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Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

Publié le mercredi 2 octobre 2019 à 17h00min

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Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

Des milliers de déplacés internes, fuyant la barbarie djihadiste, ont envahi la ville de Kongoussi dans la province du Bam, région du Centre-Nord. Ils débarquent depuis le 29 septembre 2019 des villages des communes rurales de Bourzanga, de Nassere et principalement de Zimtanga. Sur place, une chaine humanitaire leur vient en aide. Une équipe de Lefaso.net s’y est rendue le mardi 1er octobre 2019. Récit.

De la tristesse, de la peine, et de l’amertume. C’est qui se lit sur le visage des déplacés internes de Kongoussi. Tout a commencé le 28 septembre 2019. 10 et 07 personnes sont abattues respectivement à komsilga et à Déneon, deux villages de la commune rurale de Zimtanga, province du Bam, région du Centre-Nord. C’est l’œuvre d’individus non identifiés. La suite, c’est l’exode des populations de tous les villages. Vieux, enfants, femmes et hommes prirent le chemin de l’exil.

Ousmane Sawadogo, cultivateur, fait partie des déplacés internes. Il nous conte sa mésaventure : « Tout a commencé le 29 septembre. Des individus sont venus dire qu’ils ne veulent plus nous voir ici. Nous savions déjà le sort réservé aux populations de Komsilga. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de prendre nos jambes à notre cou ».

Les personnes de sexe masculin traquées et tuées sans aucune autre forme de procès

C’est le même son de cloche chez dame Sawadogo, mère de quatre enfants. « Quand les terroristes sont arrivés, ils nous ont sommés de quitter les lieux. Ils n’avaient aucune pitié. Ils traquaient tout le monde, surtout les hommes ». C’est donc le début d’un exode forcé. Les populations descendent en grande masse sur Kongoussi. Tous les moyens sont mis à contribution pour échapper à l’hydre terroriste. Pour fuir, les pieds, les charrettes à traction asine, les dos d’âne, les motos… sont mis à contribution. C’est chacun en fonction de ses moyens. Dans la cité du haricot vert, tous les 7 secteurs accueillent des déplacés. Ils sont estimés à plus de 19 mille. Ils sont logés dans des endroits de fortune. Certains sont dans des magasins de stockage d’oignons et autres produits.

D’autres sont logés chez des particuliers. Au secteur 5, des déplacés ont trouvé refuge à l’école primaire publique de Lioudougou. La rentrée scolaire n’a pu donc avoir lieu ce 1er octobre 2019.
Une chaine humanitaire pour venir en aide aux déplacés en attendant la réaction du pouvoir central

Les déplacés internes sont venus les mains vides. Juste avec le souffle de vie. Les plus chanceux ont pu emporter dans leur fuite des nattes et des ustensiles de cuisine. Ils ont abandonné leurs champs, leurs animaux, leurs vivres. Pour leur venir en aide, une chaine humanitaire spontanée a été créée dans tous les secteurs. En groupe, des jeunes se cotisent pour leur venir en aide. Ils sont soutenus par des personnes de bonne volonté. Sur l’ancien site de la police municipale, depuis le 29 septembre 2019, ce sont 3 tonnes de riz qui ont été préparées pour nourrir ces personnes vulnérables. Pour le moment, elles bénéficient de trois repas par jour. En file indienne, enfants et femmes s’alignent pour percevoir leur ration. Des particuliers ont également ouvert leurs portes pour les accueillir.

L’aide oui, mais retourner d’où l’on vient est encore meilleur

La solidarité des populations locales redonne le sourire aux déplacés. Mais, « notre plus grand souhait, c’est de retourner dans nos maisons ». « J’interpelle le président du Faso. J’appelle le président que nous avons élu à prendre notre situation en main. Nous sommes dans la mort. Nous voulons des militaires pour nous sécuriser. Nous avons peur. Nous ne voulons pas mourir de la sorte. Nous avons tout perdu », lance Lamine Guigma, un déplacé qui a trouvé gite et couvert au secteur 1. Jusqu’au 1er octobre 2019, l’Etat burkinabè n’avait pas réagi sur la situation qui prévaut au Bam. L’heure est au recensement d’abord.

Le conseil municipal avec à sa tête le maire Zoromé Daouda a annoncé le déblocage de 5 millions de FCFA pour s’occuper des déplacés. Dans la commune de Zimtanga, des 40 villages qui la composent, seule Zimtanga a encore des habitants. Le chef de Datenga, Naaba Tigré lui, a refusé d’abandonner les quelques populations qui sont restées. Tout au contraire, il lance un appel aux autorités de lui venir en aide. Il demande à toutes les personnes de bonne volonté à bien vouloir voler au secours de sa population.

Un conflit communautaire en gestation

La situation s’empire de jour en jour. Les personnes qui osent rester sont débusquées puis tuées. Ceux qui repartent pour chercher leurs biens subissent le même sort, en témoigne le massacre des 6 personnes dans le village de Kanrgo le 30 septembre 2019.

