Actualités :: Coton : Un Lobi écrit au lobby américain

La subvention aux cotonculteurs européens et américains continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. La preuve, cette lettre ouverte d’un Lobi (ethnie du sud-ouest burkinabè) à ses frères du lobby américain du coton.

Au nom de la fraternité, je voudrais vous écrire pour vous demander de l’aide, chers frères.

Mais avant de vous livrer l’objet de cette missive, permettez-moi de vous présenter le pays que j’habite.

Je suis votre frère Lobi du Burkina Faso en Afrique de l’Ouest.

Comme la quasi-totalité des pays africains, le Burkina est pauvre, objectivement pauvre (pas de forêt, pas de pétrole, pas de diamant et les sols sont arides).

Le pays compte 12 millions d’habitants ; 44% de cette population vit en-dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins d’un dollar par jour et par personne ; plus de la moitié des enfants en âge d’aller à l’école sont dans les champs comme ouvriers agricoles ; la situation sanitaire est dominée par les endémies telles que le paludisme, la fièvre jaune, la méningite, le choléra et les maladies hydriques en général à cause de la rareté de l’eau et de sa mauvaise qualité. En un mot nous sommes des gars très nazes comme vous vous en doutez.

Chers frères, dans ce pays, plus de 80% de notre population vit ou du moins survit grâce à l’agriculture pratiquée avec les outils du 17e siècle. Nous produisons du coton, oui du coton comme vous pour le revendre sans transformation sur le marché international ; et c’est ici qu’il y a problème !

Notre coton est notre talon d’Achille ; quand le coton (son prix sur le marché international) va, tout va !

En effet, c’est la vente du coton qui permet aux paysans de nourrir leur famille, de la soigner et d’envoyer les enfants à l’école. A l’échelle de notre sous-région, l’Afrique de l’Ouest, c’est 20 millions de personnes qui dépendent directement de la production et de la vente du coton.

Chers frères, le coton est pour nous une question existentielle, sans lui, nous sommes perdus.

Ces dernières années, nous sommes inclinés à cause de la baisse des cours du coton, eu égard aux subventions (le mot est lâché) que votre gouvernement vous octroie.

Sauver la vie de millions de Burkinabè

Oui, à cause de vos subventions, le prix du coton est actuellement très bas sur le marché international.

Ce niveau de prix est en train de tuer littéralement les cotonculteurs des pays en développement en général (plus de 800 paysans indiens se sont suicidés) et ceux de l’Afrique déjà en proie à de nombreuses guerres.

Bien entendu, nos dirigeants ont fait des mains et des pieds, ont parlé toutes les langues d’ici et d’ailleurs pour que les choses changent, mais en vain.

Votre président, mon oncle Bush, comprend bien notre situation ; mais le hic est que les pauvres gars nazes d’ici ne votent pas aux "States" ! Et entre faire de l’humanitaire et engranger des voix pour son parti, il choisit d’être "sorry for the victims".

Malgré les efforts soutenus du petit-fils national (il a rencontré oncle Bush tout récemment encore !) et de Salfo, les prix ne cessent de dégringoler, laissant nos paysans sans voix, voire sans vie ! Bush, après avoir entendu les appels de détresse de mon petit-fils national (PFN), veut bien nous aider en supprimant ou en diminuant les subventions que son Administration vous accorde mais il a peur de votre vote sanction.

Aussi, vu l’ensemble des vus, au nom du devoir de secours du frère envers le frère, je vous demande de renoncer librement à ces subventions pour nous permettre de vivre (c’est la seule façon de nous aider).

Si vous renoncez à vos subventions, vous perdrez à coup sûr quelques dollars et vous serez forcés de vous priver de quelques plaisirs non essentiels dans la vie.

Mais de l’autre côté, vous aurez gagné beaucoup en contribuant à sauver la vie de millions de gens à travers le monde.

Chers frères, au nom de la fraternité, Lobi/Lobby,c’est même chose les gars (mon beau Noufou n’a-t-il pas dit que président c’est président ?!), je vous demande de bien examiner cette requête car un lobby ne doit jamais abandonner son frère lobi.

"Mi forê".

Hien Pieldomon Administrateur des hôpitaux et des services de santé.

Email : hienpieldomon@yahoo.fr.

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