- Col Mamadou Djerma
Trop de décorations fantaisistes : la dernière sortie du Colonel Mamadou Djerma, grand chancelier des ordres burkinabè, est cinglante de vérité. Elle apparaît comme une nécessaire mise au point, face à ce qu’il est convenu d’appeler la foire aux médailles.
Je te décore, tu me décores. Le spectacle était devenu si troublant qu’il n’amusait plus personne. Il donnait plutôt à réfléchir sur le sens donné à ce geste par nos autorités. C’est pourquoi, le rappel à l’ordre de Mamadou Djerma sonne à la fois comme un geste salutaire, mais aussi comme l’aveu d’un désordre organisé.
A force de proposer des individus à la décoration, sans tenir compte de leur contribution réelle dans la marche du pays, la République donnait à désespérer d’elle.
On ne compte plus d’ailleurs le nombre de personnalités étrangères qui ont été gratifiées d’une médaille pour avoir simplement foulé le sol burkinabè. Et comme à chaque fois, « c’est au nom du président du Faso » que se fait la mise en scène. C’est à croire que le concerné en avait assez de se voir ainsi agraffé sur toutes les poitrines.
Dans sa lettre circulaire adressée aux présidents d’institutions, aux ministres et aux gouverneurs, le grand chancelier des ordres burkinabè s’estime en droit de mettre fin à l’anarchie. Cela dit-il, afin d’éviter que « les candidats peu méritants ne soient retenus, venant ainsi ternir l’image de ces distinctions. »
Le débat sur les décorations a resurgi lors de la célébration de la fête nationale, le 11 décembre dernier. Plusieurs personnes n’avaient pas hésité à manifester leur mécontentement quant au choix de certains récipiendaires. Ce fut le cas de ces travailleurs retraités de Banfora. Ils ne comprenaient pas les critères de sélection des heureux élus ; et c’est à peine s’ils ne parlaient pas d’injustice. Leur message semble avoir été entendu ex cathedra. Le sera-t-il en revanche par les donneurs de médailles ? Wait and see.
Juuvénal Somé
Lefaso.net
