la tombée de la nuit.

Convaincu que celui qu’il attendait ne viendrait pas et qu’il était suffisamment éméché pour emprunter un car pour Ouaga, Benoît demanda à « 44 » de l’héberger pour la nuit. Celui-ci ne voyant pas d’inconvénient, ils s’en allèrent ensemble emportant avec eux un autre demi-litre de patassi.

Très tôt au petit matin, « 44 » entendit des gémissements provenir de la chambre de l’étranger. S’y étant rendu, il vit Benoît se tordant de douleur. Il était très mal en point. Pris d’un début de panique, « 44 » sortit réveiller son voisin, chauffeur de taxi. Ensemble ils s’aidèrent, pour embarquer le malade dont l’état empirait à vue d’œil.

Mais au lieu de donner l’adresse de l’hôpital, « 44 » demanda au taxi de les conduire au kiosque non loin de la gare. Au chauffeur qui s’en inquiétait, il expliqua qu’il ne connaissait pas Benoît et que l’ayant rencontré au kiosque, il l’y ramenait pour ne pas avoir de problème pendant son congé.

Sur place, il changea d’avis et le premier car étant prêt, ils installèrent Benoît dans le fond puis « 44 » s’en retourna heureux de s’être débarrassé des ennuis qu’il présentait.

Le car démarra et arriva à Ouaga. Les passagers descendirent sauf Benoît que l’on croyait endormi. Le convoyeur alla le réveiller et constata qu’il était mort.

Le propriétaire du car prévenu, ordonna au chauffeur de le ramener là où il l’avait embarqué. Et le car avec le seul passager à bord retourna dans cette petite ville de province.

Sur place, l’on se convainquit que si l’on disait à « 44 » de venir chercher le corps, il refuserait ; alors l’on envoya lui dire qu’arrivé à Ouagadougou, son ami du matin envoyait lui remettre de l’argent. Et « 44 » se pointa optimiste à la gare. Le chauffeur qui était resté à bord l’invita à l’y rejoindre. Une fois à l’intérieur, « 44 » vit et reconnut dans le fond du car l’homme que pour empêcher qu’il tombe l’on avait solidement attaché à la banquette. Il voulut descendre en vitesse car il avait compris que Benoît n’était plus de ce monde. Ceux qui étaient là l’en empêchèrent et l’on fit venir la gendarmerie. A l’issue de l’interrogatoire, on lui remit le corps de Benoît pour l’enterrement.

On dit qu’un cadavre ne s’insulte pas ; chose que n’a pas pu respecter « 44 » lorsque bien plus tard il disait ceci aux enfants de Benoît venus lui poser des questions sur la mort de leur père : « ...j’étais assis tranquille en train de boire du patassi lorsque votre imbécile de père est venu me créer tous ces problèmes... ».

Sacré Chédou OUEDRAOGO
(Collaborateur)

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