Encadrement des clubs : La légion étrangère aux commandes
La saison 2005 - 2006 du Fasofoot s’annonce avec une panoplie d’entraîneurs expatriés. A l’image des trois premiers du championnat passé, près de la moitié des clubs de D1 ont accordé leur confiance à l’expertise étrangère au grand dam des coachs burkinabè.
Le football burkinabè de D1 en matière d’entraîneur a tourné résolument le regard vers l’étranger. L’USO a réussi un grand coup avec son coach Isaac Acquaye.
Le Ghanéen a monté une équipe compétitive qui est parvenue à être par trois fois de suite vice-championne du football burkinabè. Mieux, elle a remporté cette année la coupe du Faso.
L’EFO, abonnée à l’expertise étrangère recherche aussi une équipe de taille. Les « Bleu et blanc » ont fait cette fois appel à un Ivoirien, Lama Bamba, après avoir manqué d’enrôler d’abord Mamadou Zaré, un autre Ivoirien puis Mamadou Keïta, un Malien.
Le champion, le RCK est lui aussi allé voir du côté de la lagune Ebrié. Les Faucons seront entraînés par Aka Kouamé Basile. Un jeune coach qui a abandonné le gazon vert, il y a peu.
D’abord adjoint de Drissa Malo Traoré dit « Saboteur », A l’ASEC d’Abidjan, Aka Kouamé sera titularisé après le départ de ce dernier. Mais l’entraîneur ivoirien ne réussira pas à convaincre Roger Ouegnin, le président du club. Aka Kouamé posera par la suite ses valises au Mali. Sans jamais convaincre, il atterrit cette année au Burkina Faso et à la tête du club champion, le RCK. C’est donc lui qui conduira les Faucons en campagne africaine. Il devra aussi défendre le titre de champion du Faso conquis âprement par les Oranges et noir. Une double tâche difficile. Loin de devancer l’iguane dans l’eau, attendons de voir si le Burkina Faso sera la terre promise de Aka Kouamé.
L’ASFA-Y, une grande habituée des coachs étrangers de ces dernières années, (l’Italien Arena, le Sénégalais Bamour Fall et le Ghanéen John Eshun), abandonne la piste étrangère cette fois. Les « Jaune et vert » préfèrent pour cette fois ne pas imiter les trois premiers de notre championnat. Le Burkinabè Séraphin Dargani, l’ex-coach du RCK a été savamment courtisé et arraché au RCK, son employeur. L’AS-SONABEL montée en D1 il y a seulement 3 ans baigne déjà dans la même piscine que ceux qui voient leur salut à travers l’expertise étrangère. Les Electriciens sont allés voir du côté du Togo. Il a sollicité Tchanilé Banna, l’ex-entraîneur du RCK après un échec, avec le Semassi de Sokodé l’année passée, est en poste au Djoliba. Il disputera la finale de la coupe du Mali le 22 septembre avant de venir piloter l’AS-SONABEL. Il tentera de défier les clubs de l’élite comme il a su le faire il y a peu dans le Fasofoot.
Du côté de Bobo-Dioulasso, Hyacinthe Koffi l’Ivoiro - Burkinabè quant à lui essaiera de redynamiser le football de l’ASFB en perte de vitesse. Le JCB, à peine entrée en D1, tourne lui aussi le regard vers un coach étranger. L’Ivoirien Julien Kéhi veut apporter un nouveau souffle au Jeunesse Club qui a réussi à se maintenir de justesse en D1 l’année dernière.
Des entraîneurs ivoiriens et des coachs ressortissants d’autres pays sont en train de nouer des contacts dans l’ombre afin d’exercer dans le Fasofoot. Alors que le championnat s’annonce, la liste des entraîneurs expatriés n’est donc pas encore bouclée. Ce sont donc les entraîneurs issus des pays voisins, la Côte d’Ivoire en tête, suivie du Ghana et du Togo qui auront en charge les meilleurs clubs burkinabè de D1 pour cette saison 2005 - 2006. Le Fasofoot sera donc tenu par l’expérience des expatriés. L’équipe nationale du Burkina Faso n’est pas en reste. Elle est l’affaire du Français Bernard Simondi. Cette attitude des clubs burkinabè est due au manque de formation des entraîneurs burkinabè. Leur efficacité est mise en doute au vu de la confiance accordée au coaching étranger.
A la FBF, on travaille pour sortir des textes qui régissent la profession d’entraîneur au Burkina Faso. Un niveau sera exigé pour les entraîneurs de D1.
Quand la mesure sera adoptée, le Fasofoot sera totalement noyé dans le coaching étranger, d’autant plus que bon nombre de coachs burkinabè surtout en D2 exercent sans un véritable niveau d’entraîneur. Le manque d’école d’entraîneurs et la rareté des stages de formation et de perfectionnement au niveau local pour entraîneurs burkinabè en sont pour beaucoup.
N’allez pas demander aux clubs pourquoi se penchent-ils vers des coachs expatriés ? La réponse est toute connue. Ils sont à la recherche du beau jeu et à la conquête de titres. Il n’y a pas de choix à faire à ce niveau. ll faut faire avec celui en qui on a foi. Les plus grands perdants ce sont les coachs burkinabè qui se contentent de se mettre aux côtés des titulaires de peur de perdre « la main » mais et surtout de pouvoir assurer leur pitance quotidienne. Tout le monde pense au beau jeu, à la relève au Faso. Mais les coachs burkinabè sont ceux qui tirent le diable par la queue. Ils semblent être oubliés dans la chaîne. Les contrats qu’ils signent avec les clubs sont des maigreurs. Le contrat de Séraphin Dargani au RCK puis à l’ASFA-Y (le demi-million par mois) est perçu dans certains milieux sportifs comme bien payé pour un entraîneur local comme si il est différent des entraîneurs étrangers.
En tout cas, ces derniers ont le traitement de faveur et ne ratent pas l’occasion de piloter les clubs burkinabè.
En attendant le championnat de D1 prochain aura encore la saveur du coaching étranger. La concurrence entre les coachs expatriés d’une part et entre ces derniers et les coachs burkinabè d’autre part réussira-t-elle à relever le niveau de nos clubs cette année ? Wait and see !
Hamadou TOURE (hatoure@yahoo.fr)
Sidwaya