LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Secteur 27 de Ouaga : Une femme au coeur d’une guerre de familles

Publié le mardi 6 janvier 2004 à 11h43min

PARTAGER :                          

L’affaire fait grand bruit à Wayalghin depuis près d’un an.
Comme une boule de neige, elle a emballé tout le secteur 27 et
finalement, les deux parties engagées dans la dispute sur la
personne de dame Delphine Nacoulma, se sont retrouvées
d’abord au Commissariat central de Ouagadougou et
maintenant à la gendarmerie de Nongremassom où notre
équipe de reportage a rencontré Désiré Pouya, l’un des
protagonistes.

L’autre camp, par le biais d’une délégation de 4
personnes que conduisait Emmanuel Kinda, l’époux cocufié
nous a également donné sa version des faits. C’était toujours
dans la matinée d’hier lundi 5 janvier, mais cette fois-ci, à notre
rédaction. Versions différentes d’une même histoire.

"C’était mon ami, en qui j’avais beaucoup confiance. Je l’ai
même aidé à s’installer au secteur 27 où il a acheté des
parcelles et loué une maison. Et en retour, voilà qu’il me retire
ma femme". Ces quelques propos de l’ébénistier, Emmanuel
Kinda, ne font que confirmer l’adage selon lequel, "le coeur a
ses raisons que la raison ignore". Même l’amitié n’a pas su
résister à l’appel magique de Eros le dieu de l’amour. Pourtant,
le plaisir ne semble pas partagé.

"Je n’ai pas pris la femme de
quelqu’un et je ne connais ni de jour, ni de nuit Emmanuel
Kinda, le mari de la femme dont vous parlez", a rétorqué Désiré
Pouya. Il va plus loin : "Cette femme, c’est juste une
connaissance. Elle a eu des problèmes avec son mari et est
allée vivre avec son père. Ce dernier, je ne sais pour quelle
raison, l’a chassée à son tour de sa cour".

Ainsi, le malheureux
Désiré Pouya s’est retrouvé avec "une amie" sur les bras. Il a
donc logé la SDF (sans domicile fixe) dans une de ses
parcelles au secteur 27, quartier où réside aussi l’époux de
dame Delphine. La promiscuité aidant, ou peut-être comme
prime à son courage et à sa témérité, Désiré Pouya a cueilli le
fruit défendu, en compagnie de son "amie".

Des rapports sexuels

"Nous avons eu des rapports sexuels, du moment où nous
vivions dans la même maison" a reconnu Désiré Pouya, qui vit
également avec sa véritable femme et leurs 6 enfants dans le
même quartier Wayalghin. Sont-ce ces rapports qui ont donné
du relief au ventre de votre "amie", avons-nous demandé à M. 
Pouya, suite à des bruits de quartier, qui disent que la femme
disputée était enceinte.

"Elle n’a jamais été enceinte de moi", a
répliqué Désiré Pouya, avant de poursuivre : "Si la gendarmerie
lui dit de retourner chez son mari, moi je me plierai à la
décision".

Cela risque fort d’être impossible. "Nous ne voulons
plus d’elle dans le quartier", ont clamé les voisins et
ressortissants de Kaya qui apportent leur soutien à Emmanuel
Kinda. Du reste, selon le mari éprouvé, Delphine Nacoulma la
femme avec qui il a eu ses trois enfants de 13, 10 et 7 ans,
après 15 ans de vie commune, a catégoriquement refusé de
retourner dans la cour conjugale, qu’elle a quittée le 26 juillet
2003.
Pour manifester leur "opposition, leur mécontentement et leur
refus" d’approuver de tels actes, les "jeunes et vieux" du quartier
ont décidé de déloger le "couple coupable".

