Les résultats des sportifs noirs dans les compétitions conduisent parfois des personnes bien intentionnées à des généralisations dangereuses. Il n’est pas rare, par exemple, d’entendre affirmer que : « Les Noirs courent plus vite ». Ceux qui affirment ce genre de choses croient souvent reconnaître simplement une qualité d’une catégorie de personnes.
Mais ce faisant, ils apportent sans savoir de l’eau au moulin des idéologues de l’inégalité des races. Car le fait de voir plusieurs Noirs champions ne signifie pas forcément qu’il existe une relation de cause à effet entre leur victoire et la couleur de leur peau.
En fait, ceux qui s’adonnent à ce genre d’affirmations commettent deux erreurs fondamentales. La première est qu’ils négligent le facteur « entraînement » pour faire des résultats des sportifs noirs un phénomène naturel lié à leur apparence physique. Or, s’il s’agissait d’un phénomène naturel, les compétitions internationales dans les disciplines sportives en question n’auraient plus de raison d’être. Car, placés devant quelque Noir que ce soit, ceux qui ne sont pas noirs perdraient. Mais qui peut croire un instant qu’un taux plus élevé de mélanine suffise à faire d’une personne noire non entraînée un champion ? Admettre que l’entraînement fait le champion, c’est accepter l’idée que les résultats des sportifs tirent leur origine de la culture et non de la nature.
La deuxième erreur est qu’ils généralisent à partir d’un nombre infinitésimal de cas. Une démarche scientifique authentique voudrait que l’échantillon à partir duquel on extrapole les résultats soit représentatif de l’ensemble des personnes considérées. Or, le nombre de sportifs noirs champions est trop infime pour être représentatif de la population globale des personnes de couleur. D’ailleurs, s’est-on jamais interrogé sur la proportion de Noirs qui ont abandonné les entraînements parce qu’ils se sont aperçus, après de nombreuses séances, qu’ils ne deviendraient jamais des champions ? On se rendrait alors compte que la généralisation à partir d’un nombre si peu représentatif s’apparente même à un refus de reconnaître le travail et les efforts des champions noirs. Puisque leur apparence physique est censée tout expliquer !
Il faut prendre garde de ne pas fonder ses jugements sur les apparences extérieures. Car il est génétiquement établi que la différence entre un Noir et un Blanc - même si elle est frappante - n’est pas toujours plus grande que la différence entre deux Blancs ou entre deux Noirs. Relisant récemment le Que sais-je ? de François de Fontette intitulé Le racisme, j’ai souligné le passage suivant qui fait référence à la génétique : >« L’Européen qui a besoin d’une transfusion pourra être sauvé par le sang d’un Noir ou d’un Chinois en bonne santé qui appartient au même groupe que lui, mais pourra être tué par le sang de son propre frère si celui-ci est d’un groupe sanguin incompatible avec le sien (aux mêmes conditions un « SS » nazi pouvait être sauvé par le sang d’un juif !!!). De nos jours beaucoup d’anthropologues et de généticiens estiment que les groupes sanguins constituent la meilleure base pour édifier une classification raciale. ». Comme quoi, malgré la sédimentation séculaire de certaines idées racistes, les apparences sont bel et bien trompeuses !
Denis Dambré
Lefaso.net
Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 5397