Actualités :: Burkina : Me Arnaud Ouédraogo appelle le président Ibrahim Traoré à ne pas (...)

Dans cette tribune adressée au Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, Maître Arnaud Ouédraogo l’interpelle sur sa responsabilité sur la Justice. L’homme de droit rappelle au Chef de l’Etat le serment qu’il a prêté devant le Conseil constitutionnel qui lui l’absout d’avoir renversé l’ordre constitutionnel. Et en contrepartie, explique-t-il, la Justice est devenue la branche sur laquelle il est assis et qu’il ne doit pas scier. L’intégralité de son analyse dans la suite de la Tribune.

Monsieur le Président du Faso,

Je voudrais m’adresser à vous en toute responsabilité et avec ma plus parfaite considération. En tant que gardien de la République, je suis dans le devoir de prendre la parole quand la Justice est en cause.

De mon humble expérience en tant que serviteur de la Justice, je peux vous assurer que la mystique de la Justice est supérieure à toutes les autres mystiques. Ceux qui vivent au quotidien dans l’intimité de la Justice vous diront que c’est avec tremblement qu’ils la servent.

Lorsque vous leviez la main droite pour jurer devant le Conseil constitutionnel, vous accomplissiez un acte profondément sacré. La main levée vers le ciel est une survivance du lien entre les institutions de la République et le divin.

Le magistrat Antoine GARAPON décrit parfaitement cela dans son Essai sur le rituel judiciaire : « Celui qui prête serment donne sa personne en otage à la divinité contre la reconnaissance de la vérité de ses propos ».

Toutes les fois que vous serez face à un choix difficile, rappelez-vous les valeurs cardinales qui ont fertilisé le parcours et le destin de ce peuple : Unité nationale, Intégrité, Liberté, Vérité, Justice, Refus du pouvoir personnel, Autorité de la loi, Respect de la vie, Respect de la parole donnée. Ce sont ces valeurs cardinales qui font de nous un peuple. Sans elles, le sens de toute chose est perdu.

Alors, je vous en conjure : ne laissez personne vous faire croire qu’une autre mystique pourrait prévaloir sur votre serment et sur la mystique de la Justice. Je sais que des hommes vous poussent à la faute mais ils vous trompent comme ils ont trompé vos prédécesseurs. Ce serait une erreur dans laquelle je ne vous engagerai jamais.

Le peuple burkinabè est le peuple le plus charmant au monde. Je l’ai servi avec fierté. Mais c’est un peuple qu’il est difficile de cerner « politiquement ». N’oubliez pas que des gens ont acclamé vos prédécesseurs dans leur erreur jusque à la chute. La politique a rendu tout le monde hypocrite. Au point que la vérité passe pour un délit.

S’il y avait un seul exorcisme à faire contre la malédiction qui semble suivre tous ceux qui s’asseyent sur le trône au Burkina Faso, ce serait le droit et la justice qui offriraient le moyen de cet exorcisme dans la République. Tout le reste est inconsistant.

On sait que chaque régime politique a deux temps. Le premier temps est le temps de l’euphorie des promesses. Le second temps révèle les contradictions entre les intentions et les actes ainsi que le choc des égos. C’est pourquoi je vous engage à faire l’autocritique de votre régime sans vous enfermer dans des certitudes. C’est le meilleur moyen d’arrêter, une fois pour toutes, l’interminable « syndrome de la rectification ».

Par votre serment devant le Conseil constitutionnel, qui vous a absout d’avoir renversé l’ordre constitutionnel, vous ne tenez plus votre pouvoir des armes. En contrepartie, la justice est devenue la branche sur laquelle votre pouvoir est assis. Alors, ne sciez pas la branche.

Je vous parle en toute sincérité.

Me Arnaud OUEDRAOGO
Avocat

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