Selon les témoignages des déplacés, ces actes sont l’œuvre de personnes à qui ils ont offert l’hospitalité depuis des lustres. Sayouba Sawadogo nous renseigne : « Quand nous avons fui, nos femmes sont reparties pour ramasser nos affaires. Elles ont trouvé des individus en train de récolter nos champs. Ce sont des voisins ». Des coupables sont donc désignés.

A Kongoussi, il n’y a qu’un seul mot dans la bouche des uns et des autres : la résistance. Au moment où nous quittions la ville, des déplacés continuaient toujours de fouler le sol de la cité du haricot vert. Comment sera demain ? Nous l’ignorons.


NB : pour la sécurité des déplacés, les noms cités sont des emprunts. Le fait de ne pas mentionner les villages d’origine des interviewés participe aussi de cette précaution.


Dimitri OUEDRAOGO et Bonaventrure Paré
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 octobre 2019 à 10:39, par Juste En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Les autorités doivent vite faire pour clarifier cette situation ; si pendant que certains fuient d’autres font des récoltes derrière eux, comprenez que la vengeance est quasiment inévitable. Il faut faire vite parce que le temps presse autrement, le pire est à craindre.

  • Le 2 octobre 2019 à 10:56, par HUG En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Courage à la population. Où est l’autorité sensé protéger les citoyens ?

  • Le 2 octobre 2019 à 11:01, par la loupe En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Bjr chers tous ! C’est avec tristesse que je suis au clavier pour parler de la situation du pays des Hommes intégrés. Cette situation insécuritaire a montré les limites des FDS dans la réponse. Cependant, la survie de l’État est et demeure l’affaire de tous. Avant tout, la sécurité des citoyens est l’affaire des citoyens d’abord. Les villageois devraient s’organiser, peut être en Comité Villageois de Surveillance et d’Alerte (CVSA), pour acquérir des armes leur permettant de prendre en charge leur sécurité en attendant une force extérieure. N’oublions pas que ce défendre est aussi un droit reconnu par la constitution burkinabé. Si SANKARA n’avait pas initié les CDR, c’était une rébellion qui allait l’emporter avec des conséquences incalculables coté population civile. Le gouvernement doit accompagner cette initiative des populations rurales sinon nos enfants ne connaitront pas le vrai sens de l’Etat ni de "religion" qui veut dire "Amour du prochain". Comme dit GOAMA, bonne chance nous tous !

  • Le 2 octobre 2019 à 12:09, par RAOGO En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    c’est aux jeunes de prendre leur responsabilités pour sauver le pays…...

  • Le 2 octobre 2019 à 12:39, par warzat En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Il est évident que ceux qui récoltent ce qu’ils n’ont pas semé en récolteront le prix et au plus fort.

  • Le 2 octobre 2019 à 13:06, par boro En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    La plupart des FDS ( Comandant , Colonel ect... on les voit dans les rues de ouaga dans des Double cabines au fenetres sombres en vert Noir.
    Domage

  • Le 2 octobre 2019 à 14:02, par citoyen LAMBDA En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Que fait-il encore dire qui n’aie été dit . Voilà des autorités d’un pays, qui au lieu de prendre des mesures énergiques de sécurité pour que les populations puissent retourner et demeurer dans leur village ,encouragent par leur laxisme le reflux des populations vers le centre du pays important ainsi directement le terrorisme vers la capitale Ouagadougou et dans les autres centres urbains .Vraiment c’est à ne rien comprendre ; En tous cas bravo à ces déplacés de rappeler aux autorités leur devoir de protection et du territoire national et des habitants du BURKINA FASO. Comme toujours ,il faut toujours que les populations soient obligées de se remuer pour que nos chers gouvernants se magnent un tant soit peu . Triste tout ça .

  • Le 2 octobre 2019 à 14:37, par sadiali En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Qu’est ce qui arrive à ma chère province ? à mon cher village ?!
    Mais nous ne céderons pas ! Aujourd’hui nous reculons, mais demain nous triompherons ! Dieu est juste !
    VIVE LA FIN DE LA TERREUR !!!
    VIVE UN PEUPLE DU BURKINA UNI !!!
    MON PAYS RESTERA DEBOUT !!!
    NOUS RACONTERONS CETTE HISTOIRE A NOS ENFANTS !!!

    Et nous chanterons l’hymne de la VICTOIRE !!!!

    I. Contre la férule humiliante il y a déjà quelques ans,
    La rapacité venue de loin les asservir il y a des décennies.
    Contre la cynique malice métamorphosée
    En terrorisme et ses petits servants locaux
    Beaucoup flanchèrent et certains résistèrent.
    Mais les échecs, les succès, la sueur, le sang
    Ont fortifié notre peuple courageux
    et fertilisé sa lutte héroïque.

