Actualités :: La COB rejette toute prise de pouvoir par la violence ou les (...)

Le 7 octobre 2003, M. Abdoulaye Barry, commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, annonçait à l’opinion, à la surprise générale, que le Tribunal militaire avait été saisi d’une affaire concernant la sûreté de l’Etat. Il précisait qu’une enquête était en cours pour cerner ce qu’il présentait comme une tentative "d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat", dont le projet aurait été conçu depuis 2000-2001, puis apparemment abandonné avant d’être réveillé récemment.

Le commissaire du gouvernement annonçait qu’un pasteur, une dizaine de sous-officiers, anciens membres de la garde présidentielle, un capitaine affecté depuis une dizaine d’années au ministère du Commerce et un officier d’intendance résidant à Bobo-Dioulasso seraient impliqués dans cette tentative. Curieusement aussi, il prédisait que les enquêteurs allaient "ratisser large" dans leurs investigations !

L’opinion s’est aussitôt emparée de ces éléments communiqués par le commissaire du gouvernement Abdoulaye Barry, en mettant en exergue le caractère approximatif de la plupart des informations communiquées, les contradictions manifestes et les éléments invraisemblables y contenus, toutes choses qui font curieusement ressembler l’information donnée à un montage maladroit.

Avec l’opinion, la Concertation de l’opposition burkinabè (COB) pose les questions suivantes :

1. Pourquoi est-ce le commissaire du gouvernement Abdoulaye Barry et non pas un membre du gouvernement, le ministre de la Sécurité par exemple, qui est chargé d’informer l’opinion ?

2. Pourquoi jusqu’à présent, sur ce qui est présenté comme une tentative de déstabilisation du régime, les plus hautes autorités du pays gardent un silence inexplicable pour une telle situation ?

3. Pourquoi le commissaire du gouvernement livre-t-il des informations tirées de ce qui parait être une instruction en cours ? Si l’enquête est confiée comme cela apparaît à la gendarmerie, pourquoi ne laisse-t-il pas à celle-ci le soin de dire où elle en est ?

4. Comment des suspects, gardés à plusieurs, et surveillés comme il se devrait, dans les locaux de la gendarmerie, arrivent-ils à se suicider avant leur repas de midi, sans que personne ne s’aperçoive de rien avant la nuit ?

5. Sur quelles bases le commissaire du gouvernement annonce-t-il d’office, dès sa première conférence de presse, que l’enquête va "ratisser large" ?

6. Comment interpréter le "ratisser large" du commissaire du gouvernement ? Si comme il le dit, les services de sécurité suivent l’affaire depuis deux ans au moins, pourquoi faut-il attendre tant de temps pour connaître de nouvelles arrestations de présumés complices semaine après semaine ?

7. L’arrestation de Norbert Tiendrébéogo, président du Front des forces sociales, entre-t-elle dans le cadre de ce "ratisser large", précédemment annoncé, et qui va donc s’étendre, comme certains l’annonçaient dès le départ, jusqu’aux dirigeants politiques de l’opposition ?

8. Cette fois, contrairement aux situations similaires du passé, les pouvoirs publics paraissent vouloir traiter cette tentative de putsch par la voie judiciaire. Cette nouvelle manière de faire annonce-t-elle la volonté du pouvoir de respecter les droits des citoyens et l’indépendance de la Justice, même dans des situations de ce type ?

Le peuple burkinabè a massivement adopté par référendum la Constitution de 1991 qui nous a sortis de la succession ininterrompue des Etats d’exception dont notre pays a conservé des séquelles indélébiles. La Concertation de l’opposition burkinabè (COB), qui regroupe des partis démocratiques, des partis qui font de l’instauration, de la consolidation et de la promotion de la démocratie au Burkina Faso, leur credo, rejette toute forme de prise de pouvoir par la violence ou la force des armes. La COB ne peut en aucune façon, accepter de se rendre complice d’un projet de prise de pouvoir par des voies non constitutionnelles. Si les partis de la COB se retrouvent depuis tant d’années dans tous les combats pour la démocratie, pour la transparence et l’équité des scrutins, pour le respect des droits des citoyens, pour la défense des intérêts de notre peuple, ce n’est pas pour accepter de retomber un jour sous le joug d’un nouveau pouvoir d’exception.

