Actualités :: Justice : La République face à ses responsabilités

Dans le processus de construction de sa démocratie, le Burkina a conscience que la justice est le talon d’Achille dans le fonctionnement de l’Etat de droit. Et c’est certainement pour redorer son blason terni par plusieurs affaires que la Justice burkinabè a décidé de prendre le taureau par les cornes et de vider autant que possible tous les contentieux judiciaires.

En attendant de s’attaquer au fond des dossiers délicats comme ceux de Norbert Zongo et de Thomas Sankara notamment, les autorités de la Justice ont annoncé de nouvelles assises de la Chambre criminelle de Ouagadougou initialement prévues pour se tenir du 12 au 14 juin.

Pour cette session extraordinaire 25 dossiers ont été enrôlés. La principale attraction est sans conteste le dossier Michel Congo, notre confrère tragiquement le 21 octobre 2001. L’occasion d’être définitivement situé sur les auteurs de ce crime qui avait créé l’émoi chez de nombreux Burkinabè.

A peine les assises devaient-elles démarrer qu’elles sont déjà reportées sine die. Les avocats auraient refusé de cautionner des dysfonctionnements organisationnels.
Or, on était tenté de dire que le procureur général joint l’acte à la parole. Le chemin de la maturité est encore long et périlleux. D’énormes efforts restent encore à faire.

Les Burkinabè avaient fini par croire, à tort ou à raison, que le système judiciaire était à deux vitesses. Mais le traitement normal appliqué au notable de Koudougou peut aider à comprendre que tous les Burkinabè sont égaux devant la loi. Cependant, une seule hirondelle ne faisant pas le printemps, la Justice doit rester constante et ne pas traiter ces autorités coutumières ou religieuses à la tête du client.

On se rappelle, en effet, qu’il y a de cela quelques années seulement, une autorité coutumière de Tenkodogo, en dépit des accusations graves qui pesaient sur lui pour meurtre, n’avait pas été déférée à la Maison d’arrêt et de correction au prétexte justement qu’il n’était pas une personnalité ordinaire.

Si la mise sous verrou du notable de Koudougou procède d’une nouvelle approche des animateurs de la Justice qui, après un examen de conscience sincère, ont décidé de changer leur fusil d’épaule, ce serait tant mieux pour les Hommes intègres.

Si en plus des assises de la Chambre criminelle de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso arrivait à tenir les siennes, la Justice pourrait se réconcilier avec son peuple. Le menu fretin ne suffira pas à remettre les pendules à l’heure. Il faut effectivement avoir le courage de reconnaître que les deux grandes taches noires qui ternissent l’image de la Justice burkinabè tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, ce sont sans nul doute les dossiers Norbert Zongo et Thomas Sankara.

Pour ce qui est précisément du premier cas, l’enquête qu’on disait ’’poursuivre son cours’’ piétine en réalité. Pire, le mince espoir né de l’inculpation de Marcel Kafando se volatilise de plus en plus, car il est question d’un non-lieu si un des témoins clefs se dédisait. Et l’opinion nationale de se demander (en profane) s’il était nécessaire d’attendre 7 ans pour organiser la confrontation entre Marcel Kafando et son accusateur.

Certains Burkinabè ont donc fini par se convaincre que la Justice faisait le jeu du pouvoir en place, celui de jouer avec le temps pour espérer que les années viennent à bout du désir de vérité du peuple sur de si sensibles dossiers. C’est assurément une mauvaise lecture des événements, et le dossier Thomas Sankara est là pour rappeler qu’on peut difficilement oublier certains faits majeurs. Il ne reste plus qu’à la République de s’assumer pleinement et entièrement.

Adam Igor

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