Actualités :: Emmanuel Kaboré : « L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au (...)

Ingénieur en électrotechnique, expert en efficacité énergétique et promoteur de l’entreprise Projet production solaire, Emmanuel Kaboré revient, dans cette interview, sur les bienfaits du mix énergétique, alors que s’achève la COP 27 en Egypte. Il livre aussi son analyse sur le boom du solaire constaté au Burkina Faso depuis quelques années.

Lefaso.net : Présentez-vous.

Emmanuel Kaboré : Je suis Emmanuel Kaboré, ingénieur en électrotechnique, expert en efficacité énergétique, diplômé en M2 à l’IAE de Lyon en commerce international. Je suis le promoteur de l’entreprise Projet production solaire (PPS) depuis 2010, directeur général de URBASOLAR BF et président de l’Association des professionnels des énergies renouvelables de la CEDEAO (APER/CEDEAO).

Qu’est-ce que le mix énergétique ?

Le mix énergétique, c’est le fait d’utiliser au moins deux à plusieurs sources différentes pour la production énergétique dans un pays, ou dans une unité de production industrielle. Exemple : utilisation du thermique, de l’hydraulique, du solaire, de la biomasse, du nucléaire. La meilleure idée étant de mixer les sources fossiles avec les sources renouvelables.

Au-delà du mix énergétique, plusieurs solutions sont préconisées pour l’économie d’énergie ; quelles sont les principales ?

Les principales sources d’économie d’énergie sont l’optimisation énergétique dans l’industrie, en utilisant des équipements électriques de production à haut rendement et la fiabilité industrielle qui consiste à faire de très bon dimensionnement pour le choix des équipements et le process de production. Cela passe par l’automatisme, la régulation et un bon procédé de maintenance dans l’industrie et les chaînes de froid qui sont les sources de consommation les plus élevées d’énergie.

Pensez-vous qu’il y a une réelle prise de conscience de la nécessité de la sobriété énergétique au Burkina ? Pourquoi ?

Je ne peux pas affirmer qu’il y a une bonne prise de conscience de la sobriété énergétique au Burkina, parce qu’il n’y a pas une vraie politique dans le domaine des économies d’énergie. Hormis le fait que certains industriels font des redressements pour corriger leur facteur de puissance pour éviter des pénalités de la SONABEL, beaucoup ne savent pas que l’optimisation énergétique permet de réduire énormément les coûts de production et de faire beaucoup d’économie d’argent.

Quand nous parlons de notre métier, certains vous voient seulement en commerçants et non en apporteurs de solutions économiques. Mais j’aimerais faire une mention spéciale à l’ONEA et à la SOFITEX qui sont engagés dans l’optimisation énergétique pour la production depuis un certain temps et de manière continue. L’ANEREE devrait avoir les moyens d’accompagner techniquement et économiquement les grands consommateurs dans l’efficacité énergétique.

On constate comme un boom du solaire dans notre pays depuis quelques années ; comment appréciez-vous cette évolution ?

Il y a effectivement un boom du solaire au Burkina. C’est une bonne chose parce que cela permet à un plus grand nombre de la population d’avoir accès à l’énergie, mais il faut une vraie régulation ou organisation du secteur pour éviter que les consommateurs ne se fassent tromper par les amateurs professionnels. Nous avons de sérieux problèmes parce que tout le monde est devenu spécialiste du solaire.

Tous les électriciens sont des spécialistes du solaire, presque toutes les écoles professionnelles forment des spécialistes du solaire avec l’effet de mode, sans le personnel d’encadrement adéquat et le matériel didactique. L’énergie solaire est un métier de spécialistes ; mais au Burkina, c’est du commerce, de l’import-export. Et si tu critiques, c’est comme si tu ne faisais que protéger tes intérêts.

Certains usagers sont parfois déçus par l’efficacité du solaire ; quelles sont les raisons selon vous ?

Comme je l’ai souligné plus haut, il y a plus d’amateurs que de professionnels. Nous avons même des difficultés pour recruter de vraies compétences en solaire. Il y a plus de vendeurs de panneaux solaires que de techniciens solaires. Les consommateurs aussi sont responsables parce qu’ils achètent des produits et non du service. Beaucoup de consommateurs passent nous voir pour des études et après ils vont acheter les équipements et ils confient à leurs électriciens-bâtiment pour l’installation. C’est comme si tu prends le plan d’un architecte et tu donnes à un maçon de Tougan pour construire, sans aucun contrôle.

Quelles solutions proposez-vous pour une vulgarisation efficace des solutions solaires ?

Pour une vulgarisation efficace du solaire au Burkina ou ailleurs, il faut professionnaliser le secteur. Ce secteur ne peut pas être un secteur de l’import-export et ça va bien fonctionner.
Je n’ai rien contre les ouvriers installateurs, beaucoup ont même été formés chez nous et par nous, mais il faut une rigueur ; et celui qui peut jouer la police ou le contrôle de la qualité, c’est bien l’Etat. Mais à ce niveau même c’est du clientélisme, des vendeurs de cacao à certains postes par récompense politique. Ceux du secteur savent très bien de quoi je parle et nous avons souvent critiqué ces pratiques sans être écoutés. Le poisson pourrit par la tête.

Lefaso.net

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