Actualités :: Situation nationale : L’ancien leader politique, Harouna Dicko, invite le (...)

Le politologue, ancien président du Rassemblement politique nouveau (RPN), Harouna Dicko, a, jeudi, 12 octobre 2023 à Ouagadougou, animé une conférence de presse sur la situation nationale au cours de laquelle il a réitéré non seulement son opposition à l’organisation d’élections sans le recouvrement de la sécurité, mais également invité le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, « à se ressaisir ».

Selon Harouna Dicko, le Burkina Faso continue d’aller mal. « Reconnaître la vérité c’est quoi ? En novembre, quand il a appelé les partis politiques et les OSC (organisations de la société civile), il a reconnu la vérité, il a dit que le pays est presque perdu. Il faut qu’il reconnaisse aujourd’hui que le pays n’a pas avancé, et qu’il convoque tout le monde, on va lui donner des solutions », laisse apercevoir le conférencier, qui se définit comme un partisan de l’application rigoureuse des dispositions de la Constitution.

« Or, le MPSR, un organe de fait à la tête de l’Etat depuis le 24 janvier 2022, a démis son ancien président le 30 septembre 2022, en nommant un nouveau président qui, je l’avoue, avait forcé mon admiration par ses premières déclarations sur les antennes de radio Oméga et de la VOA. Mais dès le 6 octobre 2022, mon admiration pour ce jeune officier fringant a pris un sérieux coup lorsque j’ai lu l’acte fondamental du MPSR2 qu’il a signé la veille, acte dont l’article 4 le désignait déjà comme chef de l’Etat, chef suprême des armées, contrairement à ses premières déclarations publiques, quatre jours seulement avant », charge Harouna Dicko.

Le conférencier dit avoir, pour cela, adressé au président du MPSR II, le 10 octobre 2022, une lettre ouverte dans laquelle il lui suggérait, entre autres, de s’assumer pleinement, pour réunir toutes les autres fractions de l’armée en vue de faire en trois mois ce qui aurait dû être fait en huit mois, comme il le prétendait ; de donner le pourcentage exact du territoire hors du contrôle de l’Etat afin de pouvoir faire dans trois mois, un bilan précis de sa mission de reconquête du territoire.

Il rappelle que le 14 octobre 2022, le président du MPSR II a signé une Charte pour une transition politique de 21 mois, présidée par lui-même, conformément à l’acte de confirmation. « Aujourd’hui, force est de constater qu’en 12 mois de plein pouvoir, le MPSR2 n’a accompli aucune de ses missions clairement définies à l’article 2 de sa charte de transition, à savoir : rétablir et renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; apporter une réponse urgente, efficace et efficiente à la crise humanitaire ; promouvoir la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ; engager des réformes politiques, administratives et institutionnelles en vue de renforcer la culture démocratique et de consolider l’Etat de droit ; œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale ; assurer l’organisation d’élections libres, transparentes, équitables et inclusives », brandit-il.

Il relève également qu’aux termes de l’article 21 de la Charte, la dernière mission de la transition devrait être accomplie au plus tard le 2 juillet 2024. « Curieusement, le président de la transition a affirmé le 29 septembre 2023, que cette mission n’est pas une priorité pour lui. A mon avis, cela ressemble à un aveu d’incapacité d’honorer ses engagements dans le délai fixé de commun accord. Néanmoins, en arguant qu’il n’y aura pas d’élections tant que tous les Burkinabè ne pourront pas voter, le président de la transition me rejoint, car, souvenez-vous, chers journalistes, le 13 février 2020, dans cette même salle, je vous avais solennellement déclaré mon réengagement dans l’action politique, tout en exprimant mon opposition à la tenue d’élections avant que le Burkina Faso ne recouvre l’intégrité de son territoire. (…). Si en 2020, je me suis opposé à la tenue d’élections alors que 17,70% du territoire national échappaient à l’administration centrale, aujourd’hui, je n’ai aucune raison d’accepter la tenue d’élections au moment où le gouvernement est incapable de faire un bilan précis du recouvrement de l’intégrité du territoire national », explique M. Dicko.

