Actualités :: Sommes-nous pauvres ! ?

La pauvreté, telle que les promoteurs du développement se la représentent est, nous dit-on, « un état apparent de dénuement »... C’est-à-dire la situation d’une personne qui manquerait visiblement de biens reconnus tels. C’est vrai, routes, écoles, dispensaires, etc., sont des biens reconnus, mais pouvons-nous dire de quelqu’un qu’il est pauvre de ces biens s’il n’en a pas besoin.

Disons-le, le pauvre, c’est celui dont les besoins sont supérieurs aux biens et qui souffre de ce déséquilibre. La pauvreté, par conséquent, commence, exactement, quand le ressort équilibrant le rapport entre besoins et biens se trouve cassé, pour que les besoins factices submergent les biens vitaux.

On développe par exemple, les cultures industrielles au détriment des cultures vivrières. Avec notre complicité active ou complice voire passive, l’Occident gonfle nos appétits multiformes en nous attirant habilement vers des biens toujours déplorables sachant qu’une fois mis sur l’orbite de son mode de vie, nous le chercherons quoiqu’il fasse, pour notre « bien ». Alors, en attendant de nous vendre chèrement les solutions, il nous distribue gratuitement les problèmes.

La pauvreté n’est donc l’état naturel ni d’Alfa ni d’oméga, ni d’aucun peuple. Elle est l’effet d’un processus culturel. Autrement dit, c’est la civilisation contemporaine marchande qui nous hisse au rang de pauvres, pour que nous lui soyons utiles. A bien observer, ce qui est utile pour les forces économiques mondiales, ce n’est pas le bonheur du village de Falagoumtou par exemple, mais leur pauvreté.

La pauvreté cultivée et entretenue !

Tant que ceux-ci resteront dans leur système et dans leur élément, ils seront imprenables pour l’industrie occidentale. Pour qu’ils aient besoin de routes, de bus, d’écoles, il faut qu’ils accèdent d’abord à notre moderne statut de pauvre. Au Burkina, par exemple, les bailleurs de fonds du Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) ne commencent pas par envisager la création des emplois d’où viendra l’offre, mais par le développement foudroyant de l’école, d’où viendra la demande.

Ainsi, en enflammant la demande sans susciter l’offre, les bailleurs du PDDEB sèment et arrosent la pauvreté et le chômage. Dans quelques années, la révolte d’une jeunesse instruite et désœuvrée exigera les biens que nous lui avons promis, mais ces biens ne viendront que des banques et des usines de ceux qui sont aujourd’hui experts humanitaires du PNUD le jour, industriels ou « mercenaires » , la nuit.

Au prochain bilan mondial du développement, les pygmées d’Afrique centrale pourraient s’aviser de classer le PNUD lui-même : 173/176e. Pourquoi ? Parce que selon l’échelle des valeurs qui est la leur, le développement prôné par certains gouvernants africains contient en lui les germes du non-développement. En attendant, leur gouvernement d’Afrique centrale organise une « mission » civilisatrice en faveur et au détriment des pygmées, qui consiste à les déloger de la forêt pour les reloger dans ce qu’il faut bien appeler des « camps de dressage ».

Autrement dit, le gouvernement veut les déconnecter de la nature pour les connecter à la culture et les forcer à être heureux, à leur bonheur défendant. On a donc décidé de « civiliser » les chasseurs de gibier pour qu’ils deviennent des chasseurs de mirage, de développer ceux qui n’ont jamais eu ni faim ni soif, pour qu’ils aient faim et soif d’argent. Ils ont vaincu le paludisme dans la forêt, ils en mouront à Bangui, mais pas avant d’avoir apporté leur quote-part à l’enrichissement des fabricants de produits pharmaceutiques. Dans quelques années, ils auront progressé et seront honorés du statut de « pauvres ».

Désormais, leurs sources et ressources s’écouleront en direction du vide et du néant, car l’histoire de l’homo economicus à laquelle ils viennent d’être attelés par l’estomac, a les symptômes de l’hémorragie. Tout y est jeu, mais le jeu n’a pas de sens parce qu’il a pour règle la tricherie. En fait, les nègres ne sont plus esclaves de la production de la canne à sucre mais, ils sont esclaves de la consommation du sucre.

El Hadj Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)
Sidwaya

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