    Refrain :
    Et une seule nuit a rassemblé en elle
    L’histoire de tout un peuple.
    Et une seule nuit a déclenché sa marche triomphale :
    Vers l’horizon du bonheur.
    Une seule nuit a réconcilié notre peuple
    Avec tous les peuples du monde,
    À la conquête de la liberté et du progrès
    La Patrie ou la mort, nous vaincrons !

    II. Nourris à la source vive de notre courage.
    Les engagés volontaires de la liberté et de la paix
    Dans l’énergie nocturne et salutaire d’un certain jour
    N’avaient pas que les armes à la main, mais aussi et surtout
    La flamme au cœur pour légitimement libérer
    Le Faso à jamais des fers de tous ceux qui,
    Çà et là, en polluaient l’âme sacrée de l’indépendance, de la souveraineté.

  • Le 2 octobre 2019 à 14:39, par YAAM SOBA En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Lorsque l’opposition fait des critiques face au laxisme du régime kaboré quant à la gestion sécuritaire chaotique, certains s’offusquent.
    Aujourd’hui tout le monde est unanime que le Président Kaboré est incapable de gérer ce pays. en voici les preuves en images.

  • Le 2 octobre 2019 à 15:12, par YAAM SOBA En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Lorsque l’opposition fait des critiques face au laxisme du régime kaboré quant à la gestion sécuritaire chaotique, certains s’offusquent.
    Aujourd’hui tout le monde est unanime que le Président Kaboré est incapable de gérer ce pays. en voici les preuves en images.

  • Le 2 octobre 2019 à 15:35, par Naso En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    La situation au centre nord en général et en particulier dans le Bam n’a rien d’attaques djiadistes. Il s’agit plutôt de bandes de malfrats, organisées pour pillers les biens de nos pauvres parents. La tactique est d’intimider et même tuer pour amener les populations à fuir, laissant derrière elles animaux et produits agricoles que ces malfrats passent se servir sans inquiétude.
    Il faut surtout que le gouvernement aide les communautés avec un accompagnement pour leur auto-défense.
    Que dieu permettent à nos parents de retourner chez eux en toute quiétude.

  • Le 2 octobre 2019 à 16:21, par luther En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Que font nos autorités face à cette situation macabre qui vit la terre de nos ancêtres ?
    Quelle est la réaction des forces vives (OSC, Politiques, autorités coutumières et religieuses) ?
    Face à ce silence, je suis indigné, donc j’accuse :
    1. Les autorités pour leur complicité vis-à-vis du massacre des pauvres innocents,
    2. Le peuple pour sa connivence face à l’échec des premiers responsables du pays,
    3. Le silence des jeunes qui pensent que ca n’arrive qu’aux autres,
    4. Les sages, Chefs et Religieux face à la médiocrité des responsables qui dirigent le pays vers sa mort,
    5. Enfin, notre presse confinée entre les lignes des écrits propagandistes des hommes politiques.
    Que dire du flic de Ouaga des marques tranquillos, yada yada ? Si on est capable de protéger les domiciles des suivistes frondeurs upecistes, comment rester impuissant faces aux tueurs du pays ?
    Je suis inquiets donc, comprenez bien mon indignation.
    Luther

  • Le 3 octobre 2019 à 06:55, par Wedrems En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    La situation est si dramatique que nos lamentations, prières et autres invocations ne suffiront malheureusement pas.
    Il n y aura jamais de Fds en nombre pour sécuriser les millions de Burkinabè que nous sommes.
    Je pense qu il est temps de former et d équiper les populations elle même afin qu elle puissent faire face à ces bandits de grand chemin.
    Nous sommes en guerre et aux grands maux les grands remèdes.

  • Le 3 octobre 2019 à 21:00, par Danton En réponse à : Insécurité dans le Bam : Des milliers de déplacés internes assiègent la ville de Kongoussi

    Chers tous, même s’il y a lieu de croire fortement que ce qui se passe en ce moment dans le Bam et le Centre-Nord ressemble à des actes de grand banditisme, nous aurions tort de rétrograder le péril « djihadiste » qui sert de trame à tout celà. Si vous avez remarqué, et depuis quelques temps, tous les massacres se passent dans des villages de paisibles agriculteurs mossi. Je me demande si cela n’est pas orchestré en guise de représailles à Yirgou (que J’ai fermement et activement condamné , soit dit en passant) ? Un conflit communautaire, s’il survenait, pourrait conduire à un génocide, l’extermination d’un groupe ethnique. Et le premier responsable serait à rechercher du côté de ce régime de Roch Marc Christian Kaboré qui nous dirige dans la torpeur et l’indécision. Ces « champagnards » n’ont pas fini d’etre entre deux avions à parcourir le monde avec leurs courtisans pendant que le pays brûle. Kaï, on s’est trompés ! Vivement 2020. Danton.

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