Actualités :: "Il faut augmenter le nombre des députés", Christain T Koné du (...)

Le président du Parti national de la renaissance/Juste voie (PNR/JV), Christian T. Koné, rame à contre courant de ceux qui trouvent par exemple que le nombre de députés (111) et élevé. Pour lui, ce n’est pas le cas et il faudra même l’augmenter. Il le fait savoir, à l’orée des législatives de mai 2007, dans les lignes qui suivent. Nous avons supprimé certains passages et nous avons remplacés par des points de suspension entre parenthèses, pour des raisons d’éthique et de déontologie.

La vie politique au Faso s’anime avec la perspective des élections législatives prévues en mai 2007 ; événement majeur qui, comme la présidentielle, entraîne une redistribution des cartes au sein du gouvernement et de la majorité présidentielle et redéfinit la place de l’opposition dans le jeu politique mais surtout détermine la qualité du processus démocratique.

Depuis le démarrage du processus en 1991, les calculs politiques, l’obsession du "Tukguili" propres aux antidémocrates et aux nababs de la majorité présidentielle rendent insipide le jeu politique car un bon système démocratique rime avec une opposition crédible mais pas celle handicapée dès le départ par des règles de jeu non consensuelles et imposées. La démocratie burkinabè est malade de son code électoral qui a connu 11 modifications et elle pourrait subir le 12e toilettage à la requête de la CENI et de l’opposition pour tenter de rééquilibrer le jeu pour ce qui est de cette dernière.

En effet, la révision unilatérale de la loi électorale plus ou moins consensuelle de 2000, si elle reste en l’état réduit considérablement les chances de l’opposition, qui risque fort de ne même pas avoir 11 sièges. Le mode de scrutin, la remise en cause de la région comme circonscription électorale et bien d’autres éléments comme la non institutionnalisation de la CENI avec un budget autonome affaiblissent considérablement son indépendance et ont un impact certain sur la vie démocratique.

Faire passer le nombre des députés à 150

Cette volonté manifeste d’obstruction du jeu si on n’y prend garde pourrait par la force des choses déporter la scène politique dans la rue, faute de cadre d’expression approprié. Il faut cependant, sans faux-fuyant, regarder la réalité en face et poser le problème de la représentativité au prorata de la densité humaine, selon les régions et du nombre d’habitants de ce pays.

Il faut que la classe politique dans son ensemble se mette d’accord pour augmenter le nombre de sièges à l’Assemblée nationale pour le faire passer de 111 actuellement à 150, soit un député pour 90 000 habitants et surtout corriger les entorses faites au mode proportionnel en cours en corrigeant les écueils des 15 circonscriptions qui n’ont qu’un siège à pourvoir. Evidemment, le nombre de sièges pourrait dépasser les 150 mais la situation aura le mérite de répondre aux besoins démocratiques du peuple et aux exigences de la représentativité.

Imaginez une circonscription qui n’a qu’un seul élu, à l’état actuel il ne peut être que le siège de la majorité, système électoral oblige mais plus grave, si ce siège échoie à un individu qui s’avère être un piètre représentant, c’est la population qui est lésée étant entendu qu’elle a peu ou pas de poids dans la désignation des candidats, l’exercice étant l’exclusivité des directions des partis qui sont plus préoccupées à pourvoir des postes pour calmer les tensions internes que de prendre en compte les desiderata du peuple.

Et étant entendu qu’il n’y a qu’un seul siège à pourvoir, ce sont les populations qui font les frais des travers du système politique. Que représente un seul siège dans un mode électoral à la proportionnelle, qu’il soit au plus fort reste ou à la plus forte moyenne ?

C’est tout simplement anachronique et ne renferme qu’une vaste supercherie qui garantit un certain nombre de sièges d’avance au pouvoir, sans combat. Pour toutes ces raisons, il faut avoir le courage pour une fois d’affronter les critiques, d’envisager de corriger ces distorsions.

Instaurer un débat franc et démocratique

La loi fondamentale de 1991 instituait un système bicaméral mal pensé qui a tout de suite montré ces limites. En effet, la deuxième chambre appelée chambre des représentants avait été créée pour servir de contre-poids à l’Assemblée nationale si celle-là venait à être contrôlée par des adversaires du Front populaire ou de l’ODP/MT mais après avoir fait main basse sur le processus électoral, le parti majoritaire devenu CDP, au cours de la seconde législature a purement et simplement supprimé la deuxième chambre et en lieu et place devrait être créée la Conférence générale de la nation qui fait partie des promesses non tenues.

Des institutions républicaines bien pensées ont un rôle appréciable dans l’évolution démocratique des Etats. C’est pourquoi bon nombre de démocraties à travers le monde ont adopté un système bicaméral, une chambre basse (Assemblée nationale) et une chambre haute (Sénat). Faute de pouvoir créer dans l’immédiat une institution, il est impératif de renforcer le nombre de députés pour combler les lacunes et corriger les faiblesses de notre système parlementaire.

