Démocratie oblige, le paysage politique burkinabè est agrémenté d’une multitude de partis politiques dont le sérieux parfois est en proportion directe d’avec la moralité de leurs dirigeants. Incrustés dans les bureaux politiques ou inamovibles à la tête de formations aux programmes insondables, des individus d’une lamentable médiocrité prétendent par ce relais mettre au service de la nation entière des talents dignes de l’immortalité.
L’engagement politique, au lieu d’être un espace de passion fondé sur une analyse de la société ayant abouti à un programme de gouvernement auquel on croit fermement soi-même, devient une comédie qu’on se joue à soi-même avec pour acteurs occasionnels et spectateurs permanents, toute la masse des autres concitoyens dont d’autorité l’on suppose la naïveté et l’esprit d’observation proches du nul intégral.
Outre des partis dits Bolchevik dont l’appellation même laisse quelque peu dubitatif, certaines formations politiques se signalent par un art consommé de la platitude, de la contradiction et de l’à peu près. Ainsi, les sankaristes, se voulant héritiers spirituels du président Thomas Sankara et se reconnaissant dans ce qu’ils désignent par sankarisme pour synthétiser leur ligne politique, ont fini par dérouter jusqu’à leurs sympathisants par leur goût immodéré des intrigues, coups bas, culte de la personnalité etc.
Se fondant sur le charisme personnel du président Sankara qui comme tout être humain avait ses qualités et ses défauts, les Sankaristes ont repris un flambeau que beaucoup d’observateurs ont suivi avec beaucoup d’intérêt à ses débuts. Le filon était bon, surtout auprès d’une certaine catégorie sociale peu préoccupée de prospective ou d’analyse politique.
L’intérêt qu’ils ont suscité auprès des sympathisants était surtout fondé sur le fait que ces Sankara version bis sauront éviter les excès et les débordements qui ont malheureusement caractérisé aussi cette partie de l’histoire du Burkina Faso. Hélas ! A peine ont-ils émergé sur la scène politique nationale que les sankaristes se signalèrent par un brouhaha continu sur des points de détails, une incapacité à se regrouper et des visions disparates du sankarisme.
Fondées sur des considérations personnelles souvent matérielles, des querelles éclatèrent çà et là entre eux. Se prenant chacun pour Sankara lui-même, les dignes héritiers exposèrent leur médiocrité et démontrèrent par là leur incapacité à être utiles à la nation. En voulant récupérer le charisme de leur idole à leur profit, ils ont baissé les masques à tel point que l’on comprend à présent que le sankarisme ne représente pas une idéologie encore moins une ligne politique.
C’est une cachette ; un repaire à partir duquel des individus n’ayant rien à voir avec le président Sankara se ruent à l’assaut du pouvoir sous une bannière qui a fait son temps et en laquelle ils ne croient même plus.
Le temps est un grand maître et en laissant le temps au temps on finit par comprendre et entrevoir certains dessous. Vision peu ragoûtante il est vrai mais c’est toujours ça de gagné faute de mieux.
A bon entendeur ...
Salomon
L’Hebdo
