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Crise sécuritaire : « L’Eglise n’attend pas qu’il y ait des situations de crise pour enseigner la fraternité », Mgr Laurent Dabiré

Publié le dimanche 24 novembre 2019 à 09h00min

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Crise sécuritaire : « L’Eglise n’attend pas qu’il y ait des situations de crise pour enseigner la fraternité », Mgr Laurent Dabiré

Monseigneur Laurent Dabiré, évêque de Dori et président de la Conférence épiscopale Burkina-Niger, répond aux questions de Lefaso.net, sur l’engagement des volontaires pour la défense de la patrie, la crise humanitaire et la réconciliation nationale. C’était il y a quelques jours. Interview.

Lefaso.net : Le gouvernement a fait appel aux volontaires pour la défense de la patrie. Comment appréciez-vous cette décision ?

Mgr Laurent Dabiré : Le président du Faso est le premier responsable de la République. C’est lui qui est, en premier lieu, en charge de la sécurité ; donc je pense qu’il faut comprendre son appel dans le cadre d’une mesure, entre autres mesures, afin d’organiser et d’assurer la défense du territoire.

Vous êtes évêque dans une région en proie à des attaques terroristes. Entendez-vous inviter les jeunes à s’engager comme volontaires ?

Ce n’est pas le rôle des évêques d’encourager les gens à s’enrôler, parce que l’Etat et l’Eglise sont deux ordres indépendants, autonomes, même s’ils collaborent. L’Eglise éduque les consciences, interpelle les personnes pour qu’elles soient disponibles au dialogue, à la solidarité, au partage, à la paix.

Cela passe par les moyens propres à l’Eglise qui sont la prière, la foi, la charité, la fraternité. L’Etat peut prendre également ce genre de mesures, mais étant donné que la mesure n’est pas une contrainte, mais un appel qui se réfère au devoir et à la responsabilité du citoyen, c’est à chacun de répondre positivement ou de donner une autre forme de réponse.

Le président n’a pas proclamé une mobilisation obligatoire pour tous les citoyens ou d’un âge donné, mais il a lancé un appel. Je crois que c’est important de ne pas perdre de vue le caractère volontaire de cet appel.

Dans la région du Sahel, on parle de manque de collaboration entre la population et les forces de défense de sécurité. Qu’est ce qui est fait à votre niveau pour remédier à cela ?

Je ne peux pas vous dire s’il y a un manque de collaboration entre la population du Sahel et les forces de sécurité. Peut-être que la collaboration qui a existé n’est pas satisfaisante au regard de certaines attentes. La collaboration, on la travaille toujours, on l’agrandit, elle s’approfondit et c’est dans ce sens que l’on doit aller obtenir la participation de tous, en respectant le rythme des autres, parce que ce n’est pas partout ou auprès de tout le monde que l’on peut avoir des réponses immédiates, spontanées. Je pense que c’est ce qu’on doit comprendre.

A l’occasion de la Journée de la miséricorde, le cardinal a appelé à la réconciliation nationale. Mais pour certains observateurs, il s’agit en fait de demander la libération de certains prisonniers et le retour de certains exilés politiques. Etes-vous dans cette dynamique ?

Je n’étais pas à cette journée, mais il faut faire attention. Lorsque l’Eglise parle de réconciliation, elle vise d’abord la réconciliation des cœurs, des esprits. Donc, quand on parle de réconciliation, c’est l’abandon de toutes les rancœurs, les histoires qui ont pu nous diviser, pour pouvoir nous retrouver autour de l’intérêt commun, du bien de notre pays.

Maintenant, les protagonistes sauront où va cette réconciliation et ce que cela va impliquer. Je pense qu’il ne faut pas tout de suite dire que la réconciliation est un appel à libérer les prisonniers ou je ne sais qui. Ce n’est pas le rôle de l’Eglise de faire ce genre d’appels. C’est une interprétation à mon avis.

Mais dans la dynamique où le retour des exilés et la libération de certains prisonniers pourraient garantir la paix, est-ce que l’Eglise est prête à soutenir ces idées ?

L’église a toujours été disponible ici comme ailleurs, quand il s’agit de l’entente entre les gens. Donc l’Eglise n’attend pas qu’il y ait des situations de crise particulières ou graves pour enseigner et appeler les gens à la fraternité, à la solidarité, à l’entente et tout ce qui constitue notre bien le plus précieux qui est notre pays. L’Eglise a aussi ses méthodes pour rapprocher les esprits, apaiser les cœurs. Et ce travail, un pasteur le fait du matin au soir.

