Le 23 avril dernier, jour des élections municipales, l’ambiance devant les différents bureaux de vote était très chaude, surtout entre les militants du CDP et ceux de l’ADF/RDA les deux grandes rivales politiques de la région. Chacun des deux partis partait confiant de sa victoire dans la commune urbaine de Ouahigouya. Ils avaient, chacun, placé au niveau des différents lieux de vote des comités de vigilance.
Ce sont des groupes de jeunes militants chargés de veiller au grain, pour démasquer et dénoncer toute action de tentative de fraude qui surviendrait éventuellement dans le camp adverse. C’était de bonne guerre, d’autant que c’est depuis belle lurette que l’ADF/RDA et le CDP se vouent mutuellement méfiance à Ouahigouya, surtout lorsqu’on est en période électorale.
Le jour des élections des membres d’un de ces comités de vigilance ont raté de justesse d’écraser avec leur véhicule un du parti adverse à Ouahigouya. Dans la nuit du lundi 24 avril, le lendemain donc, un élément du comité du secteur 2, de l’ADF/RDA a encore été battu presqu’à mort par des gens cagoulés. Dans le même secteur, une femme, qui plus est la tante du maire adjoint sortant de Goucy (SG provincial de l’ADF/RDA au Zondoma), s’est fait poignarder par un groupe de jeunes, suite à une bagarre entre ses fils et des membres du comité de vigilance du CDP.
Son fils, Oumarou Ouédraogo qui par la même occasion a reçu du thé chaud sur le front, explique : "Nous faisions partie, mon petit frère et moi, des comités de vigilance de l’ADF/RDA. Tout a commencé le jour des votes, à l’école Wend Pingré lorsque mon petit frère a dénoncé une fille qui n’avait pas l’âge de voter. Cela a occasionné une bagarre entre lui et un élément du CDP. Les gens ont séparé la bagarre et nous croyions que cela allait s’arrêter là.
Mais le mercredi 26 avril 2006, le soir à notre retour du sport, mon frère a été agressé devant la boutique à côté de notre cour. Ses agresseurs étaient les éléments du comité de vigilance du CDP dont notamment son adversaire du jour des votes. Peu après j’ai accompagné mon père et ma mère, le frère était également là, pour aller leur demander des explications. Nous les avons rejoints où ils s’asseyent habituellement pour prendre le thé.
Quand nous sommes arrivés, ils ont pris le thé chaud et le fourneau qu’ils ont jetés sur nous, d’où cette blessure sur mon front (Oumarou porte effectivement une grosse tache de brûlure au front, ndlr). Ils nous ont aussi lapidés avec des cailloux. Finalement, quelqu’un a poignardé la vieille au menton, on ne sait avec quoi exactement. Nous n’avons plus réagi et avons tout de suite amené notre mère à l’hôpital. La profondeur de la plaie fait un centimètre sur deux de largeur".
Par Lassina SANOU
LE PAys
