"Moins de soucis pour la santé des étudiants, par les étudiants et pour les étudiants". Ce sont entre autres, les slogans de la Mutuelle nationale de santé des étudiants du Burkina Faso (MUNASEB), lancée mardi 06 janvier 2004. La structure est ouverte à tous les étudiants non salariés, inscrits dans les universités burkinabè, qui débourseront 5 000 F CFA par an comme taux de cotisation.

Les étudiants boursiers sont exempts de la cotisation. Aussi, les enfants et conjoints d’étudiants peuvent participer à la mutuelle. Le principe de la MUNASEB est de prendre en charge 80% des frais de soins des mutualistes. Ainsi, les étudiants pourraient bénéficier de soutien en cas de maladies, de problèmes dentaires, d’accidents etc.

Un système de remboursement a été également mis en place pour les adhérents qui se seraient pris entièrement en charge dans des circonstances contraignantes.

Toutefois, a précisé le directeur général du Centre national des œuvres universitaires (CENOU) Robert Sangaré, un plafond du montant des remboursements sera fixé lors de la prochaine session du conseil d’administration des 29 et 30 janvier 2004.

Au delà des chiffres, la Mutuelle nationale de santé des étudiants du Burkina Faso se veut, selon les autorités du CENOU, "une culture de solidarité, laquelle solidarité veut que les bien portants supportent les mal portants". Sans être une panacée, elle va aider grandement à amenuiser les problèmes de santé des étudiants, un point récurrent dans les plates-formes revendicatives des mouvements des campus.

"Le fruit d’un long combat"

La décision de créer la MUNASEB a été prise suite aux revendications estudiantines adressées au gouvernement via le Médiateur du Faso.

Le retard de cinq (5) ans accusé avant la concrétisation de la mutuelle est dû, selon M. Robert Sangaré, à des contraintes d’ordre matériel et financier. Il a cité la construction des bâtiments, l’acquisition de l’équipement et de la logistique, la formation du personnel, la finalisation des textes de la MUNASEB, la signature des conventions avec des hôpitaux et des pharmacies.

Pour l’instant, la MUNASEB est soutenue par le gouvernement à hauteur de 100 millions de FCFA par an. Cette subvention pourrait durer 5 à 6 ans, a affirmé le ministre Laya Sawadogo. Pour ce faire, il a appelé les étudiants à se mobiliser autour de la mutuelle en vue d’assurer la pérennité de celle-ci en attendant les formalités d’adhésion à la MUNASEB.

Alassane KARAMA

A l’issue de la cérémonie du lancement des activités de la MUNASEB, des étudiants ont réagi. Du satisfecit pour certains, des réserves pour d’autres.

Sidibé Bakary, délégué adjoint (2003-2004) de la cité universitaire de Zogona : Au regard des problèmes de santé que les étudiants rencontrent, la MUNASEB est vraiment la bienvenue. Cela va permettre aux étudiants non boursiers de se sentir sensiblement au même niveau que les boursiers. C’est également à mon avis une façon de responsabiliser les étudiants eux-mêmes dans la gestion de leur santé. Concernant le taux de cotisation annuelle de 5 000 FCFA, je pense qu’il est raisonnable surtout que des possibilités de soustraire cette somme de la bourse, de l’aide ou du FONER sont offertes. Pour une adhésion réelle des étudiants, il faudra mener des campagnes d’information et de sensibilisation.

N’Do Oumar, étudiant en 6e année de médecine : La MUNASEB, nous l’avons toujours attendue. Elle vient apporter un équilibre entre les étudiants (boursiers et non-boursiers). Je suis prêt à soutenir la mutuelle compte-tenu des avantages qu’elle offre pour une somme forfaitaire de 5 000 FCFA/an/

Diane Sanou UFR SEG PCM2 : La mutuelle est une bonne chose. Je l’attendais depuis la réfondation de l’université de Ouagadougou.

Ouédraogo Saïdou du MEFA : La MUNASEB est le résultat d’un processus puisque l’avènement du PAS dans notre pays a entraîné un contingentement des bourses d’études, donc des problèmes de prise en charge sanitaire chez les étudiants. Dans ce sens, des luttes ont été engagées depuis 1997, conduisant à la création de la MUNASEB. Toutefois, la mutuelle apparaît comme une alternative, car ce n’est pas ce que les étudiants ont demandé. Ainsi, nous demandons d’abord une implication réelle des autorités pour ne pas assister à un désengagement de l’Etat. Ensuite, nous allons inviter les étudiants à s’impliquer pour être aptes à prendre la relève de l’Etat le moment venu.

Thiombiano L. Prosper représentant les délégués élus au conseil de gestion de la MUNASEB : Les étudiants n’ont jamais demandé une mutuelle, mais tout simplement une prise en charge de la gestion de leur santé par l’Etat. Aujourd’hui, la situation de l’étudiant burkinabè me fait dire que la somme de 5 000 FCFA/an est assez élevée. Nous pensons que l’Etat burkinabè a les ressources nécessaires pour prendre entièrement en charge la santé des étudiants qui représentent à peine 1% de la population.

A.K.
Sidwaya