Interview réalisée par Edouard Kamboissoa
et Laure Yaméogo (Stagiaire)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 24 novembre 2019 à 08:11, par Mechtilde Guirma En réponse à : Crise sécuritaire : « L’Eglise n’attend pas qu’il y ait des situations de crise pour enseigner la fraternité », Mgr Laurent Dabiré

    Ce n’est pas le rôle des évêques d’encourager les gens à s’enrôler, parce que l’Etat et l’Eglise sont deux ordres indépendants, autonomes, même s’ils collaborent. L’Eglise éduque les consciences, interpelle les personnes pour qu’elles soient disponibles au dialogue, à la solidarité, au partage, à la paix. […]Cela passe par les moyens propres à l’Eglise qui sont la prière, la foi, la charité, la fraternité. L’Etat peut prendre également ce genre de mesures, mais étant donné que la mesure n’est pas une contrainte, mais un appel qui se réfère au devoir et à la responsabilité du citoyen, c’est à chacun de répondre positivement ou de donner une autre forme de réponse.

    Bien répondu Excellence. Il faut que tout chrétien qui se réclame comme tel en Jésus Christ sache, que l’Église, Corps du Christ est prophète. C’est pourquoi l’Église que Constitue aussi le Peuple de Dieu est invitée à être prophète également. Donc depuis la nuit des temps que nos pasteurs interpellent le pouvoir, que ce soit de leur propre initiative ou souvent en dialogue avec les autres religieux et coutumiers, si le pouvoir avait écouté on n’en serait pas là. Maintenant que le président fasse appel c’est son droit. L’Église n’a pas à applaudir ou à obliger les gens à répondre à cet appel. Tout au plus comme dit le proverbe moagha : « on peut répondre à un appel, mais on a la liberté de le refuser » car les conditions, selon lesquelles l’appel pourrait être acception, pourront alors se poser. On ne peut envoyer des gens pour en faire de simples victimes et les frais d’une gestion calamiteuse du pouvoir, ou de chair à canon comme tribut…

    Le président n’a pas proclamé une mobilisation obligatoire pour tous les citoyens ou d’un âge donné, mais il a lancé un appel. Je crois que c’est important de ne pas perdre de vue le caractère volontaire de cet appel.

    Comme Monsieur le Président sait maintenant qu’il peut proclamer une mobilisation obligatoire, là également il ne peut jouir de cette prérogative qu’avec l’accord des corps constitués que sont les confessions religieuses et coutumières, l’armée et la justice. Mais dans le cadre de leur statut républicain et leur personnalité juridique :

    La collaboration, on la travaille toujours, on l’agrandit, elle s’approfondit et c’est dans ce sens que l’on doit aller obtenir la participation de tous, en respectant le rythme des autres, parce que ce n’est pas partout ou auprès de tout le monde que l’on peut avoir des réponses immédiates, spontanées. Je pense que c’est ce qu’on doit comprendre.

    Voilà tout est encore dit ici et on ne le dira jamais assez : il faut la sagesse des leaders de consciences que sont les confessions religieuses et coutumière, l’armée et la justice pour poser sereinement la question au lieu de vouloir jouer au matamore ou au rodomont de « la Patrie ou la mort etc. » !

  • Le 24 novembre 2019 à 09:39, par RV En réponse à : Crise sécuritaire : « L’Eglise n’attend pas qu’il y ait des situations de crise pour enseigner la fraternité », Mgr Laurent Dabiré

    Réponses de hautes qualités. À chacun son rôle et son travail. Que le Seigneur bénisse le Burkina Faso.

  • Le 24 novembre 2019 à 10:22, par Manisougri En réponse à : Crise sécuritaire : « L’Eglise n’attend pas qu’il y ait des situations de crise pour enseigner la fraternité », Mgr Laurent Dabiré

    Amen ! Propre ! Un intellectuel plein et vivace que ce Monseigneur. Que Dieu vous bénisses et vous garde au centuple.

  • Le 24 novembre 2019 à 19:10, par Tindawinde en cote d’ivoire En réponse à : Crise sécuritaire : « L’Eglise n’attend pas qu’il y ait des situations de crise pour enseigner la fraternité », Mgr Laurent Dabiré

    MGR Laurent Dabiré a bien répondu. je demande au Moogo Naba de demande pardon au président RMCK de pardonne ces frères qui sont en prisons et les exilés dites au Burkinabé de ce pardonne et main dans la main pour luter contre les esprits du mal .je vous demande pardon a cause de dieu ensemble vous allers réussir vive le Burkina Faso que dieu vous bénisse.

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