Il est impératif qu’un débat franc et démocratique s’instaure sur la vie de nos institutions, car la démocratie a un coût et des exigences de représentativité. Il est indispensable de les assumer pour instaurer un climat de confiance, de justice sociale, de paix, gage d’une volonté d’instauration d’un véritable Etat de droit démocratique.

Augmenter le nombre d’élus, établir des règles de jeux claires, justes et transparentes admises de tous sont les seuls gages de stabilité, d’abord pour le régime en place qui, par là même, force au respect des institutions en évitant toutes contestations.

Aussi estimons-nous que pour élever la conscience citoyenne du peuple, jusqu’à ce que s’instaure une culture démocratique, il est indispensable d’envisager dans un proche avenir et à la faveur de la mise en circulation de la nouvelle CIB (NDLR : Carte d’identité burkinabè) infalsifiable qui devrait être gratuite rendre le vote obligatoire, question d’éduquer le peuple afin de l’accoutumer aux pratiques démocratiques. .

La classe politique en a le devoir car les taux très faibles de participation aux

différents scrutins dévoient la gestion de la chose publique en lui ôtant toute légitimité populaire. (...)

Il faut trouver une solution au nomadisme politique

Il faudrait également souhaiter que dans les meilleurs délais s’instaure un débat sur le nomadisme politique pour trouver une solution à ce mal qui gangrène la classe politique en tentant de répondre à la question suivante : le mandat d’élu revient-il au parti ou à la formation politique ou appartient-il à l’élu ? ou encore au peuple ?

Dans ce cas, si le mandat est une "propriété" de l’élu, le nomadisme est un droit de l’élu. De ce fait, il faudrait accepter les candidatures indépendantes car elles sont en adéquation avec le mode politique en vigueur. Si par contre, on estime que seuls les partis ont l’exclusivité de présenter des candidats comme c’est le cas actuellement, implicitement les mandats leurs reviennent de plein droit.

Dans ce cas, il va falloir mettre un terme à cette pratique en cours, sport favori des opportunistes et autres fins calculateurs. Des pays comme le Bénin, la RDC ont pris la juste mesure de ses mouvements de "va-et-vient" et les ont purement et simplement interdits. Ces exemples devraient inspirer le législateur burkinabè. Toutes choses qui rendraient justice aux électeurs, aux partis et permettraient de discipliner et de crédibiliser le jeu politique dans nos pays.

Ainsi que le stipule la Constitution du 2 juin 1991, tous les citoyens sont égaux en droit et en devoir et s’ils remplissent les conditions, ils peuvent prétendre à tous les mandats électifs prévus par la loi fondamentale. Le pouvoir est aux mains de Blaise Compaoré et sa famille qui veulent le garder vita eternam. Et évoquer sa succession suscite sa foudre et dès lors, les courtisans de tous poils s’adonnent aux basses manoeuvres, qui, pour conforter sa position, qui pour nuire à un tiers, pour s’affirmer aux yeux du maître.

Tout cela est déplorable et fait le lit des intrigues et de la couardise des parvenus, tout en donnant l’illusion à Blaise Compaoré qu’il est leader bien aimé incontesté et incontestable. Qu’ils se détrompent ! Il y aura toujours des gens pour leur opposer une résistance, dans la juste ligne de nos aspirations à plus de liberté de justice et de respect des droits humains. (...)

Pour endormir la conscience populaire les laudateurs, les thuriféraires et autres scribouillards se livrent à du matraquage de conscience évoquant constamment la paix comme le seul fait du chef de l’Etat, comme si ce climat n’était pas aussi l’oeuvre de tous les fils du pays.

Ces méthodes qui inhibent la conscience populaire sont néfastes car elles ne lui laissent pas le choix de participer constructivement à l’évolution sociopolitique du pays. Ce qui a souvent des conséquences désastreuses sur la vie des nations, le cas de la Côte d’Ivoire est révélateur de cette pratique. Sous feu F H B (NDLR : Félix Houpouët Boigny) les Ivoiriens ont longtemps vécu l’illusion de la paix repoussant les réalités au nom de la paix, jamais ils n’ont pu ou voulu affronter leur destin de manière responsable.

A présent, ils vivent les dures et cruelles réalités. Beaucoup en claironnant que sous Blaise on vit dans la paix jouent le même jeu. Ils masquent les maux qui minent notre société par le dilatoire. Cela peut s’avérer désastreux car le peuple n’aura pas eu le droit de s’assumer, de façonner son destin parce qu’il aura été tenu à l’écart par la peur. Non, nous devons avoir le courage de faire face aux situations au lieu de pratiquer la politique de l’autruche.

Pour le PNR/JV,
Le Président, Christian T. KONE

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