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Conditions de vie à la MACO : Dans la peau d’une prisonnière

Publié le lundi 5 septembre 2005 à 07h15min

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Le regard soucieux, plein d’amertume, elle pense à ses cinq enfants restés avec son mari. Awa sanfo, détenue à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) depuis six mois, a pris un coup de vieux. Ceux qui ne la connaissaient pas lui donneraient cinquante printemps.

Mais cette prisonnière, visiblement fatiguée, n’a que 40 ans. Sa vieillesse et sa fatigue apparentes sont dues à sa présence en prison, un "enfer" où l’être humain est privé de ce à quoi il aspire le plus : la liberté.

Née à Bawku, au Ghana, où ses parents résident, Awa Sanfo est condamnée à un an de prison ferme pour avoir extorqué la somme d’un million cinq cent mille (1 500 000) francs CFA à un de ses amis. A la MACO, elle reçoit souvent la visite de son mari et de ses enfants, toujours en pleurs.

Elle y est avec son plus jeune fils, traumatisé par les tortures et les menaces orchestrées par les gardes pénitentiaires, qu’il observe presqu’au quotidien. Il y a quelques semaines, son souci majeur était l’état de santé préoccupant d’une de ses filles. "J’ai demandé une permission d’une semaine afin d’aller la soigner, mais on me l’a refusée", explique-t-elle. Avant d’être emprisonnée, Awa Sanfo vendait du riz pour subvenir aux besoins de sa famille.

Son époux, un ancien commerçant de Rood-Woko, rencontre de sérieuses difficultés financières depuis l’incendie de ce marché, le 27 mai 2003. C’est sa première fois de franchir le seuil de la MACO et tant qu’elle n’en sortira pas, deux de ses enfants auront des problèmes de scolarisation. Ils sont confrontés à des mésententes familiales car eux et les autres sont de pères différents. Awa Sanfo se souciera-t-elle du regard des autres à sa sortie de prison ? Non, elle s’en moque éperdument. Elle compte reprendre ses énergies, son commerce, redevenir comme avant et s’occuper de sa famille.

Des amies, elle n’en avait pas tellement à Ouagadougou, car, dit-elle, "je me méfie des gens et des mauvaises langues". Elle regrette amèrement son acte et jure de ne plus s’aventurer dans de telles histoires. "Au départ, cette affaire d’escroquerie concernait plusieurs personnes, mais quand les choses se sont envenimées, j’étais la seule à être indexée et je me suis retrouvée en train de croupir en prison", se lamente-t-elle.

Par Christine SAWADOGO
Le Pays

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