Devant toute crise, il faut commencer par en rechercher les causes internes car, tant que celles-ci ne sont pas supprimées, elles reproduiront tôt ou tard les mêmes effets. Il faut reconnaître qu’il existe depuis près de quinze ans, un malaise général et patent au Burkina Faso. Vivre aujourd’hui dans notre pays exige de trouver en permanence des stratagèmes pour se tirer de difficultés et de problèmes nombreux, que la mal gouvernance du régime actuel multiplie au dépens du citoyen burkinabè. Car ce sont les dirigeants du pays qui ont laissé se développer des maux qui sont devenus caractéristiques du régime actuel : la corruption, les détournements, le népotisme, l’affairisme, l’opacité dans les affaires, le chômage, l’insécurité et l’impunité que tous les jours des faits illustrent. Subir en permanence ces maux pousse nécessairement les citoyens à la révolte.

S’il y a eu tentative de coup d’Etat, et s’il est vrai que bon nombre de militaires impliqués seraient des éléments ayant appartenu au Régiment de la sécurité présidentielle (RSP), il y a lieu de s’inquiéter de la façon dont les membres de ce régiment sont formés, éduqués et gérés par leurs supérieurs actuels. Sont-ils éduqués pour être au service de la République, en défendre les institutions et les valeurs et pour respecter les droits des citoyens ? On dit que certains d’entre eux ont été envoyés en missions spéciales dans des pays lointains comme le Liberia ou le Burundi, et en sont revenus sans recevoir les compensations financières convenues au départ. Cette situation d’injustice ne peut entraîner que des frustrations et conduire à la révolte. De même, le fait que des officiers de réserve et des officiers d’intendance soient impliqués dans cette "tentative d’atteinte à

la sûreté intérieure de l’Etat", ne traduit-il pas des mécontentements liés à des différences de traitement ou de considération entre les corps de l’Armée ?

Depuis le 20 Octobre 2003, ceux qui "mènent l’enquête", ont semblent-ils décidé de s’attaquer aux dirigeants politiques de l’opposition. Ils ont interpellé et gardé à vue et au secret Norbert Tiendrébéogo, le président du Front des forces sociales. Nous sommes persuadés que cette arrestation n’est que la première de ce type, car comme tout le monde le disait, l’annonce de la tentative de putsch sera vraisemblablement l’occasion pour le pouvoir de régler ses comptes à tous ceux qui le dérangent.

Les partis membres de la COB saisissent cette occasion pour réaffirmer au peuple burkinabè leur foi et leur conviction en la force des méthodes constitutionnelles de lutte pour assurer l’alternance

politique. Ce sont les partisans de la violence qui, chaque fois que leur position le leur permet, fraudent sans vergogne, usent de l’intimidation de l’administration, et recourent aux méthodes non démocratiques, pour imposer leur victoire sur leurs adversaires politiques.

La COB exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire de tentative de putsch, y compris sur les conditions de détention faites aux personnes interpellées. Elle exige la libération du président du Front des forces sociales, car il ne peut pas être complice dans la présumée "tentative d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat".

Enfin, la COB appelle tous les démocrates à rester vigilants pour veiller au respect permanent de la justice et du droit au Burkina Faso, quelles que soient les situations.

Ouagadougou, le 21 octobre 2003

Le Président de la Convergence démocratique et Sociale (CDS)

PO

Valère SOME

Le président de la Convention panafricaine Sankariste (CPS)

Ernest Nongma OUEDRAOGO

Le président du Front patriotique pour la changement (FPC)

Tahirou ZON

Le Secrétaire général du Groupe des démocrates et patriotes (GDP)

Issa TIENDREBEOGO

Le Secrétaire général du Parti africain de l’indépendance (PAI)

Philippe OUEDRAOGO

Le président du Parti de la renaissance (PAREN)

Laurent BADO

Le président du Parti pour la démocratie et le socialisme (PDS)

PO

Félix K. SOUBEIGA

Le président du Parti des forces indépendantes pour le développement (PFID)

Kader NACRO

Le président du Parti national républicain/Juste voie (PNR/JV)

P.O.

Christian KONE

Le président de l’Union pour la renaissance /Mouvement Sankariste (UNIR/MS)

Me Bénéwendé SANKARA

Le président de l’Union nationale pour la démocratie et la démocratie (UNDD)

PO

Hermann YAMEOGO

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