Actualités :: Nation : Quelle crédibilité accorder aux hommes politiques ?

"Nous avons reçu 30 millions du CDP". C’est l’une des grandes révélations du candidat du Parti pour la renaissance (PAREN) à la présidentielle prochaine, investi dimanche dernier par les siens.

Acculé, comme on le dit, par le bureau politique du parti, Laurent Bado a fini par lâcher le morceau. Même s’il a été contraint de jouer la carte de la vérité et de la transparence, il faut bien reconnaître au président du PAREN ce courage et ce supplément d’âme qui manquent cruellement à beaucoup d’opposants burkinabè. Ailleurs et dans le même contexte, des présidents de parti auraient rejeté cette exigence de transparence et de vérité, bien que sachant l’étau se resserrer autour d’eux.

L’OBU, certainement, n’est pas le seul parti à avoir bénéficié de libéralités du pouvoir. D’aucuns diront donc que ce n’est que la face immergée de l’iceberg. A ce propos, Laurent Bado révèle qu’une liste de ceux qui avaient déjà bénéficié de la générosité du Président du Faso lui a même été présentée. Faut-il le croire ou pas ? Quoi qu’il en soit, les vérités assommantes de Laurent Bado montrent à quel point, dans l’opposition burkinabè en particulier et dans la classe politique burkinabè en général, on a atteint un seuil critique.

On pourrait alors se demander si, en définitive, cette opposition est digne de confiance. Des opposants qui aspirent à prendre un jour le pouvoir, qui critiquent à longueur de colonnes dans la presse nationale, le président, qui fustigent l’impunité, la corruption, la malgouvernance et qui, paradoxalement, reçoivent, sans broncher et dans la pénombre, des étrennes ! Qui l’aurait cru ? Certes, en politique, on a généralement recours à toutes sortes de manoeuvres, de calculs et d’intrigues florentines pour affaiblir l’adversaire. A la guerre comme à la guerre !

Mais il faut tout de même avouer que les financements occultes relèvent du politiquement incorrect. C’est, assurément, enlaidir le jeu démocratique. Après les révélations du président du parti, on est porté à croire que la politique, dans le contexte burkinabè, ressemble à un théâtre d’ombres, un marché de dupes où l’électeur, finalement, sort perdant, déçu et frustré. Cela pose, à la fois, le problème de la morale politique et de son nécessaire assainissement.

Puisqu’il y a déjà un financement public des partis de l’opposition, pourquoi ne pas augmenter la mise ? En tout cas, en procédant comme il le fait, le pouvoir aura du mal à convaincre que ce n’est pas une stratégie qu’il utilise pour casser, à terme, l’opposition. Car cette générosité peut se présenter comme des chausse-trappes destinées à faire mal à l’opposition.

En acceptant, dans l’obscurité, les largesses du pouvoir, l’ opposition a-t-elle oublié que ces choses-là finissent toujours par se découvrir ? En tout état de cause, il est difficile de condamner dans l’absolu le pouvoir. Encore une fois, à la guerre comme à la guerre. Le jeu politique est aussi un jeu de rapport de forces, qu’il faut savoir en permanence utiliser, corriger, etc., dans le souci constant de la consolidation et de la préservation du pouvoir.

Il appartient plutôt à l’opposition, soucieuse de sa force et de son devenir, de savoir dire non ou oui aux largesses du pouvoir, dans l’obscurité ou dans la lumière. Quant à l’OBU, principalement, on peut se demander si, avant d’accepter les millions du pouvoir, elle n’aurait pas dû poser le problème devant les membres du bureau politique. Car, pensons-nous, une telle décision nécessite l’accord préalable du bureau.

Mais dans un environnement où des chefs de partis ne se gênent pas de disparaître avec la caisse de leur formation politique, une fois le financement public acquis, faut-il s’étonner que ce préalable n’ait pas été posé ? En tout cas, désormais, on comprend pourquoi l’opposition burkinabè est souvent si apathique et si aphone face à des opportunités politiques dont elle devrait se saisir pour produire et agiter des idées susceptibles d’embarrasser le pouvoir, dans l’intérêt de la nation et du jeu démocratique. Parfois, en effet, ils sont plongés dans un silence si assourdissant qu’on se demande si leur compromission n’explique pas leur apathie.

L’opposition burkinabè, somme toute, devrait se montrer plus mûre. Enfin, on peut se permettre de se demander si Blaise Compaoré, en tant que garant de la morale, ne se livre pas à un jeu dangereux, en cassant de l’opposition de cette manière.

D’autant qu’il peut contribuer à ternir l’image de l’homme politique, à ébranler la confiance des militants dans leur rapport au leader, et même à aggraver l’immoralité ambiante. Déjà que le nomadisme politique, véritable cancer qui gangrène l’Assemblée nationale, est le sport favori de certains députés.

De fait, il faudrait qu’on songe à trouver des normes juridiques ou législatives pour endiguer ce fléau qui n’honore pas toujours l’homme politique. Comparaison n’est pas raison, mais au Sénégal, vous avez la liberté de nomadiser mais aussi le devoir de renoncer à votre siège de député. C’est à choisir.

Le Pays

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