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Covid-19 au Burkina Faso : Occupation anarchique des voies publiques par des commerçants

Publié le mercredi 29 avril 2020 à 22h20min

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Covid-19 au Burkina Faso : Occupation anarchique des voies publiques par des commerçants

Avec la fermeture des marchés et yaars dans la commune de Ouagadougou, des marchés spontanés se sont développés dans les quartiers et à presque tous les coins de rues de la ville. Constat.

Il est 7h 30mn à Toésin yaar ce 29 avril 2020. Fermé depuis le 26 mars 2020, les commerçants, insoucieux des dangers qu’ils en courent, ont érigé les cimetres et les abords des routes en marché afin de mener leurs activités. A notre arrivée, ces lieux grouillaient du monde. Eviter la proximité et le rassemblement ; des consignes du gouvernement que des Ouagalais semblent avoir oublié. La nouvelle règle de conduite des mesures barrières, à savoir le port obligatoire du masque, lui aussi, peine à être respecté.

Pourtant, cette décision est entrée en vigueur depuis le 27 avril 2020. Ignorance ou incivisme ? « Avec la précipitation, j’ai oublié mon cache-nez à la maison », se justifie Aïcha Sawadogo qui est venue faire ses provisions. Exposés à terre, tomate, oignons, choux, concombre, aubergines foisonnent aux côtés d’autres denrées. Un peu plus loin, on vend de la viande fraichement débitée, principalement de bœuf et de chèvre.

Les commerçants qui ont improvisé l’activité se disputent le marché. Chacun espère ou entend se faire du bénéfice en ses périodes difficiles que traverse le Burkina Faso. Zénabo Kaboré tire son épingle du jeu. « Je ne me plais pas du tout. Depuis ce matin, les clientes ne font que venir. Et c’est comme ça tous les jours. Je rends grâce à Dieu pour cela », déclare dame Kaboré avec satisfaction.

Malheureusement, il n’en est pas le cas chez tout le monde. Assise devant ses légumes, les yeux rivés sur les passants, Rakiéta Kaboré se plaint de la mévente de ses produits. « C’est la désolation. J’enregistre beaucoup de pertes. Il faut que le gouvernement nous viennent en aide sinon nos familles ne vont pas avoir leur repas quotidien », lance-t-elle.

Au niveau du pont de Rimkièta de Ouagadougou, il y a également une ambiance forte. Difficile de se frayer un passage surtout les matins. Cette situation crée souvent de vives tensions entre les usagers et les commerçantes. « C’est inadmissible cette occupation anarchique de la route. Trop c’est trop ! Il faut que les autorités prennent leur responsabilité », martèle un homme visiblement remonté qui a requis l’anonymat. Et que dire de l’hygiène qui laisse à désirer.

Des ordures constituées de déchets domestiques et de légumes jetés par les marchandes, s’y amoncellent, ce qui ajoute une touche tragique à la tristesse des lieux. De cet amas d’ordures émane des odeurs nauséabondes qui agressent les narines. Mais ce n’est pas tout. « Chaque jour, on inhale la poussière ici. Mais on n’a pas le choix », ajoute Diane Ouédraogo, une commerçante de légumes.

Pour tout cela, elle plaide pour la réouverture de Toésin yaar fermé dans le cadre des décisions prises en vue de contenir le Coronavirus qui touche 638 personnes au Burkina Faso à la date du 27 avril 2020. Puis de rassurer que les mesures sanitaires édictées par le gouvernement vont être appliquées. Mais pour l’instant, Mme Ouédraogo ne donne pas un bon exemple.

Alors que des voix s’élèvent pour exiger la réouverture des marchés et yaars, le maire de la capitale, Armand Béouindé, a pris un arrêté autorisant, pour compter de ce mercredi 29 avril 2020, la réouverture des marchés dans la commune de Ouagadougou. Espérons pour les populations que les décideurs ont mesuré toute la portée et les implications de leurs actes.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 avril 2020 à 11:43, par Baghuyan Isidore En réponse à : Covid-19 au Burkina Faso : Occupation anarchique des voies publiques par des commerçants

    Et si le Bénin avait vu juste ?
    Fidèle à ses déclarations comme quoi son pays n’a pas les moyens de pratiquer un confinement des populations, Patrice Talon :
    - n’a pas instauré de couvre-feu
    - n’a pas fermé les marchés
    - n’a pas fermé immédiatement les écoles et universités. Il a réaménagé le calendrier scolaire et fixé la période des congés de Pâques pour toutes les écoles et universités publiques et privées du Bénin, du lundi 30 mars au 10 mai 2020 inclus.
    Bien sûr, des mesures visant à réduire la mobilité des populations ont été prises. Le port du masque à été vivement encouragé puis rendu obligatoire.
    Et pourtant, le Bénin n’est pas plus touché par le Covid que autres pays de l’Afrique de l’ouest.
    Le Bénin a su éviter à ses populations, des fermetures peut-être non nécessaires, draconiennes, traumatisantes, et apauvrissantes pour les couches défavorisées.

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