Actualités :: Burkina : les pyromanes de la démocratie

On dit qu’en politique, les fins justifient les moyens. Mais dans
nos Nations en construction, il y a certaines notions qu’il faut
manipuler avec précaution. La question identitaire, brandie
comme arme politique pour se faire des voix, des partisans, ou
écarter des adversaires, est une bombe qui, sous d’autres
cieux, a fait les dégâts que l’on connaît.

Plus près de nous, en
Côte d’Ivoire, des apprentis sorciers ont fondé leur stratégie
politique sur la préférence nationale qui s’est transformée en
discrimination ethnique dont les conséquences désastreuses
ne finissent pas d’endeuiller le pays. Quand on actionne un
levier aussi dangereux, c’est une boîte de pandore qu’on ouvre.

Avant la crise ivoirienne, la question identitaire semblait loin
des préoccupations des Africains de l’Ouest, et l’Afrique centrale
seule, avec le drame rwandais, servait de référence. Très peu
avaient une idée claire des conséquences de ce type de conflit.

Personne ne s’imaginait même qu’il pouvait éclater aussi près,
surtout pour les Burkinabè qui, sous l’ère Houphouët-Boigny,
vivaient en paix dans le pays.

Cette insouciance tranquille est
devenue un cauchemar avec l’avènement des tenants de
l’ivoirité. Ça n’arrive donc pas qu’aux autres, pour emprunter un
slogan propre aux associations de lutte contre le Sida. On peut
en dire autant pour les dérives ethniques qui, une fois qu’elles
ont éclaté, sont extrêmement difficiles à conjurer.
Il ne faut donc pas jouer avec ce feu-là.

Mais au Burkina, pays
jusqu’à présent préservé des démons de la haine, certains
hommes politiques ne semblent pas avoir retenu la leçon. Et les
voilà semant à tous vents un esprit sectaire contraire aux
moeurs de la République.

Il n’y a aucun doute que des relents identitaires transpirent dans
les arguments de certains acteurs politiques à l’orée des
élections municipales. Alors que le code électoral a édicté ses
critères pour tout postulant à la fonction d’élu municipal, des
responsables politiques s’arrogent le droit d’y ajouter leurs
propres conditions, qui sont généralement aux antipodes du
droit.

Quand l’appartenance à une famille, une ethnie ou une
région s’érige en critère numéro un de sélection des candidats,
il y a lieu de s’en inquiéter car c’est la démocratie qui est en
péril. Or, le monde de la politique qui, par excellence, est
partisan et passionné, est un terreau fertile pour des déparages,
si l’on cultive le sectarisme.

L’unité nationale et l’Etat de droit
foutent le camp quand les arguments ethniques font florès dans
les discours politiques. D’ailleurs, si l’on observe de près ce
phénomène latent dans certaines régions, on se rend compte
que ceux qui en font usage sont à cours d’arguments politiques. Soit ils sont en manque de notoriété, soit ils sont incompétents. Dès lors, surfer sur la vague ethnique devient la seule issue pour eux d’émerger de leur médiocrité.

Sinon, rien ne peut
expliquer que dans ce siècle où la science et la technologie
permettent à toutes les frontières de s’estomper, et où la
connaissance et l’expertise deviennent les seuls critères de
compétence, on en soit encore à des considérations aussi
primitives et grégaires.

L’esprit embrumé par des ambitions
étriquées, certains politiciens à la petite semaine ne perçoivent
pas les mutations qui s’opèrent au niveau mondial et qui,
forcément, doivent être intégrées à l’échelle nationale.

Un cadre
politique qui suscite la discrimination à l’intérieur de ses
frontières est forcément un danger pour son pays et pour
l’humanité, car il n’a rien compris à l’irréversible mouvement vers
la civilisation de l’universel si chère à Senghor.
Les replis identitaires n’ont pas d’avenir, sinon qu’ils retardent
inutilement ses thuriféraires.

Il n’est pas besoin d’être natif d’une
ville pour se dévouer corps et âme pour son développement.
Sur le plan économique, on voit bien que ces politiciens d’un
autre âge ne refusent pas les investissements "étrangers".
Pourquoi alors s’ériger en défenseur de la promotion de son
clan quand il s’agit du combat politique ?

Non, la technique du
"diviser pour régner", sur la base ethnique, est l’arme des
antidémocrates. Ils doivent être combattus parce qu’ils
constituent un poison pour le processus démocratique. Dans un
pays arriéré, aucune compétence n’est de trop dans la bataille
pour le développement dont la commune devient un point
d’ancrage majeur.

En tant que premier maillon du processus de décentralisation,
la commune doit être le lieu de la bonne gouvernance et des
bonnes moeurs politiques. Avec la faillite de l’Etat central, dans
bien des domaines, les communes peuvent servir de nouveau
départ pour une moralisation de la vie publique.

Mais cette quête
sera vaine si les pyromanes camouflés dans les instances des
partis continuent d’activer sournoisement le foyer ethnique.

La chronique du fou

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