La versatilité idéologique de certains militants de même que leur engagement souvent trop intéressé ne résistent pas à l’amertume qui devient la leur lorsqu’ils s’aperçoivent que c’est l’heure du souper et qu’on ne les a toujours pas conviés à table.
Mis devant le fait accompli, les burkinabè ont fini par s’y résigner et cela n’émeut plus personne de constater que la vie politique nationale se résume pour une large part à une kyrielle de démissions, changement de partis, fusion et refonte de formation, alliances ou mésalliances de toutes sortes, imprécations, diffamations et tutti quanti.
Les politiciens que l’on entend le plus souvent ne sont pas ceux qui proposent ou suggèrent des voies, des méthodes ou des idées, ce sont ceux qui ne sont pas d’accord que, qui ne comprennent pas que, qui refusent que, qui condamnent que... bref qui mènent une fronde personnalisée pour se faire voir et prendre en compte.
Ces petits événements que l’on s’évertue à présenter comme des séismes majeurs dans le sérail, cette relative vacuité même de la scène politique sont loin de s’atténuer car la constante recomposition du paysage politique, en remettant en cause les schémas individuels de positionnement, oblige les intéressés à imaginer d’autres schémas de positionnement...
Beaucoup d’empoignades sont toujours en perspective et les déclarations solennelles ne sont pas prêtes de finir. A cause des superlatifs qui le caractérisent ; le plus grand, le plus riche, le plus etc, le méga parti est bien parti pour une longue période d’incertitudes et de mise au pas de ses propres militants dont les plus audacieux ruent déjà dans les brancards alors que les plus dociles piaffent d’impatience en attendant d’être associés aux affaires.
En s’apercevant que leur chemin d’approche est devenu une tranchée truffée de barbelés, les mouvanciers sont obligés à présent d’opérer une délicate redéfinition de leurs intentions d’objectif. Quant à l’opposition, les partis qui réclament cette distinction nominale ont toujours montré et montrent toujours qu’ils sont rigoureusement identiques à tous les autres partis qui constituent le landernau politique du pays.
Avec donc la foison de formations qui ont plus ou moins réussi à se faire prendre au sérieux, la redéfinition de la donne politique, surtout au sortir du congrès du méga parti va encombrer le Burkina d’une multitude de politiciens d’opérette qu’il faut repérer comme tel et débarquer sans ménagement. La veulerie et la faconde de certains pseudo politiciens ont fini par lasser et le moment est venu de songer vraiment à aller de l’avant.
Luc NANA
L’Hebdo
