Qui suit l’actualité musicale mondiale retient forcément la rentrée politique du chanteur burkinabè présidentielle française. Le candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy, en est la cible privilégiée ; lui, "fils hongrais qui veut se faire couronner chez les Gaulois". L’auteur des lignes suivantes en pensent autrement.
L’artiste burkinabè Zêdess dans sa dernière composition musicale intitulée "Un Hongrois chez les Gaulois" fustige sans détour Sarkosy, le candidat de l’UMP et sa politique d’immigration choisie. Dans cette chanson à travers une position partisane, Zêdess met en relief certains faits pour rappeler à l’homme politique, fils d’immigré, qu’il est très mal placé pour fermer la porte de la France aux Africains.
L’artiste dans sa logique d’éveiller les consciences va loin en interpellant Sarkosy sur cette question : "Dis-moi, Nicolas Sarkozy, pourquoi ton père a fui la Hongrie". Avec le respect qu’exige la mémoire de ces dignes fils africains qui, pour la recherche d’un avenir prometteur en Europe, se sont éteints à jamais en route, il me sied de donner ma part de vérité sur cette question qui, somme toute, se veut une contribution à la recherche de la cause véritable de cette immigration.
Depuis les indépendances acquises de haute lutte par la plupart des pays africains, le continent noir est à la croisée des chemins. Mal gouvernance, dictature, guerre civile ont contribué à faire de l’Afrique le berceau de la famine et surtout de la pauvreté. D’un pays à un autre, la jeunesse est laminée par le chômage. Les engagements pris pour l’amélioration des conditions de vie des populations sont délaissés par les gouvernements africains au profit d’un favoritisme et d’un clientélisme exagéré.
On arrive à une situation où la jeunesse africaine, victime des conséquences tristes des frasques des dirigeants, trouve comme voie unique de sortie, l’immigration vers les pays occidentaux, même au prix de leurs vies. Combien sont les jeunes Africains qui ont trouvé la mort sur les chemins périlleux de l’immigration ?
Loin de moi l’idée de soutenir un quelconque nationalisme exacerbé français ; toutefois je pense que l’artiste Zêdess fait un faux procès à Sarkozy. Le problème ici n’est pas : qui empêche les Africains d’immigrer en toute quiétude en France, mais comment en sommes-nous arrivés à cette situation où toute une jeunesse n’a que pour objectif de s’exiler impérativement sur le continent européen et américain ? Comme le dit si bien la star planétaire Alpha Blondy dans sa chanson les imbéciles : "Les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains".
Cette situation dépeint l’incapacité des gouvernements africains qui ont failli à leur mission première qui est la recherche de condition de vie meilleure pour l’épanouissement de leurs populations. Je crois que rares de jeunes Africains oseraient s’aventurer en Occident s’ils trouvaient sur place les conditions minimales dignes d’une vie humaine.
Zêdess dans cette chanson, peut-être sans le savoir, fait l’éloge de Nicolas Sarkozy. L’artiste mentionne ceci : "C’est l’histoire d’un fils hongrois qui veut se faire couronner chez les Gaulois". Il y a un adage populaire qui dit que "le problème n’est pas là d’où on vient, mais où l’on veut aller". Voici un fils d’immigré qui a occupé des postes politiques respectés dans la République Française.
Et qui, par son audace et son pragmatisme, a mis à pied tous les Français de souche multiséculaire pour se faire présenter comme candidat de ce grand parti au pouvoir qu’est l’UMP. Sarkozy n’a fait que dire haut ce que des milliers de Français pensent tout bas. Au lieu de s’en prendre à Sarkozy, je crois qu’il serait mieux de décrier les gangrènes qui sont à la base de cette immigration. Aussi Zêdess, dis-moi pourquoi tu as fui le Faso ?
Ousmane So,
Etudiant en maîtrise de sociologie
L’Observateur
