Actualités :: Réconciliation nationale : Muets comme une tombe de la JNP

A la Journée nationale de pardon (JNP), le 30 mars 2001, le chef de l’Etat, Blaise Compaoré, avait pris huit engagements pour conduire notre pays à la réconciliation nationale après les secousses socio-politiques qu’a engendré l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.

Trois ans après, où en est-on dans la mise en œuvre de ces engagements ? C’est pour y apporter des réponses que les différents comités chargés de leur exécution ont donné une conférence de presse le 25 mars 2004 à Ouagadougou.

L’assassinat de notre confrère, Norbert Zongo alias Henri Sebgo, le 13 décembre 1998, a plongé le Burkina Faso dans une crise sociale et politique sans précédent. Le régime au pouvoir, même s’il n’est pas tombé, a été fortement ébranlé dans ses fondements.

Acculé, il a fini par faire des concessions en se conformant aux prescriptions du Collège de sages qui, on se rappelle, avait recommandé l’organisation d’une Journée nationale de pardon (JNP) censé bannir les démons de la haine et de la division et amener les fils du pays à se pardonner et à se réconcilier.

Lors de cette grand-messe, Blaise Compaoré a solennellement demandé pardon au nom de l’Etat, à toutes les victimes de la violence. Pour apaiser les cœurs, il a pris huit engagements :

l’organisation de procès d’assises sur les crimes économiques et de sang ;
l’indemnisation des victimes ;
l’érection de deux monuments dont l’un aux héros nationaux et l’autre aux Martyrs ;

la commémoration sur toute l’entendue du territoire, d’une journée nationale de Souvenir et de promotion des droits de l’homme et de la démocratie, le 30 mars de chaque année ;
la mise en place d’un Comité national d’éthique ;
l’instauration du dialogue entre les différents partis politiques et forces vives de la nation ;
des réformes politiques et judiciaires ;
la mise en place d’un mécanisme de suivi de ces engagements.

Dans le sens de l’application de ces engagements, quatre comités ont été créés et installés. Il s’agit du Comité de gestion du fonds d’indemnisation ; du Comité technique d’appui au gouvernement ; du Comité national d’éthique et du Comité de suivi de la mise en œuvre des engagements de la JNP.

Après avoir rappelé tout ce processus, l’animatrice principale de cette conférence de presse, Odile Bonkoungou, secrétaire générale du gouvernement et du conseil des ministres, a déclaré que « les choses bougent ».

Pour étayer ses propos, elle a cité pêle-mêle la tenue des procès d’assises, la modification du code électoral (ce qui a permis l’arrivée massive des députés de l’opposition au Parlement), les indemnisations des familles de victimes, l’érection en cours des monuments aux martyrs et aux héros nationaux.

En tout, 1720 dossiers de victimes, toutes catégories de violence confondues ont été enregistrés au niveau du Comité du fonds d’indemnisation. Ces dossiers comprennent des cas de décès, de séquestration, de vandalisme, de coups et blessures, de spoliation, de déguerpissement, de mesures administratives abusives, de cas spéciaux. L’indemnisation financière de 329 dossiers a coûté à l’Etat un peu plus de trois milliards au bénéfice des victimes ou leurs ayants cause.

A propos de victimes décédées, Dominique Cisso a indiqué que 27 familles de victimes ont pu connaître la tombe de leur défunt. On a aussi identifié 11 tombes mais on ne sait exactement quels sont les victimes qui y reposent.

C’est dire que les familles de ces « macchabées » attendent de connaître les tombes avant d’organiser des funérailles. En tant qu’africain, on comprend cette situation. Mais il faut dire qu’aujourd’hui, la technologie permet, par des tests d’ADN de dire avec précision qui se trouve dans ces tombes. Espérons que l’Etat y songera pour permettre à ces familles de plier leur deuil.

A la faveur de cette JNP, le toilettage du code électoral, fruit d’un consensus de la classe politique burkinabè, a permis l’entrée en force des partis de l’opposition à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, le parti au pouvoir, le CDP, veut modifier ce texte. Qu’en pense le comité de suivi des engagements de la J NP ? Sur ce point, Didace Doamba dudit comité a déclaré que « on n’a pas à donner notre point de vue. On n’est pas juge entre les différents protagonistes de la scène politique.

On appelle les uns et les autres à faire attention et à voir l’intérêt de la nation. On veut la paix, et on souhaite que cette relecture du code électoral n’aboutisse pas à la remise en cause de la paix ».

San Evariste Barro
L’Observateur

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