"Je ne suis ni partisan, ni opposant de quelque ancien ou nouveau régime politique que ce soit"

De l’avis du conférencier, le recouvrement de l’intégrité du territoire national est la condition sine qua non du rétablissement et du renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, c’est-à-dire de la première des missions, que la transition a de la peine à accomplir. « Je ne suis pas d’accord qu’on tienne les élections avant que le pays ne soit sécurisé, c’est ma position depuis 2020 et je reste sur cette position. J’ai proposé en 2020, le président Kaboré a refusé catégoriquement de le faire. Je lui ai dit si tu ne le fais pas, tu vas tomber par un coup d’Etat. Et c’est pourquoi, je dis au capitaine Traoré de se ressaisir », insiste-t-il cependant.

‘’Aucune fraction de notre peuple, ne peut, à elle seule, gérer le Burkina…’’

Selon Harouna Dicko, les principales causes de la difficulté d’accomplir la première mission de la transition sont le manque d’unité nationale et surtout, le manque de cohésion et d’engagement de certains militaires (citant la lettre n°753 du 20 avril 2023 du ministre de la défense et les évènements successifs depuis les 26 et 27 septembre 2023).

« En 63 ans d’indépendance, notre cher pays a été dirigé pendant seulement 12 ans par des civils, et pendant 51 ans par des militaires. En dehors des 14 années des régimes Lamizana, l’armée en tant qu’entité n’a plus exercé le pouvoir d’Etat au Burkina Faso. Ce sont plutôt les différentes catégories dans la hiérarchie militaire, qui se rivalisent à la tête du pays, depuis le 25 novembre 1980. Les deux cas récents sont éloquents. Premier cas : faute de n’avoir pas pu garantir l’intégrité du territoire national, le président civil élu a été renversé par un officier supérieur ; cela, à la barbe des officiers généraux et du chef d’état-major général des armées. Ce militaire s’était fait investir illégalement, sous le prétexte de restaurer l’intégrité du territoire, mais sans succès. Le deuxième cas : huit mois après, sous le même prétexte, un officier subalterne renverse l’officier supérieur, et se fait investir illégalement lui aussi, mais aujourd’hui il a de la peine à accomplir dans le délai imparti, les missions d’une charte que lui-même a signé au nom des forces vives de la nation », restitue Harouna Dicko.

Fort de ses observations, le conférencier lance : « C’est pourquoi, avant qu’un sous-officier ou un militaire du rang ne tente sa chance de se faire investir illégalement sous le même prétexte, j’invite le chef de l’Etat, pendant qu’il est toujours temps, à se ressaisir et à reconnaitre la vérité comme il l’a déjà fait à sa rencontre avec les partis politiques et les OSC en novembre 2022. Ma petite part de vérité, est qu’aucune fraction de notre peuple ne peut-elle seule gérer convenablement le Burkina Faso post-insurrectionnel en proie au terrorisme. La reconstruction patriotique de la Nation, demande l’union de tous les Burkinabè, alors, de là où nous sommes, nous devons savoir d’où nous venons, pour sereinement décider ensemble, où nous voulons aller, et comment y arriver ».

Considéré par certains observateurs, depuis environ deux décennies, comme l’« ange gardien » des lois, institutions publiques en lien avec la gestion de l’Etat, Harouna Dicko, s’est véritablement révélé en tant que tel sur ce registre à travers les élections municipales de 2006. En effet, Harouna Dicko, alors président du Rassemblement politique nouveau (RPN), avait attaqué la configuration des démembrements de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Malgré les acrobaties du pouvoir, le Conseil constitutionnel lui donne raison, obligeant le gouvernement à annoncer le report des municipales qui était prévu pour le 12 mars de la même année.

En 2007, il rebelote avec les élections législatives, mais est cette fois-ci débouté. Depuis ces premiers actes, Harouna Dicko ne se prive pas de se prononcer et d’interpeller publiquement, par divers canaux, sur ce qu’il estime être anomies institutionnelles et de gouvernance.

O.L
Lefaso.net

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