C’est ainsi qu’à
l’issue d’une réunion des familles chez le "patriarche" de la
zone, une foule de manifestants a marché sur la maison de
Désiré Pouya le 13 décembre 2003. "C’est lors de ces
échauffourées que Désiré a été blessé à la maison", a révélé
Faustin Ouédraogo, fonctionnaire à la Caisse Populaire de
Wayalgin et "grand-frère" de Emmanuel Kinda. Désiré Pouya ne
partage pas ce point de vue et contre-attaque.

"C’est Faustin qui
m’a poignardé et c’est lui qui était le meneur de la foule qui a
décoiffé ma maison, là où vit ma famille". De convocation en
convocation, les deux parties se sont retrouvées à la
gendarmerie de Wayalghin les 7, 13, 31 décembre 2003 et le 5
janvier 2004. Comme pour changer un peu de paysage, Désiré
Pouya avait convoqué Faustin Ouédraogo au Commissariat
central le 22 décembre 2003.

Le "vieux" a dit non

Bien que ce drame amoureux se joue entre auditions à la
gendarmerie et manifestations violentes des populations, des
démarches pacifiques avaient été entamées par Emmanuel
Kinda. Averti, le "vieux" de Delphine Nacoulma de concert avec
toute sa grande famille aurait désapprouvé, selon Emmanuel
Kinda, l’acte de sa fille qu’il a sommée de retourner chez son
époux". Informé de la situation, Prosper Compaoré, président de
la Communauté chrétienne de base de Wayalghin (CCB) au
moment des faits, a essayé d’agir. Il raconte : "J’ai des liens de
parenté avec cette femme (ndlr : Delphine Nacoulma) et elle
faisait partie de notre chorale Saint Charles Luanga. Qui plus
est, elle était maman-catéchiste.

Quand son mari est venu nous
voir, nous étions sur le point de chercher à la rencontrer, mais
elle a quitté définitivement son foyer. Néanmoins, nous avions
formé une délégation de 3 personnes de la CCB et sommes
allés voir son père. Ce dernier était dans le désarroi et nous a
dit de tout faire afin que sa fille réintègre son ménage".
Peine perdue, Delphine Nacoulma, que nous n’avons pas pu
rencontrer est bel et bien partie. "Et depuis ce temps, j’ai été
obligé d’amener les enfants dans ma grande famille à Kaya",
mentionne Emmanuel Kinda. Mais où est Delphine
présentement ?

"Aux dernières nouvelles, elle et Désiré sont au
secteur 28 chez la grand-mère de la première, après avoir été
renvoyés de Kossodo, par des jeunes, originaires de Kaya",
répond Emmanuel Kinda. Pour lui et les autres membres de la
délégation qui s’est rendue à notre siège, "le problème, ce n’est
pas véritablement Désiré".

Donc, la pomme de discorde c’est la
femme ? "Oui, et comme elle ne veut pas revenir, moi aussi je
n’en veux plus", a conclu Emmanuel Kinda, approuvé par Eloie
Dakissaga, un fils du patriarche de Wayalghin. Joseph
Sawadogo, le Saamb-Naaba, soit "le chef des étrangers" de
Wayalghin, enfonce le clou. "C’est déplorable".

Ce qui semble lui
faire le plus mal, c’est sa tentative vaine de résoudre le
problème avant qu’il ne prenne des proportions plus grandes.
"Quand Emmanuel Kinda m’a parlé de la situation, j’avais
essayé de ramener Désiré à la raison, lorsque ce dernier m’a
avoué n’avoir eu qu’une seule fois des rapports sexuels avec la
femme de son ami. Il a même dit regretter son acte. Sur ce, je lui
ai suggéré de ne plus recommencer. Mais deux semaines plus
tard j’ai revu les deux ensemble". Et les deux seraient toujours
ensemble.

Et la gendarmerie continue d’auditionner les deux
tourtereaux camps. Et l’affaire risque de connaître des
rebondissements judiciaires. Comme quoi, le feu de l’amour, ce
n’est pas que le coeur que ça brûle.

Par Morin YAMONGBE
Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique